FOCUS — Les dernières annonces du président de la République, avec déconfinement progressif et interdiction des grands rassemblements jusqu’à la mi-juillet, entraînent une deuxième salve d’annulations de festivals. Si quelques rendez-vous vont peut-être pouvoir s’adapter, des locomotives comme Jazz à Vienne ou Musilac ont d’ores et déjà tiré leur révérence.
La possibilité pour des « petits festivals » de se tenir dès le 11 mai ? C’est ce qu’a évoqué sur France Inter jeudi 16 avril Franck Riester, ministre de la Culture et de la Communication. Une annonce qui suscite avant tout l’ironie auprès des acteurs culturels, touchés de plein fouet par la crise du coronavirus. Tandis qu’en Isère comme partout en France, les annulations des traditionnels rendez-vous estivaux se suivent… et se ressemblent.
Premier choc dès le lendemain des annonces du président Emmanuel Macron : mardi 14 avril, les organisateurs de Jazz à Vienne ont annoncé son report… à l’année prochaine. Prévu du 25 juin au 11 juillet, le célèbre festival ne pouvait échapper à l’interdiction des grands rassemblements jusqu’à la mi-juillet. Une décision prise « avec conscience et responsabilité », mais aussi une grande émotion.
Musilac 2020 n’aura pas lieu
Même sentence pour le festival Musilac d’Aix-les-Bains, initialement programmé du 11 au 14 juillet. Sur son site internet, le festival annonce l’annulation de son édition 2019, non sans qualifier son avenir d”« incertain ». « Nous n’avons jamais eu autant besoin de soutiens pour pouvoir nous retrouver l’été prochain », écrivent les organisateurs. Qui invitent les personnes ayant déjà des pass à les conserver pour 2021 plutôt que de demander un remboursement.
Prévu pour sa part du 3 au 6 juillet à Autrans, le Vercors Music Festival tire lui aussi sa révérence. « Même si nous ne nous faisions plus d’illusions depuis quelques semaines, le coup est dur pour l’association, les équipes qui ont travaillé à la préparation, les bénévoles, les partenaires et les prestataires du festival », écrivent ses organisateurs. Avant de donner rendez-vous aux Isérois en 2021 pour fêter la septième édition du festival.
Dans le Pays voironnais, c’est Saint-Geoire-en-Valdaine qui doit dire adieu à l’édition 2020 du festival Bien l’Bourgeon. La quatrième édition du festival devait se tenir du 21 au 23 mai avec, à l’affiche, des pointures comme les Nèg’Marrons ou, dans un autre registre, les Innocents. Ironie du sort, le festival ambitionnait de réfléchir sur le thème « la fin du monde ou […] la possibilité de l’émergence d’un monde nouveau ». À l’occasion d’une prochaine édition en 2021 ?
Fête des Tuiles annulée et Cabaret frappé en suspens
La liste des annulations de festivals et autres événements est encore longue. Le maire de Grenoble a déjà fait savoir, mardi 14 avril, que la fête des Tuiles 2020 n’aurait pas lieu. Quant au Cabaret frappé, censé se tenir après la mi-juillet, son avenir reste en suspens selon l’évolution de la situation. Éric Piolle a au passage indiqué que la Ville ne demanderait pas le remboursement des subventions déjà versées aux acteurs culturels. Et étudierait au cas par cas les possibilités d’accompagnement des structures en difficulté.
Grenoble risque donc de connaître un début d’été quelque peu sinistre. Pas de traditionnelle Fête de la musique du 21 juin non plus, sauf peut-être via des initiatives en ligne – distanciation sociale et interdiction des grands rassemblements obligent. Pas de parade fantasque et déroutante non plus dans les rues grenobloise au mois de juillet : le Créarc a fait savoir qu’il annulait ses Rencontres du jeune théâtre européen.
Des lueurs d’espoir ? Le festival Grésiblues prévu du 5 au 10 juillet choisit de temporiser toute décision, « dans l’attente de précisions officielles concernant notamment les jauges concernées ». De par sa nature itinérante, le rendez-vous pourrait-il rentrer dans la case des « petits » festivals évoqués par le ministre ?
Quant à la Fête du Travailleur alpin, elle refuse de dire son dernier mot. Si son édition prévue fin juin à Fontaine n’aura pas lieu, l’événement devrait se tenir malgré tout en septembre ou octobre. Quitte à « se recentrer sur sa dimension, toujours présente, de fête populaire ». Et ses organisateurs de promettre dès à présent une édition « resserrée et peut-être plus conviviale encore que les années précédentes ».