REPORTAGE VIDÉO - Depuis l'instauration de la période de confinement liée à la lutte contre le virus Covid-19, la police a contrôlé plus de 10 000 déplacements dans l'agglomération grenobloise. Si les automobilistes respectent majoritairement les consignes en se munissant de leur attestation, elle a déjà dressé près de 1 300 contraventions à l'intention des réfractaires.
« Les contrôles des consignes ? Je trouve ça normal pendant ce confinement qu'il faut respecter, tandis que d'autres se battent pour sauver des vies », explique une automobiliste dont on vient de vérifier l'attestation. Une scène désormais fréquente dans l'agglomération, depuis l'instauration, le 17 mars dernier, des mesures de confinement en France.
De fait, les citoyens doivent impérativement pouvoir montrer leur attestation dérogatoire aux forces de police qui en vérifient la validité. Dans le cas contraire, les contrevenants s'exposent à une amende de 135 euros.
Près de 10 000 contrôles et 1 300 contraventions depuis l'instauration du confinement
Ce vendredi 27 mars, les polices nationale et municipale ainsi qu'une unité de la sécurité routière procédaient à un contrôle Porte de France. Une opération s'ajoutant aux 10 000 environ déjà effectuées sur toute l'étendue du territoire de l'agglomération grenobloise par la Direction départementale de la sécurité publique de l'Isère (DDSP 38).
Si les citoyens respectent majoritairement les consignes du gouvernement, les forces de l'ordre ont déjà dressé près de 1 300 contraventions. Principalement en cause ? Le défaut d'attestation, parfois involontaire, mais aussi la mauvaise foi de certains, réfractaires à toute injonction.
«Toutes les unités de l'hôtel de police mobilisées pour faire respecter les consignes
« Nous faisons des contrôles de manière ponctuelle, de façon à ce que les gens aient une certaine visibilité des forces de l'ordre », explique le commandant Thourault, responsable de l'unité de l'ordre public et de la sécurité routière de la DDSP 38.
Ce qui n'empêche pas des unités habituellement dédiées au judiciaire de faire des patrouilles pédestres. En effet, précise le policier, « il y a moins d'activité et nous maximisons le potentiel sur la voie publique. Nous avons mobilisé toutes les unités de l'hôtel de police sur cette mission de contrôle des consignes ».
Retour en images sur cette opération ponctuelle assorties de quelques explications du commandant Thourault.
Des peines de prison pour les récalcitrants ?
La police a désormais la possibilité de passer à un stade supérieur avec les récalcitrants aux consignes, parmi lesquels figurent des récidivistes. « L'amende peut se retrouver majorée en cas de réitération du non-respect des mesures de confinement », précise ainsi le commandant Thourault
De 135 euros la première fois, elle passe à 1 500 en cas de récidive et peut aller jusqu'à 3 750 euros assortis de six mois de prison pour ceux qui enfreignent plus de trois fois les règles.
« De plus, nous pouvons maintenant verbaliser sur procès-verbal électronique, ce qui permet de vérifier si ces personnes ont déjà fait l'objet d'une contravention », ajoute le policier. « Il y a des personnes qui ont été mises en garde à vue pour mise en danger de la vie d'autrui dans d'autres villes », rapporte-t-il.
« Nous avons plus de difficultés à faire respecter les consignes dans les zones sensibles »
Comment sont perçus ces contrôles inopinés ? « Si beaucoup les comprennent, d'autres sont plus réticents et ne veulent pas respecter le confinement. Nous avons plus de difficultés à faire respecter les consignes dans les zones sensibles »., rapporte Yannick Bianchéri du syndicat Alliance police nationale. De fait, déplore-t-il, « on n'y respectait déjà pas les lois avant le confinement et ils ne sont pas plus prêts à respecter les consignes pendant ».
Le confinement aurait-il quand même un effet sur la délinquance ? Trop tôt pour dire sur le plan statistique mais, pour le commandant Thourault, une chose est sûre : « À partir du moment où les gens sont confinés chez eux, une partie de la délinquance baisse forcément. Notamment pour ce qui concerne les cambriolages et le trafic de stupéfiants. »
Un mouvement de contestation national
Reste qu'en matière de protection contre le virus, le ton est monté entre le ministère de l'Intérieur et les sept principales organisations syndicales de la police nationale. « Si les policiers n'ont pas de masques, ils n'effectueront plus de contrôles », l'ont-elles menacé.
« On nous donne des missions sans nous donner des moyens de protection mais, en Isère, nous sommes moins touchés que pour d'autres départements », tempère Yannick Bianchéri.
« Les stocks sont bien gérés pour l'instant et nous ne relevons aucun manque. »
C'est ce qui explique pourquoi, « bien que nous soyons solidaires, nous ne sommes pas rentrés dans ce mouvement de contestation », nous confie Yann Bianchéri.
Joël Kermabon
LA PRÉFECTURE MET EN GARDE CONTRE LES « CONTRÔLES MALVEILLANTS »
Faux gendarmes et faux policiers… La préfecture de l'Isère s'est fendue, ce vendredi 17 mars, d'un communiqué mettant en garde contre les « contrôles malveillants ». À savoir les agissements d’individus mal intentionnés se faisant passer pour des gendarmes ou des policiers contrôlant les attestations de sorties.
« [Ils] exigent des personnes “contrôlées” le paiement de l’amende de 135 euros en espèces, en trouvant un prétexte justifiant la contravention », alerte la préfecture.
Laquelle précise que l'apparence des individus est trompeuse. « [Ils] peuvent porter un brassard semblable à celui des forces de l’ordre, des vêtements évoquant l’uniforme, ainsi que des objets ressemblant à des terminaux de paiement », ajoute-t-elle. Avant de prodiguer quelques conseils.
« L’amende ne doit jamais être payée sur place. Les agents de police et les gendarmes dressent obligatoirement un procès-verbal, papier ou électronique», rappellent les services de l'État. Par ailleurs, indiquent-ils, « l’amende, qui fait l’objet d’un traitement centralisé par le Centre national de traitement à Rennes, est ensuite envoyée à votre domicile par voie postale. Si vous avez un doute, vous devez demander au policier ou au gendarme de vous présenter sa carte professionnelle. En cas de refus, composez le 17. »