FIL INFO – Deux étudiants de Sciences Po Grenoble portent plainte devant la Cour de justice de la République contre Édouard Philippe et Olivier Véran pour mise en danger de la vie d’autrui. Les deux étudiants reprochent au Premier ministre et au ministre de la Santé d’avoir maintenu le premier tour des élections municipales, en dépit de l’épidémie de coronavirus.
Le ministre de la Santé Olivier Véran mis en cause par deux étudiants de Sciences Po Grenoble (image extraite d’une captation vidéo Place Gre’net)
Deux étudiants de Sciences Po Grenoble ont porté plainte contre le Premier ministre Édouard Philippe et le ministre de la Santé Olivier Véran.
Dans une requête déposée le 23 mars devant la Cour de justice de la République, Stefano Di Panfilo et Vincent Lucas portent plainte pour mise en danger de la vie d’autrui, suite à la décision du gouvernement de maintenir le premier tour des élections municipales. Le second tour, comme l’installation des maires nouvellement élus, a quant à lui été reporté, dans le meilleur des cas, au mois de juin.
Dans leur requête, les deux étudiants reprennent la chronologie des évènements. En particulier l’alerte donnée par l’Organisation mondiale de la santé dès le mois de janvier.
L’OMS y encourageait les États européens à se préparer en cas de propagation de ce nouveau virus. Elle avait publié des lignes directrices afin de surveiller la maladie, tester des échantillons, soigner les patients ou encore maintenir les approvisionnements adéquats. Avant de déclarer l’état d’urgence de santé publique internationale le 30 janvier.
Pour les deux étudiants, la chronologie des incohérences est longue
« Comment peut-on expliquer le maintien de ce premier tour alors que dans les vingt-quatre heures précédentes, Monsieur le ministre des Solidarités et de la Santé Olivier Véran prenait un arrêté prévoyant la fermeture des lieux accueillant du public non indispensables à la vie de la nation tels que les cinémas, bars ou discothèques, et des commerces à l’exception de ceux présentant un caractère indispensable, la suspension de l’accueil dans les établissements scolaires et d’enseignement supérieur, et que le gouvernement appelait de manière unanime les citoyens à rester chez eux, créant une ambiguïté sans précédent ? », interpellent les deux requérants.
Bureau de vote Anthoard à Grenoble dimanche 15 mars, où la distanciation était de mise. © Florent Mathieu – placegrenet.fr
Les deux étudiants listent les incohérences. Mais pas seulement. Candidat aux élections municipales de Montgenèvre et assesseur lors du premier tour, Stefano Di Panfilo se pose aussi en témoin des limites des règles sanitaires mises en place lors du scrutin sur cette commune des Hautes-Alpes.
« Nous estimons que les calculs politiques ont primé sur la santé publique »
« En amont de cette séance [de dépouillement, ndlr], aucune règle préfectorale n’a été communiquée afin de limiter ou non l’accès du public au dépouillement ». D’après Stefano Di Panfilo, une dizaine de citoyens, non candidats, ont ainsi pu rentrer dans la salle. Pendant plusieurs heures, une soixantaine de personnes ont été en contact, souvent sans masques ni gants de protection.
« Nous estimons que les calculs politiques ont primé sur la santé publique », indiquent-ils dans un post publié sur Facebook. « Comme cela avait été le cas pour l’affaire du sang contaminé, nous pensons qu’il est indispensable que la Cour de justice de la République soit saisie d’une requête dirigée contre Monsieur le Premier ministre et Monsieur le ministre des Solidarités et de la Santé pour établir si leur défaillance est établie, et prononcer à leur encontre, le cas échéant, des sanctions pénales. »
Depuis quelques jours, les cas de contamination positive au Covid se multiplient en France parmi les assesseurs et les militants.
Patricia Cerinsek