FOCUS – Suite aux déclarations du président de la République, Éric Piolle le maire de Grenoble s’est exprimé ce lundi 16 mars à 21 heures. Il a détaillé les mesures appliquées à Grenoble, entre confinement, continuité du service public et appel à la solidarité.
Le couperet est tombé. Les regroupements familiaux ou amicaux sont interdits pour les quinze prochains jours pour endiguer l’épidémie de coronavirus. Seules exceptions : les déplacements nécessaires pour aller faire des courses, des soins ou de l’activité physique en solitaire. Telles sont parmi les propositions phares présentées ce lundi soir à 20 heures par le président de la République, Emmanuel Macron. Ce dernier a annoncé la mise en place d’un semi-confinement sur l’ensemble du territoire dès ce mardi 17 mars à midi.
Christophe Castaner, ministre de l’Intérieur, a annoncé dans la foulée des contrôles fixes et mobiles. Ainsi que des sanctions pour les personnes ne respectant pas ces directives. Sanctions par des amendes de 38 euros, qui pourront ensuite monter à 135 euros. Seul moyen d’y échapper : une attestation sur l’honneur justifiant le motif du déplacement.
Le bassin grenoblois moins touché par le coronavirus que le reste de la France
Le maire de Grenoble Éric Piolle a pris acte de ces décisions, à l’occasion d’une conférence de presse qui s’est déroulée à 21 heures ce lundi soir. « Nous devons agir rapidement et pleinement », a‑t-il déclaré. « Notre territoire semble moins contaminé que d’autres pour le moment [cf. encadré, ndlr]. Saisissons cette chance ! Soyons deux fois plus rapides et deux fois plus audacieux. Il en va de notre sécurité et de notre santé. »
Emmanuel Macron a également fustigé dans son allocution les rassemblements qui ont eu lieu ce week-end. « Vous ne vous protégez pas, et vous ne protégez pas les autres », a‑t-il clamé, exhortant la population à respecter les mesures de confinement. « Le confinement est la seule solution possible pour éviter le pire dans cette pandémie », a de son côté également déclaré le président du Département de l’Isère, Jean-Pierre Barbier dans un communiqué.
Respect des consignes de sécurité
Le maire de Grenoble appelle donc chaque citoyen à « respecter les gestes barrières qui sauvent, à respecter le confinement et les consignes émises par le président. Environ 5 % des cas ont besoin de réanimation. C’est énorme ! Notre trésor de guerre, à protéger à tout prix, ce sont nos lits d’hôpitaux. Si nous venions à manquer de lits, le nombre de décès augmenterait. Nous devons protéger nos lits. Rester chez soi, c’est limiter la contamination, donc protéger les lits et aider les soignants », a‑t-il rappelé.
Assurant sa confiance en la capacité collective des habitants à faire face à l’épidémie, Éric Piolle a néanmoins insisté sur le rôle de la force publique. « Nous avons la chance d’avoir un service public puissant sur notre territoire. La Ville de Grenoble et le CCAS mobilisent 4 000 agents et, depuis jeudi dernier, la cellule de crise se réunit tous les jours pour faire le point, anticiper et ajuster les dispositifs », a‑t-il précisé.
Récapitulatif des mesures à Grenoble
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- Confinement pour quinze jours, sauf sorties pour faire des courses, des soins ou de l’exercice physique solitaire à partir du mardi 17 mars à midi
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- Deuxième tour des municipales reporté à une date ultérieure
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- Fermeture des équipements publics jusqu’à nouvel ordre
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- Système de garde pour les enfants des personnels soignants
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- Suspension de la taxe de séjour et des droits de voirie
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- Stationnement gratuit dans toute la ville
Continuité du service public et priorité aux soignants
À la suite de la dernière réunion, la mairie a décidé d’un plan de continuité afin d’assurer le fonctionnement de base de la ville, comme le maintien de l’ordre public ou la relève des ordures. « Les équipements publics sont d’ores et déjà fermés au public et resteront aussi longtemps que nécessaire », a indiqué Éric Piolle.
De plus, comme l’avait déjà annoncé le maire, un système de garde est mis en place pour les enfants du personnel soignant. Un dispositif faisant également suite aux déclarations d’Emmanuel Macron qui a décrété ce système au niveau national. « Les taxis et les hôtels pourront être réquisitionnés, le cas échéant. L’État paiera », a par ailleurs promis le président pour éviter trop de déplacements au professionnels de santé et faciliter leur quotidien. Enfin, ce dernier a confirmé que le système serait étendu aux enfants des personnels de police, de gendarmerie, des pompiers et des militaires.
Tisser un réseau de solidarité face au coronavirus
Et Éric Piolle de compléter : « On fera tout pour que la crise sanitaire en cours ne se transforme pas en crise sociale. La Ville va garantir la continuité des solidarités, coûte que coûte. »
Pour ce faire, elle va mettre en place un réseau de solidarité qui s’appuiera à la fois sur le service public et les associations.
Ainsi, une plateforme d’entraide entre voisins va être lancée pour prendre soin des plus fragiles. De même, les seniors restés à domicile seront régulièrement contactés à l’aide du répertoire utilisé pendant la canicule.
« La Ville a également décidé de maintenir en activité la cuisine centrale pour cuisiner et livrer des repas aux plus fragile, notamment grâce au Samu social de Grenoble », a expliqué le maire.
Protéger les sans-abris et les femmes battues en danger
« Dans le cas des personnes à la rue, elles sont dans une situation de promiscuité qui favorise la propagation du virus », a rappelé Éric Piolle. Qui dit avoir interpellé la préfecture sur ce point et attendre des consignes pour leur prise en charge. De plus, l’accès aux douches municipales sera renforcé, et celles-ci resteront bien entendu gratuites.
Le maire affirme également que « dans les prochains jours, la Ville portera des actions en direction des femmes victimes de violences, car le confinement peut devenir un enfer et nous ne les oublions pas. »
Coudre des masques pour les hôpitaux
Pour pallier le manque de masques dans les hôpitaux, le maire lance également un appel aux couturiers et couturières amateurs de la ville.
En effet, la consigne a notamment été donnée aux personnels soignants de fabriquer eux-mêmes leurs masques pour se protéger face au coronavirus. « Nous recevons des dizaines de propositions d’aide et ça fait chaud au cœur. L’hôpital a besoin de masques. À vos bonnes mains ! », a lancé Éric Piolle. Tout ceci en attendant la livraison de nouveaux masques pour le personnel soignant qui devrait se faire mercredi 18 mars en Isère.
Stationnements gratuits… et culture en ligne
En ce qui concerne le commerce et les déplacements, Éric Piolle a annoncé la suspension de la taxe de séjour et des droits de voirie. De plus, le stationnement sera gratuit dans toute la ville jusqu’à la fin des mesures de confinement.
Enfin, le maire de Grenoble n’oublie pas la culture. « Dès mercredi, nous lancerons un festival en ligne 100 % gratuit pour faire circuler les œuvres numérisées des bibliothèques. Et certains cinémas grenoblois sont également de la partie pour travailler avec la Ville afin d’assurer la continuité du service public et faire vivre l’intérêt général », a déclaré Éric Piolle.
Côté politique, Emmanuel Macron a annoncé le report du deuxième tour des municipales à une date ultérieure. Celle du 21 juin a notamment été évoquée, sur proposition du Premier ministre Édouard Philippe.
Anissa Duport-Levanti
Situation épidémiologique en Auvergne Rhône-Alpes
617 cas diagnostiqués* Covid-19 ont été recensés ce lundi 16 mars, soit 94 de plus que la veille en Auvergne-Rhône-Alpes et 20 décès au total, selon la préfecture et l’Agence régionale de santé.
La répartition par département est la suivante :
– Ain : 59 (+7) cas positifs, dont 1 personne décédée
– Allier : 5 (+1) cas positifs
– Ardèche : 29 (+5) cas positifs
– Cantal : 1 (+0) cas positif
– Drôme : 69 (+23) cas positifs, dont 1 personne décédée
– Haute-Loire : 7 (+0) cas positifs
– Isère : 35 (+1) cas positifs, dont 1 personne décédée
– Loire : 76 (+12) cas positifs dont 1 personne décédée
– Puy-de-Dôme : 20 (+1) cas positifs
– Rhône : 164 (+28) cas positifs dont 10 personnes décédées
– Savoie : 26 cas (+4) cas positifs dont 1 personne décédée
– Haute-Savoie : 126 (+11) cas positifs dont 5 personnes décédées
- * Le nombre de cas comptabilisés correspond aux cas confirmés par la réalisation de tests en laboratoire. Ces derniers sont « réalisés en priorité auprès des personnes pour lesquelles la confirmation du diagnostic représente un enjeu important, notamment les personnes hospitalisées présentant des formes graves, les professionnels de santé, les premiers cas possibles en Ehpad, les femmes enceintes ou encore les donneurs d’organes ».