EN BREF — Rassemblement mercredi 11 mars devant le rectorat de Grenoble. Une trentaine de lycéens et d’enseignants entendaient dénoncer la « répression policière » qu’ils disent avoir observée durant le mouvement de contestation des E3C. L’occasion pour les personnes présentes de dire leur colère et de dénoncer l’attitude de certains chefs d’établissement.
« Il y a quand même des jeunes qui ont composé [passé leurs examens, ndlr] avec les forces de l’ordre dans la salle, c’est ça l’école de la confiance ? » Indignation toujours de mise devant le rectorat de Grenoble, mercredi 11 mars, alors qu’une trentaine de lycéens et d’enseignants se réunissaient pour dénoncer la « répression policière » du mouvement de contestation des E3C. Plusieurs établissements de l’académie ont en effet fait appel aux forces de l’ordre pour mettre fin aux blocages.
Un rassemblement d’une trentaine de personnes seulement ? « La campagne municipale gêne un peu la mobilisation », regrette Xavier Lecoq, membre du collectif Défense de l’éducation 38. Les syndicats espéraient une visite de François Ruffin, alors présent à Grenoble pour soutenir la candidature d’Éric Piolle, mais c’est finalement auprès des défenseurs d’une Scic pour la Clinique mutualiste que le député France insoumise s’est rendu.
« Et ta connerie, tu as le droit de la toucher ? »
Si l’affluence n’est pas de mise, la motivation et la colère sont toujours au rendez-vous. « Sur deux établissements de Grenoble, on a eu des exclusions basées sur des accusations fallacieuses », dénonce Nathan, membre de l’Union nationale des lycéens (UNL). « Le gouvernement essaye de passer en force. On a eu la police dans les lycées, des sanctions disciplinaires, voire judiciaires. En tant qu’éducateur, on ne peut pas accepter que la police entre dans les lycées ! », enchérit Xavier Lecoq.
Rassemblement devant le lycée des Eaux-Claires contre les E3C le 28 janvier 2020. © Florent Mathieu – Place Gre’net
L’attitude de certains chefs d’établissement pose également question. Un parent d’élève du lycée Argouges à Grenoble partage à l’envi une vidéo dans laquelle le proviseur Patrick Boulet malmène avec peu de retenue un élève manifestant. « Vous n’avez pas le droit de le toucher », lui lance une élève. Réponse de l’adulte : « Et ta connerie, tu as le droit de la toucher ? »
Recours devant le tribunal administratif
Son fils ayant été exclu de l’établissement pour des motifs jugés infondés, le parent d’élève a déposé un recours devant le tribunal administratif.
Réponse du rectorat ? Le proviseur et son adjointe bénéficient dorénavant de la « protection statutaire » dans le dossier. Et les services de l’Éducation nationale d’inviter le plaignant « à une attitude citoyenne et constructive […] pleinement respectueuse des décisions judiciaires et éducatives ».
Du côté Force ouvrière, on explique encore attendre une réponse du rectorat, alors qu’un courrier lui a été adressé le 18 février pour exiger l’annulation de toutes les sanctions disciplinaires contre des élèves, et l’abandon des poursuites judiciaires.
Un silence radio qui amuse presque… mais agace beaucoup. Et plus encore quand Xavier Lecoq se rappelle que, selon la rectrice, les E3C se seraient déroulées « dans de bonnes conditions »… tout en promettant des sanctions contre les élèves ayant perturbé le bon déroulement des épreuves*.
Florent Mathieu
* Place Gre’net est, pour sa part, toujours dans l’attente d’un entretien avec la nouvelle rectrice de l’académie Hélène Insel, demandé dès le premier jour de sa prise de fonction le 5 février 2020.