EN BREF – L’ex-premier adjoint à la Ville de Grenoble Jérôme Safar annonce porter plainte en diffamation contre Manon Aubry et la liste Grenoble en commun emmenée par le maire sortant. Dans une vidéo, la députée européenne LFI a en effet dénoncé la corruption et le clientélisme ambiant avant l’arrivée en 2014 d’Éric Piolle. Qui serait, lui, exemplaire sur le plan éthique. Oubliant, pour les uns, la fête des Tuiles, pour les autres Alpexpo où les soupçons de favoritisme ont fini par pousser la justice à ouvrir une enquête préliminaire.
Jérôme Safar annonce porter plainte pour diffamation* après la publication, le 7 mars, d’une vidéo de Manon Aubry en soutien à la liste emmenée par le maire sortant de Grenoble Éric Piolle. En question ? Une phrase tirée un plaidoyer de deux minutes en faveur du candidat EELV, où la députée européenne LFI vante l’éthique du maire sortant.
« Dans cette ville où la corruption était endémique et où le clientélisme était quasiment la règle commune, Éric Piolle a su y faire face », assène la jeune élue. En a‑t-elle dit trop ? Ou pas assez ? Reste que certains se sont sentis visés. À commencer par Olivier Noblecourt. Le candidat du PS à la mairie de Grenoble était en effet, avant 2014, et l’arrivée d’Éric Piolle aux manettes de la ville, l’adjoint au social de Michel Destot (PS).
Propos diffamatoire ? L’ex-délégué interministériel n’a manifestement pas obtenu que la vidéo litigieuse soit retirée. Mais alors que Manon Aubry s’employait à rétropédaler laborieusement dans une interview au Dauphiné libéré, précisant viser plus particulièrement l’ex-maire de Grenoble Alain Carignon – condamné et incarcéré pour corruption – c’est Jérôme Safar qui est monté au créneau.
« Un film de propagande électorale (…) sans nuances ni précision de temps »
L’ex-premier adjoint de Michel Destot, aujourd’hui retiré de la vie politique, et Annie Deschamps, ex-adjointe aux finances, dénoncent dans un communiqué commun un « film de propagande électorale […] sans nuances ni précision de temps ». Non sans renvoyer la balle à l’envoyeur.
Certes, Éric Piolle a annulé la hausse de 25 % des indemnités des élus de la Ville de Grenoble à son arrivée à la mairie, mesure votée par la majorité précédente dont faisaient partie Jérôme Safar et Olivier Noblecourt. Certes, il a réduit de 80 % le train de vie à la ville, comme le plaide également la députée européenne.
https://www.facebook.com/Greencommun/videos/135675211148001/
Mais en novembre dernier, l’association Anticor faisait une autre lecture du bilan d’Éric Piolle, au regard de ses engagements en matière d’éthique. Elle déplorait ainsi l’absence de mise en place de commission éthique et le peu d’engagement en matière de prévention des conflits d’intérêts.
Une allusion à peine voilée au dossier de la passation des marchés de la fête des Tuiles, aujourd’hui entre les mains de la justice, comme le font remarquer Jérôme Safar et Annie Deschamps.
« Ces deux points [avec le peu de transparence sur des opérations financières, ndlr] devraient pourtant inciter à la prudence et à une certaine humilité celles et ceux qui se drapent dans leur costume de chevaliers blancs mais appliquent à la lettre le fameux adage “faites ce que je dis, mais ne dites pas ce que je fais” et choisissent en conscience de jeter le trouble sur des élu(e)s qui n’ont jamais été inquiétés pour les faits gravissimes de corruption ou de clientélisme dans le cadre de leurs mandats. L’équipe municipale actuelle est la première à être signalée directement par la chambre régionale des comptes pour soupçon de favoritisme, depuis 1995… »
Gestion d’Alpexpo : enquête préliminaire pour soupçons de favoritisme
Bonnet blanc et blanc bonnet ? Le 25 janvier 2019, une enquête préliminaire a également été ouverte par le parquet de Grenoble pour favoritisme dans la gestion d’Alpexpo. L’enquête devrait permettre de faire la lumière quant aux responsabilités politiques de ce long naufrage financier, alors que la Ville de Grenoble, dirigée par l’équipe de Michel Destot puis celle d’Éric Piolle, en était le principal actionnaire.
Patricia Cerinsek
* La plainte en diffamation vise Manon Aubry et la liste Grenoble en commun.