EN BREF – Écartée des débats de France 3 et de TéléGrenoble, la liste La commune est à nous ! saisit le Conseil supérieur de l’audiovisuel. Et dénonce, sur fond de règles d’équité qui font la part belle aux “gros” candidats, des médias qui se substituent aux électeurs en opérant une sélection préalable au scrutin.
Candidate aux élections municipales à Grenoble, La commune est à nous ! a saisi le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA). La liste emmenée par Bruno de Lescure dénonce sa mise à l’écart des plateaux de télévision de TéléGrenoble et de France 3 et ces 10 et 11 mars.
À quatre jours du premier tour de scrutin, seuls les quatre “gros” candidats, à savoir Éric Piolle, Alain Carignon, Émilie Chalas et Olivier Noblecourt, peuvent une dernière fois débattre de leurs programmes respectifs. Une décision qui fait bondir la liste, qui se présente comme radicale et surtout de rupture avec le maire sortant. Elle n’est pas la seule à ne pas avoir reçu d’invitation. Catherine Brun (Lutte ouvrière) et Mireille d’Ornano à l’autre extrême (droite) de l’échiquier politique, n’ont pas plus été conviées.
« Ce sont les règles d’équité du CSA qui nous l’imposent, on ne peut pas faire autrement »
« Quand nous avons interrogé France 3 et TéléGrenoble sur les raisons de cette exclusion, nous avons successivement eu droit à : « Ce sont les règles d’équité du CSA qui nous l’imposent, on ne peut pas faire autrement. Si nous ne les respectons pas, nous allons nous prendre des amendes » ; « Ce débat est prévu depuis trois semaines et on a appris votre existence par la préfecture il y a seulement une semaine » ; » On va quand même pas faire un débat où vous allez avoir un temps de paroles quatre fois moins important que celui de Piolle » ; « En une heure, plus de quatre candidats, ce n’est pas possible » ; « Notre studio ne le permet pas »… pour finir sur quelque chose de beaucoup plus franc : « C’est notre choix éditorial, un débat à plus de quatre, c’est compliqué. »
Le principe d’équité ? Il est justement édicté par le CSA dans son chapitre Protéger le pluralisme en politique. Et il doit d’abord tenir compte de la représentativité du candidat. Sur quoi se base cette représentativité ? Notamment sur les résultats aux précédentes élections. Une prime au(x) sortant(s), donc.
Une représentativité également fondée sur… la participation à des débats
La boucle est-elle bouclée pour les nouveaux venus sur la scène électorale ? Car la représentativité se fonde aussi sur l’implication effective du candidat pendant la campagne. Comprendre l’organisation de réunions publiques – sachant que toutes les listes n’ont pas les mêmes moyens financiers – et… la participation à des débats.
« Au XIXe siècle, on pratiquait le suffrage censitaire pour que seuls les riches hommes puissent voter. Au XXIe, on laisse à deux ou trois responsables de rédaction le droit de décider qui peut débattre ou pas, quel candidat peut exister ou pas et, finalement, qui peut être élu ou pas », constate, amère, La commune est à nous !
« Au nom de quoi ? D’un choix éditorial, dans des organismes ayant mission de service public. La bonne blague ! Les rédactions n’ont pas à se substituer aux électeurs en filtrant préalablement les candidats auprès de ces mêmes électeurs. »
Ce n’est pas la première fois que la liste est laissée à l’écart des “gros” médias, notamment audiovisuels. Paie-t-elle le prix d’une entrée en campagne relativement tardive, à la mi-janvier ? En un mois, la liste dit n’avoir reçu aucune invitation plateau, mais également fait l’objet d’aucun reportage, si ce n’est celui de la présentation de la liste sur France 3.
« Par conséquent, notre présence au débat ne serait qu’un juste rééquilibrage des temps de parole et un respect de la dite “équité” dont on peut rappeler qu’elle ne doit pas être fondée sur les sondages », souligne La commune est à nous !
Patricia Cerinsek