FOCUS – Les professeurs et élèves du lycée Aristide-Bergès de Seyssinet-Pariset se sont mobilisés, ce lundi 27 janvier, pour protester contre la réforme du bac. Résultat : les épreuves sont repoussées et le lycée fermé pour la journée.
« Personne n’en veut de cette réforme. Ni profs, ni élèves. » Alix est en première STMG au lycée Aristide-Bergès et aurait dû passer un examen d’italien pour son épreuve commune de contrôle continu (E3C), ce lundi matin. Enseignants et lycéens s’étaient rassemblés tôt devant les grilles de l’établissement pour protester contre la réforme du bac.
Après l’irruption d’élèves dans les classes où devaient se tenir les épreuves et le déclenchement d’une alarme incendie, le lycée a été évacué par les forces de l’ordre.
Les épreuves de langues prévues dans la matinée ont été annulées et l’établissement, fermé pour la journée – pour « des raisons de sécurité », indique le rectorat.
« Les gamins sont hyper stressés »
Ce genre de mobilisation, mêlant professeurs et élèves, est devenu monnaie courante depuis le début des E3C. « Le contrôle continu mis en place par la réforme devait soit-disant enlever du stress aux élèves, mais clairement, les gamins sont hyper stressés, constate Guillaume Verhooste, professeur de sciences économiques et sociales au lycée.
Tous déplorent, d’une manière générale, une mise en place « scandaleuse ». « En maths, on nous a prévenus il y a deux semaines qu’on allait passer ces épreuves », témoigne Alix.
« Le programme a été publié fin janvier, raconte Kasia, qui enseigne le français aux classes de seconde et première. On a des manuels qui ne correspondent pas, mais qu’on a été contraints de prendre parce qu’on était menacés par le Conseil régional de ne pas en avoir l’année prochaine si on ne les prenait pas cette année. Ça a englouti un argent fou. C’est une catastrophe ! » À cela, s’est ajouté la fuite des sujets sur Internet…
Inégalités et surcharge de travail
« Il y a une très forte inégalité de traitements, indique Guillaume Verhooste. Avec la correction au niveau local, le même sujet sera noté différemment. Ça donnera aussi lieu à des stratégies d’établissements, où on va noter très large pour être bien classé l’année suivante. Sauf qu’ensuite, ces diplômes n’auront plus aucune valeur, puisqu’on se dira : “Ah, mais non, c’est le lycée X de telle année”. »
Le tout s’accompagnant d’une surcharge de travail énorme pour les professeurs. « Nous n’avons pas eu de temps pour nous coordonner, et nous n’en aurons pas plus pour corriger les copies, contrairement au bac traditionnel où nous corrigeons à une époque où nous n’avons plus de cours à assumer. Certains établissements ont libéré les professeurs pour les corrections de copies, mais c’est bien ça le problème : tout se fait et se décide établissement par établissement. »
Le lycée Aristide-Bergès pâtira d’une manière particulière de la réforme. « C’est un lycée avec une population mixte, explique Guillaume Verhooste, qui mélange les milieux populaire de Fontaine et plus aisé de Seyssinet-Pariset. C’est une mixité qui fonctionne bien. Ce qui risque d’arriver avec le nouveau bac, c’est la fuite des élèves favorisés vers d’autres établissements. »
D’autres actions à prévoir
Un rassemblement avait déjà eu lieu devant le lycée Aristide-Bergès vendredi dernier.
« On est allés dans les salles et on a fait sortir beaucoup d’élèves de cours, pour protester contre la réforme, déclare Jordany, un élève du lycée. On a fait ça dans les règles, calmement. »
Le lycée de Vaucanson avait, lui, été bloqué vendredi, ce qui avait donné lieu à un face-à-face tendu avec la police. D’autres lycées devraient continuer de se mobiliser dans la semaine et pendant toute la tenue des E3C.
Raphaëlle Denis