EN BREF – Privé de passeport pendant douze jours pour avoir photographié les manifestants algériens de l’Hirak, Jean-François Le Dizès a fini par être expulsé d’Algérie, ce vendredi 10 janvier. L’assignation à résidence du militant grenoblois aurait sans doute pu durer sans la pression de son réseau militant et de la couverture médiatique.
Expulsé par les autorités algériennes juste après une visite médicale, Jean-François Le Dizès, 73 ans, a finalement regagné la France, ce vendredi 10 janvier.
La police algérienne reprochait à cet ancien professeur grenoblois de mathématiques et militant de la gauche alternative d’avoir photographié des manifestants de l’Hirak, le 27 décembre dernier, à Tizi-Ouzou.
Fort de nombreuses attaches en Algérie, le militant s’y rendait pour la quinzième fois de son existence, dans l’optique cette fois d’y passer les fêtes de fin d’année.
Jean-François Le Dizès comptait également réaliser un reportage sur l’Hirak, mouvement de contestation populaire, pour son journal de la gauche alternative, Ensemble Isère, dont il est directeur de publication.
Le buzz médiatique aurait conduit les autorités à agir
Lors de son interrogatoire de six heures au poste, le 27 décembre dernier, la police lui avait confisqué son passeport sine die et avait déclaré entamer une enquête. La situation du Grenoblois s’est finalement décantée, lundi 5 janvier.
À cette date, le consulat français en Algérie lui a fait savoir, via une assistante sociale, qu’il allait lui prêter main forte et intercéder directement auprès du ministre algérien. Le militant croit fermement que les appels et les mails de son réseau – comptant des personnalités, telles que des députés et des élus, syndicalistes, etc. – ont joué un rôle dans le revirement des autorités. Nombre de ces personnalités ont agi dans l’ombre. D’autres ont averti la presse. À l’image d’Eric Piolle, maire de Grenoble, qui a indiqué par communiqué sa prise de contact avec le ministère des affaires étrangères. Au-delà de ces “pressions” d’élus, les réseaux sociaux et les articles de presse ont également contribué à ce qu’il soit finalement expulsé, assure le militant de gauche alternative.
Des représailles pour ceux qui restent ?
Au final, seules les photos de Tizi Ouzou en Kabylie, région particulièrement frondeuse, montrant les slogans des Kabyles sur des pancartes ont “disparu” de l’appareil photo du militant, observe Jean-François Le Dizès.
Lequel conserve ses autres clichés, notamment de manifestants de l’Hirak à Alger. Des photos qui lui coûtent cependant cher, le “journaliste amateur” n’étant pas près d’obtenir un nouveau visa pour l’Algérie…
Quid toutefois des Algériens, amis ou fréquentations du militant, potentiellement dans le collimateur des forces de l’ordre algériennes ?
Pour l’heure, le Grenoblois affirme qu’il n’en est rien. Reste toutefois à savoir s’il en serait informé dans le cas contraire…
Séverine Cattiaux