EN BREF – Plus d’une cinquantaine de personnes ont bloqué les entrées de la Direction départementale des finances publiques (DDFIP), rue de Belgrade à Grenoble, ce jeudi 2 janvier. Avec un objectif clair : empêcher l’État de boucler sa comptabilité annuelle, l’une des tâches essentielles de l’institution. Dans la ligne de mire, le nouveau réseau de proximité, les fermetures et fusions de structures et la réforme des retraites.
Tout comme le 10 octobre dernier, plus d’une cinquantaine de personnes ont bloqué, ce jeudi 2 janvier, les entrées de la Direction départementale des finances publiques (DDFIP) située rue de Belgrade à Grenoble.
« Notre administration mène aujourd’hui une activité très spécifique puisqu’elle fait l’arrêté comptable pour l’ensemble des collectivités et établissements publics », explique Dominique Lo Monaco, de la CGT Finances publiques. L’objectif de la manœuvre ? « Si les comptes ne sont pas arrêtés, l’institution ne peut pas recouvrir les comptes 2020, l’une de ses tâches essentielles », précise-t-il au nom de intersyndicale*.
Outre des agents de la DDFIP, des militants représentant différents secteurs ont battu de la semelle devant la direction départementale. Cheminots, enseignants, personnels de la culture, agents, territoriaux, gilets jaunes… « Aujourd’hui, la question des retraites et de la sauvegarde du service public dans sa globalité se pose dans tous les secteurs », rappelle le syndicaliste.
« Un service moindre où se posera la question de la compétence »
L’objet de cette nouvelle levée de boucliers ? « L’ensemble de nos services et de nos missions sont remis en cause par la réforme Darmanin prônant des transferts vers des organismes de type “point de contacts” dont personne ne connaît la composition et le niveau de compétence », décrypte Dominique Lo Monaco. Et ce, regrette l’agent, « alors même que le maillage de la DGFIP, notamment en Isère, est extrêmement développé avec quarante trésoreries ».
Le résultat prévisible, selon lui ? « Un service moindre où se posera la question de la compétence. » Ce d’autant plus que ces nouveaux services pourraient se voir confiés à des buralistes.
De quoi inquiéter le syndicaliste, qui s’en explique. « Quand quelqu’un vient chez nous pour un problème de paiement, nous lui garantissons la préservation de ses délais et le secret. Tandis que, là, il va devoir étaler sa vie privée devant un buraliste », déplore Dominique Lo Monaco.
Ajoutez à cela le sentiment d’abandon des agents du service public qui, loin de se sentir privilégiés, s’estiment « sacrifiés depuis des années ». L’intersyndicale en veut pour preuves les quelque 40 000 emplois perdus depuis 2002 et les 45 % d’implantations de proximité supprimées en vingt ans. Soit une structure en moins tous les quatre jours en France.
Des chiffres à mettre en perspective avec les 14,6 millions d’usagers particuliers reçus aux guichets et les 39,4 millions de contacts par an, qu’ils soient physiques, téléphoniques ou par mail.
La réforme des retraites ? « Comme fonctionnaires de l’État, cela signifie la fin de notre statut »
Quant au point d’indice du secteur, après six ans de gel de 2010 à 2015, il n’a bougé ni en 2018, ni en 2019. Résultat des courses ? Moins 16 % de perte de pouvoir d’achat depuis 2000.
À tous ces griefs, s’ajoutent les conséquences de la réforme des retraites pour les agents du Trésor. « Comme fonctionnaires de l’État, cela signifie la fin de notre statut. Tout comme les militaires, nous rappelons à Macron que les fonctionnaires d’État dépendent, eux aussi, du code des pensions civiles et militaires », s’insurge le militant.
Pour ce dernier, pas question de changer le système. « Depuis la deuxième guerre mondiale, il a démontré son efficacité. S’il a été détérioré, c’est notamment suite aux réformes Balladur et Fillon. Il suffit de revenir à ses origines », assure Dominique Lo Monaco.
Joël Kermabon
- * Solidaires finances publiques, CGT finances publiques, FO DGFIP, CFDT finances publiques et CFTC finances publiques