EN BREF – Les militants d’Action non violente Cop 21 et des Amis de la Terre ont organisé, vendredi 13 décembre, une nouvelle opération coup de poing dans l’une des agences de la Société générale à Grenoble. Motif ? Protester contre l’implication de la banque dans la construction au Texas du plus gros terminal d’exportation de gaz de schiste au monde. Un carburant qui sera notamment importé en France.
Une vingtaine d’activistes d’Action non violente Cop 21 et des Amis de la Terre se sont introduits pacifiquement, mais néanmoins d’un pas décidé, dans l’agence de la Société générale place Victor-Hugo à Grenoble, ce vendredi 13 décembre.
Leur objectif ? Occuper l’enceinte de l’agence, le temps d’y tenir une « conférence de presse pirate » pour dénoncer le rôle clé joué par la Société générale dans un gros projet d’extraction de gaz de schiste. Un projet climaticide au plus haut point, alertent les activistes. Or, au désespoir des militants, le projet prend tournure. Le gouvernement fédéral des États-Unis a donné son feu vert le 21 novembre dernier.
Retour en images et explications de Béatrice Janiaud, l’une des meneuses de l’opération.
Interpeller l’opinion publique
Les militants écologistes ont, depuis deux ans, la Société générale dans le collimateur. Cette dernière entend en effet participer à la construction du « méga terminal d’exportation de gaz de schiste Rio Grande LNG, au sud du Texas ». Une opération dont le coût s’élève à 20 milliards de dollars.
Ce n’est pas la première fois que les militants écologistes interpellent l’opinion publique sur les agissements de la Société générale. En septembre 2018, ils avaient déjà entrepris le nettoyage de deux agences de la banque, à l’aide de seaux et de serpillères.
C’est une autre mise en scène qu’ont choisie, cette fois, les activistes. L’objectif étant, au bout du compte, toujours de « faire de belles images qui fassent le tour des réseaux sociaux », reconnaissent-ils. En quelques instants, ce vendredi 13 décembre, les militants ont pris possession de la grande salle d’accueil de l’agence bancaire. L’opération s’est déroulée sans embûche et sans intervention des forces de l’ordre bien que la direction ait menacé de les appeler. Cette dernière s’est toutefois empressée de fermer les portes de l’agence, pendant l’intervention des militants.
Des salariés gênés, des clients à l’écoute
Les militants ont fait appel à Guillaume Mandil, enseignant chercheur à l’Université de Géographie Alpine, pour décrire les ravages occasionnés par l’extraction du gaz de schiste sur le climat. Pendant qu’un groupe d’activistes s’est assis pour écouter l’universitaire, d’autres militants décoraient l’agence avec des banderoles portant des messages accusateurs : « Oudéa [le patron de la Société générale] – Trump : même combat contre le climat ? » et « Rio Grande LNG [Liquefied Natural Gas, ndlr.] : l’avenir de Société générale à + 5 ° C ».
Parallèlement à la conférence, quelques activistes ont, quant à eux, tenté de nouer le dialogue avec les salariés de la banque ainsi qu’avec les clients présents.
Tenus à un devoir de réserve, les salariés ont rapidement mis fin aux échanges. « Ils ne sont pas dupes, certains partagent notre constat », commentera toutefois l’un des militants à la fin de l’opération.
Des clients ont semblé davantage à l’écoute. Une dame était même un tantinet chagrinée d’apprendre que sa banque participait à un projet susceptible de nuire à l’environnement. De là, à quitter sa banque ? Peut-être pas… dans l’immédiat, a‑t-elle déclaré, mais en se montrant curieuse d’en savoir davantage.
Séverine Cattiaux