EN BREF — Le collectif féministe grenoblois Noustoutes38 réagit fortement à la comparaison opérée par Émilie Chalas entre le démontage d’un stand de campagne et les violences faites aux femmes. La députée-candidate répondait à Éric Piolle, qui commentait les dégradations en appelant à « rester digne et respectueux de notre démocratie », quand bien même « la colère est là ».
La comparaison passe mal auprès du collectif féministe grenoblois Noustoutes38. Dans un tweet posté le dimanche 8 décembre, la candidate-députée LREM aux municipales de Grenoble Émilie Chalas répondait directement au maire Éric Piolle. Ce dernier, candidat à sa réélection, réagissait pour sa part aux dégradations d’un stand LREM en marge d’une manifestation “sauvage” organisée à Grenoble la veille, le samedi 7 décembre.
Rien ne peut justifier la violence et le déni de démocratie, pas même la colère. Devrait-on excuser un homme qui bat sa femme et la fait taire juste parce qu’il est « en colère » ?
👉 Être humaniste, être démocrate, être digne commence par faire respecter la parole de chacun. https://t.co/ybUB0rZhkn— Emilie CHALAS (@EmilieCChalas) December 8, 2019
« La colère est là, j’appelle à un débat serein, démocratique et républicain sur le fond pour Grenoble. (…) Restons dignes et respectueux de notre démocratie », écrivait Éric Piolle. Un message qui ménage la chèvre et le chou, et qui n’a pas plu à Émilie Chalas. Sa réponse ? « Rien ne peut justifier la violence et le déni de démocratie. (…) Devrait-on excuser un homme qui bat sa femme et la fait taire juste parce qu’il est “en colère”. »
Une députée-candidate qui devrait « avoir honte » ?
Une passe d’armes classique sur un réseau social comme Twitter ? Pas aux yeux de Noustoutes38, mouvement féministe solidaire des manifestations contre la réforme des retraites. « Rien ne peut justifier la comparaison entre le système patriarcal qui oppresse, exploite, violente et tue chaque jour (…) et la colère légitime de personnes en lutte pour la justice sociale », déclare ainsi le collectif dans un communiqué.
Un communiqué ironiquement intitulé « Des féministes dans la cité ». Référence à une réunion publique organisée par Émilie Chalas mercredi 11 décembre sur le thème « Les Femmes dans la cité ». Marlène Schiappa, la secrétaire d’État en charge de l’Égalité entre les femmes et les hommes, était censée participer à la réunion, mais a d’ailleurs annulé sa venue, « suite au mouvement de grève en cours et aux difficultés occasionnées dans les transports ».
Les féministes enfoncent encore le clou : la comparaison est qualifiée à deux reprises d”« ignoble », et la candidate appelée à « avoir honte » de son message. « Nous n’acceptons pas de comparer la colère légitime de celleux qui luttent à la violence patriarcale, institutionnelle, économique et sociale que votre gouvernement provoque en détruisant nos acquis sociaux, nos retraites, nos vies », affirme Noustoutes38.
« Les coups portés par le patriarcat sont protéiformes, s’appuyant sur le système capitaliste, néolibéral dont VOUS êtes une des porte-paroles », juge encore le communiqué. Qui revendique sa « colère ». Et déclare à la candidate que les corps des femmes sont des « zones à défendre de vos récupérations, de vos comparaisons infâmes, de votre incapacité à appréhender l’importance et la nécessité vitale de déconstruire cette société patriarcale et capitaliste ».