EN BREF – Dans le procès des parents salafistes accusés d’avoir causé la mort de leur bébé de quinze mois en 2017, la cour d’assises de l’Isère a entendu, mercredi 13 novembre, pour leurs plaidoiries les avocats des parties civiles et de la défense, ainsi que l’avocate générale dans ses réquisitions.
Au septième jour du procès, l’heure était au bilan mercredi, devant la cour d’assises de l’Isère. Et ce après six jours de débats de qualité.
Si la radicalisation avait été le troisième accusé dès le premier jour de l’audience lundi 4 novembre, Me Max Joly, représentant les parents de Noémie Villard du côté des parties civiles, avait tenu à mettre les choses au point dès mardi soir. « Ce n’était pas du tout le procès de l’islam et des musulmans, c’est même le contraire. »
« Un couple qui s’est uni dans une idéologie, une utopie »
Mercredi matin, Me Régis Deschamps, conseil de l’association L’Enfant bleu, Enfance Maltraitée, a d’abord rappelé que Sami Bernoui et Noémie Villard formaient « un couple qui s’est uni dans une idéologie, une utopie ». De son côté, Me Cécile Gabion, pour l’association Chrysallis, administrateur ad hoc du petit frère d’Hafsa Bernoui, a lancé que ce dernier « était là » au moment des violences. « C’est en lui, ça fait partie de son histoire. »
Les deux parents « savent et suivent cette dégradation lente » de leur petite fille de quinze mois dans les derniers jours de son existence, a soutenu l’avocate générale Gisèle Auguste, admettant aussi des erreurs importantes de la justice dans cette affaire. « Les deux parents ont contribué à l’état de cet enfant jusqu’à son décès » mais « à des degrés divers », estime-t-elle.
Fustigeant, « l’immaturité, l’irresponsabilité globale et complète » des deux accusés, elle a réclamé vingt ans contre le père et douze ans contre la mère d’Hafsa Bernoui. Elle a, par ailleurs, demandé à la cour de se prononcer en faveur du retrait de l’autorité parentale des deux parents pour leur deuxième enfant.
« Le mécanisme de la violence n’a pas été expliqué »
En défense, Me Roksana Naserzadeh a souligné « la volonté désespérée d’être l’autre » de sa cliente Noémie Villard, « en proie à de terribles angoisses existentielles » et « incapable de s’autogérer », passant alors « de la tutelle de sa maman à la tutelle de son mari ».
Concernant le père Sami Bernoui, il s’agissait surtout pour Me Grégoire de Petiville comme pour Me Ronald Gallo de contester le caractère volontaire des violences commises et ayant entraîné la mort de la petite. « Le mécanisme de la violence n’a pas été expliqué » à l’audience, selon le premier.
« Sami Bernoui a reconnu des violences à l’égard de sa fille, des claques, des coups de pieds, et c’est déjà terrible », a ajouté Me Ronald Gallo. Mais « qu’est-ce qui vous permet de dire que M. Bernoui est tombé de manière volontaire sur sa fille ? » Ce qui avait été l’une des causes du décès.
Jeudi matin, les accusés auront la parole une dernière fois, avant que la cour et les jurés se retirent pour délibérer. Le verdict est attendu dans le courant de la journée.
Fanny Hardy