EN BREF – Combien la Région Auvergne Rhône-Alpes compte-t-elle de collaborateurs de cabinet ? Dix-huit, comme l’affirme l’exécutif régional dans son décompte ? Les magistrats financiers, qui se sont penchés sur la gestion de la Région de 2015 à 2018, n’arrivent pas au même chiffre. D’après la chambre régionale des comptes, il faut y ajouter une vingtaine de chargés de mission qui occupent des emplois similaires.
La Région Auvergne Rhône-Alpes compte-elle trop de collaborateurs de cabinet ? Avec 18 collaborateurs, elle est, à un près, au maximum autorisé par la loi. Mais dans le rapport de la chambre régionale des comptes rendu public le 21 octobre, ce n’est pas tant ce chiffre qui intrigue les magistrats financiers que « l’écart significatif entre leur nombre apparent et leur nombre réel ».
D’après la CRC, une vingtaine de chargés de mission affectés au service de la vice-présidence ont été recrutés « pour pourvoir des emplois assimilables, pour certaines missions, à ceux de collaborateurs de cabinet ». Et ce dans une certaine opacité.
« Le crédit-plafond annuel inscrit au budget régional pour permettre le recrutement des collaborateurs de cabinet est très largement sous-estimé », poursuivent les magistrats financiers. « L’assemblée délibérante a, en conséquence, une connaissance incomplète du montant total alloué aux rémunérations des collaborateurs de cabinet. »
La rémunération d’un des collaborateurs de Laurent Wauquiez épinglée
Parmi les recrues, celle d’Ange Sitbon a fait plus que tiquer la CRC. Son nom, qui n’apparaît pas dans le rapport de la CRC, a été révélé par Rue89 Lyon en amont de l’assemblée plénière du Conseil régional, vendredi 18 octobre. Considéré comme le “Baron noir” de Laurent Wauquiez, Ange Sitbon avait été recruté en 2016.
Lui, l’ancien spécialiste de la carte électorale chez LR, officiait au service de relations avec les élus et les territoires. Il était notamment chargé de recevoir et valider les subventions. Un poste stratégique, très politique, qui lui a permis de toucher une rémunération plus de deux fois supérieure à celle des autres directeurs de service. À savoir 9 000 euros contre 4 000 euros, avec « le risque d’être considérée comme disproportionnée » par un juge administratif, souligne le rapport de la CRC.
Question réglée ? En 2018, le contrat d’Ange Sitbon a été renouvelé. De conseiller politique, il est devenu délégué général.
Patricia Cerinsek
CHÈRE, TRÈS CHÈRE FUSION
La fusion coûte cher. En Auvergne Rhône-Alpes, elle se chiffre à 7,4 millions d’euros sur la seule période 2015 – 2018. Des coûts « maîtrisés » jugent toutefois les magistrats financiers, même si « les gains qui pourraient résulter de la fusion sont, pour l’essentiel, à venir et n’ont pas été évalués précisément par la région », précise le rapport.
Qu’est-ce qui coûte si cher ? Essentiellement la convergence des systèmes d’information. Mais la nouvelle région, en faisant le choix de maintenir deux sièges, à Lyon et Clermont-Ferrand, n’a guère rationalisé ses implantations.
À Clermont-Ferrand, l’hôtel de région fait office de monnaie d’échange
Or, dans la capitale auvergnate, l’hôtel de région flambant neuf est sous-occupé. Ni vendu donc, ni loué, il fait parfois office de monnaie d’échange. Le bâtiment héberge ainsi dix structures. Dont le groupement d’intérêt public (GIP) Quartier numérique présidé par le maire de Clermont-Ferrand et président de Clermont Communauté.
Le GIP est en fait la structure juridique d’un projet dédié à l’économie digitale, dans lequel les collectivités locales jouent un rôle prépondérant. Ainsi, pour l’amorcer, comme l’expliquait La Montagne en 2015, la Région et la Métropole ont injecté chacune 500 000 euros par an sur trois ans, soit un investissement public global de trois millions d’euros.
Ce groupement est hébergé gratuitement dans les locaux de l’hôtel de Région, sous-loués aux startup coachées, faisant ainsi l’économie de 250 000 euros de loyers par an. Économie que la Région récupère en diminuant de moitié la subvention versée au GIP. Un tour de passe-passe qui ne sied guère aux magistrats financier, une telle mise à disposition à titre gratuit étant illégale.