FOCUS – Incivilités, problèmes d’hygiène, branchements sauvages… L’accueil des gens du voyage sur la commune de Saint-Martin-d’Hères pose chaque année problème. Las de cette situation, l’union de quartier Péri et un collectif d’habitants soutenu par le maire de la ville, David Queiros, se mobilisent pour alerter les pouvoirs publics. Avec, dans le viseur, la Métropole, en charge de la gestion des aires d’accueil de gens du voyage dans l’agglomération.
Voilà plus de vingt ans que ça dure. Vingt ans que des gens du voyage viennent s’installer « de façon sauvage dans notre quartier ! », s’exclame Christian Braud, membre de l’union de quartier Péri. L’exaspération est palpable chez les habitants qui ont se sont réunis au sein du collectif Gens du Voyage-Péri-Les Taillées. Histoire de se faire entendre, ceux-ci se sont même rendus au siège de la Métropole, compétente pour gérer les aires dédiées aux gens du voyage, le 27 septembre dernier.
C’est le même rituel chaque année, ou presque. Entre mai et octobre, une centaine de caravanes, et donc plusieurs centaines de personnes, viennent s’installer en toute illégalité sur le domaine universitaire. « Ils restent quinze jours voire trois semaines à un endroit donné, puis ils vont sur un autre terrain de la commune ». Le collectif Gens du Voyage-Péri-Les Taillées » pointe du doigt les nombreuses nuisances. « Incivilités, problèmes d’hygiène », mais aussi « branchements sauvages d’eau et d’électricité ».
« La Métro, fais ton boulot ! »
Les solutions étaient pourtant toutes trouvées grâce au vote d’un nouveau schéma départemental en novembre 2018. Ce dernier prévoyait en effet la création de deux aires : une aire d’accueil au Rondeau (avec 32 emplacements) et une aire de grand passage au Fontanil-Cornillon (200 emplacements).
Sauf qu’aucun de ces projets n’a pour l’instant vu le jour. Pire, la livraison des équipements n’est attendue, au mieux, qu’en 2021. Un important retard qui s’explique par une succession de difficultés, notamment liées aux acquisitions foncières.
Mais l’argument est loin d’être suffisant pour le collectif, qui demande à la Métropole de mettre à disposition des gens du voyage des terrains appartenant à la collectivité. « La Métro dispose des parcs de l’agglomération, des zones d’activités… mais dont elle empêche l’accès, poussant de fait les nomades à s’installer sur le campus. » Il faut que la métropole « assume ses obligations d’accueil », renchérit Christian Braud.
Une démarche soutenue par le maire de Saint-Martin-d’Hères
Bien que désabusés par cette situation qui perdure, les habitants mobilisés peuvent compter sur le soutien de leur maire. David Queiros était d’ailleurs présent aux côtés du collectif, le 27 septembre dernier, devant la salle du conseil métropolitain avec sa première adjointe, Michelle Veyret.
Le maire de Saint-Martin-d’Hères « fait tout ce qui est en son pouvoir » pour mettre fin à une situation qu’il déplore et qui se répète « chaque année » depuis son élection.
Pour ce dernier, l’affaire est entendue : la « réponse est entre les mains du président de la métropole et de sa vice-présidente en charge de ces questions ». Mais aussi dans le camp du préfet qui a le « pouvoir d’expulser ».
David Queiros affiche ainsi son impuissance malgré les démarches engagées : envoi de la police municipale sur place, signalements au préfet et saisie du tribunal administratif. Et réaffirme par ailleurs son soutien aux habitants. Car s’ils les considèrent comme « légitimement excédés », le maire salue la « dignité et le respect » du collectif vis-à-vis des gens du voyage.
Thomas Courtade