FOCUS – Soirée étudiante, tarif adulte-enfant, services annexes autour des spectacles, avec de la garde d’enfants facilitée, une cantine plus grande et plus écolo… La MC2 vise de nouveaux publics et leur fait directement savoir en les incitant à « changer de programme ».
Spectacle, ateliers de hip-hop et de théâtre, visites guidées des coulisses, DJ set et happy hours… La MC2 avait préparé une soirée étudiante aux petits oignons ce mercredi 9 octobre. Les 60 000 étudiants de l’agglomération font en effet partie des publics visés par la prestigieuse maison de la culture grenobloise.
« Ce public pourrait être naturel pour nous mais ne vient pas tant que ça », regrette Jean-Paul Angot, le directeur de la MC2. Et ce en dépit d’un tarif étudiant de 6 à 13 euros, et même de 6 à 10 euros à la “dernière minute” (durant l’heure qui précède le spectacle, dans la limite des places disponibles). « Il faut les faire bouger. Le musée fait ça très bien, les bars aussi. On a donc décidé avec les associations du campus de faire cette soirée étudiante. »
« Et si vous changiez de programme ? » suggère la MC2
Journées européennes du patrimoine, soirée étudiante, visites de décor, des coulisses , présentation de saison le 15 octobre… La MC2 ne manque pas une occasion d’ouvrir ses portes au public. Car, si elle affiche un taux de remplissage de 80 %, constant depuis des années, et peut s’appuyer sur un réseau d’aficionados, dont 400 mécènes, elle doit sans cesse renouveler son public et l’élargir. « Le taux de renouvellement des cartes d’abonnement est de 30 %, souligne en effet Jean-Paul Angot. Il y a beaucoup de changements d’une année sur l’autre ».
Pour ce faire, la MC2 communique tous azimuts en direction de ceux qui ne viennent pas : campagne d’affichage, vidéos dans les centres commerciaux, réseaux sociaux, ou encore messagers spéciaux. Des habitués de la MC2 qui s’engagent à convaincre d’autres personnes de venir voir des spectacles. « Ils sont accompagnés de personnes chargées des relations publiques. Plus de 400 personnes sont venues l’an dernier via ce biais », précise le directeur.
Cette année, le message est « Et si vous changiez de programme ? » Une incitation à lâcher sa télé ou son ordinateur. « Il s’agit de redire aux gens que sortir c’est rencontrer les autres, passer un bon moment », rappelle tout simplement Jean-Paul Angot. « Notre objectif est de faire venir ceux qui ont des idées reçues ou frappés d’une certaine indolence. On les accueillera avec joie. »
« Il y a rarement des spectacles surbookés »
Tag derrière la maison de la culture : « MC2 = Bourgeois » Une autre idée reçue ? © Muriel Beaudoing – placegrenet.fr
Parmi les idées reçues, persiste celle qu’il faut s’y prendre des mois à l’avance pour caresser l’espoir de voir un spectacle.
« On pâtit de l’idée reçue qu’en juin c’est déjà complet. Mais c’est fini, ça ! L’image qui colle est celle des abonnements à l’avance alors qu’il y a quasiment toujours de la place ! La saison est en ligne avant mais il y a rarement des spectacles surbookés », assure Jean-Paul Angot. Qui précise : « Et il y a souvent des défections de dernière minute ».
Des solutions de garde et un nouveau tarif adulte-enfant
« La MC2 se doit d’être une locomotive sur Grenoble mais rester accessible, rappelle Jean-Paul Angot. Or l’accessibilité consiste aussi à proposer des facilités ». Notamment pour les parents de jeunes enfants qui souhaiteraient sortir mais sont freinés par des problèmes de garde. « À une époque, dans les théâtres, il y avait des garderies, rappelle le directeur. Le monde a évolué mais la question de la garde reste importante ».
D’où le partenariat mis en place avec une agence grenobloise de baby-sitting pour proposer un service de garde d’enfant accessible sur internet avec réduction tarifaire. Une expérimentation avant de faire éventuellement, l’an prochain, quelque chose de plus ambitieux.
Autre nouveauté : la MC2 propose désormais un tarif adulte-enfant aux personnes accompagnant les moins de 18 ans. À savoir le tarif MC2 AE avec un tarif A (adulte) à 13 euros et un tarif E (enfant) à 6 euros.
Quatre spectacles seront ainsi accessibles en accompagnateur. Incertain Monsieur Tokbar (les 15 et 16 octobre) ; L’Union poétique (le 18 décembre), un parcours dans la musique russe et le cinéma d’animation avec deux grands musiciens estoniens ; Le petit livre d’Anna Magdalena Bach (du 21 au 31 janvier 2020), qui restitue le rôle qu’elle a joué par rapport à son mari ; enfin Ces filles-là (du 16 au 18 avril), avec vingt femmes qui montrent, à travers des dialogues, récits, photos et danses, la dictature des images, les règles du groupe et le drame du cyberharcèlement. Les trois premiers spectacles sont pour les enfants (de plus de 8 ans) et le dernier pour les adolescents.
Une cantine agrandie, plus écolo et plus conviviale
La cantine a aussi fait l’objet d’une réflexion. « On travaille la qualité des produits, les circuits courts, les emballages : on supprime les plastiques, cartons d’emballages, les capsules du café », précise Jean-Paul Angot. Quant à la capacité d’accueil de la cantine, elle a été augmentée, avec 60 places assises supplémentaires. De quoi améliorer aussi la fluidité. « On a doublé le bar qui était très souvent bondé, souligne en effet le directeur. Les gens pourront commander dans deux salles.” Sachant que certains fidèles de la MC2 viennent de plus en plus tôt et que le service reste ouvert une heure après le dernier spectacle.
L’enjeu ? « Gagner en convivialité », « redonner du sens au groupe, au collectif, au vivre-ensemble. On essaie ainsi de faire en sorte que la maison soit un espace de convivialité, d’hospitalité. »
Muriel Beaudoing
Quatre création de spectacles au programme cette année
Comme chaque année, la MC2 monte également quatre spectacles sur place :
- L’important c’est la tempête (du 5 au 21 novembre), d’après Thomas Bernhard, mise en scène Dominique Léandri.
- Héritiers (du 14 au 22 novembre), écrit et mis en scène par Nasser Djemaï. Un héritage peut-il rendre fou ? Nasser Djemaï s’interroge sur nos legs et à leurs répercussions. « Le travail qu’il fait est assez remarquable. Nasser commence à être très reconnu et va certainement passer un cap supplémentaire », estime Jean-Paul Angot.
- Le petit livre d’Anna Magdalena Bach (21- 31 janvier), écrit et réalisé par Agathe Mélinand
- Lucy in the sky est décédée (7 au 10 avril) écrit et mis en scène Bérangère Jannelle. Quatre personnes remontent le fil du temps en évoquant l’histoire de leur rencontre, de leur amour et, finalement, de notre époque.