FOCUS — Le centre de sauvegarde de la faune sauvage en Isère le Tichodrome lance un appel aux dons sur la plateforme en ligne Leetchi. La structure connaît en effet une hausse notoire du nombre d’animaux recueillis cet été, occasionnant un surcoût par rapport aux années précédentes. Pas moins de 13 000 euros pourraient ainsi manquer, au sortir de l’été, dans les caisses du Tichodrome. Qui est, au demeurant, toujours en quête de bénévoles pour fin août et septembre.
Le Tichodrome tire la sonnette d’alarme : le centre de sauvegarde de la faune sauvage en Isère, situé au lieu-dit Champrond sur la commune du Gua, lance un appel à la générosité du public à travers la plateforme en ligne Leetchi. L’association fait en effet face à un afflux d’animaux à recueillir, soigner et élever plus important que d’habitude et, en conséquence, à une nette augmentation de ses coûts.
L’été est toujours la période d’activité la plus forte de la structure. Parmi les animaux très représentés dans le centre, le martinet noir arrive en nombre… et même en surnombre. « Nous avons eu plus de 200 martinets, une augmentation significative par rapport au chiffre de 150 pour un été normal », note la directrice du Tichodrome Mireille Lattier. Qui précise que cette espèce n’est pas la seule à occasionner un surcroît d’activité sur l’été 2019.
La faune sauvage souffre aussi de la canicule
Les raisons d’un tel afflux ? La canicule y est pour beaucoup : le martinet niche sous les toits, un endroit particulièrement chaud en cas de fortes chaleurs, et les jeunes individus qui se penchent pour avoir de l’air prennent le risque de tomber… « Comme c’est en ville, ils sont quasi-systématiquement trouvés, et l’âge où ils chutent nécessite encore plusieurs semaines d’élevage, donc on les récupère », explique la directrice.
Les animaux sauvages blessés ou orphelins demandent beaucoup d’attention. Un jeune martinet, par exemple, ne mange pas spontanément : il faut donc “gaver” chaque individu six fois par jour.
« Les animaux ont besoin de nourrissage régulier, de conditions de température pour remplacer la température corporelle de la mère, d’avoir des laits de substitution adapté à chaque espèce… », détaille Mireille Lattier. Du “nursing” qui mobilise deux équipes toute la journée.
Les médicaments, la nourriture, mais aussi l’organisation ont un coût pour la structure. Les soins prodigués pour chaque animal représentent ainsi entre 50 et 80 euros, selon la directrice. Au total, ajoute-t-elle, l’augmentation des arrivages observée cet été devrait entraîner un surcoût de 13 000 euros. Pour l’heure, la cagnotte Leetchi a permis de récolter la somme de 4 310 euros, avec l’aide de 92 contributeurs.
Les collectivités sollicitées avec plus ou moins de succès
Mireille Lattier espère aussi pouvoir compter sur la “générosité” des collectivités… mais celles-ci sont globalement peu réceptives à son message. L’association est actuellement seulement soutenue par la Métro, la Capi (Communauté d’agglomération Porte de l’Isère) et le Conseil départemental de l’Isère. « Nous avons sollicité toutes les communautés de communes du département : les animaux, eux, nous arrivent de partout ! », note la directrice.
Sans langue de bois, Mireille Lattier regrette le peu de reconnaissance de certaines collectivités. « On nous répond que notre action ne rentre pas dans leur domaine de compétence… alors que l’on n’a jamais autant parlé de biodiversité ! » Pour elle, les centres d’aide correspondent à une demande du public. « Si les gens ne s’intéressaient pas aux animaux blessés, nous n’existerions pas », fait-elle remarquer.
La cagnotte est d’autant plus nécessaire que le Tichodrome a pour principe de ne pas demander de participation financière aux personnes qui amènent des animaux. Et que, contrairement à d’autres associations, le centre n’adapte pas son activité à son budget préalable, mais fait en sorte d’accueillir le plus d’individus possible. « Même si nous avons fait des refus durant l’été pour mettre des priorités sur certaines espèces », précise Mireille Lattier.
Des bénévoles recherchés pour fin août et septembre
Dès lors, le Tichodrome s’appuie sur une équipe importante. L’association compte dans ses rangs quatre salariés, dix services civiques et l’équivalent de douze équivalents temps-plein en bénévoles. Avec deux types d’engagements : des bénévoles locaux à qui est demandée une journée par semaine durant toute l’année, et des volontaires s’engageant pour deux semaines au minimum, six jours sur sept. « Nous en recherchons actuellement pour la fin du mois d’août et pour le mois de septembre », signale au passage Mireille Lattier.
L’activité est soutenue… et peut être cruelle. Au final, environ la moitié des animaux recueillis sont relâchés dans la nature. Les autres, trop mal en point ou handicapés, sont euthanasiés. D’où l’importance d’amener l’animal dès le moment de sa découverte pour éviter que des plaies puissent s’infecter ou se nécroser. Il ne faut pas non plus essayer de le soigner soi-même : des soins non adaptés peuvent être fatals, au niveau physiologique comme comportemental.
Des recommandations qui connaissent leurs limites en période de forte activité, comme l’admet la directrice du Tichodrome. Même ouvert sept jours sur sept, le centre a ainsi du mal à répondre aux dizaines d’appels par jour. « On voit que le public a des attentes de prise en charge comme pour les humains. Plusieurs personnes nous ont même demandé pourquoi nous ne sommes pas ouverts la nuit… alors que nous sommes une structure associative et que l’on se débrouille comme on peut ! », soupire Mireille Lattier.