FOCUS – Tandis que les belles pistes « chronovélos » sont progressivement déployées, les habitants du secteur Foch-Alliés-Libération demandent d’améliorer le réseau existant. Ils viennent ainsi de pointer toute une série de conflits d’usages entre cyclistes, piétons et automobilistes. Dont certains résultent de l’aménagement de pistes cyclables monodirectionnelles. À charge de la Métropole désormais de résorber l’ensemble de ces points noirs.
Quel piéton n’a pas pesté un jour contre un deux-roues venant de le frôler sur un trottoir ? Et quel cycliste n’a pas eu une peur bleue en se voyant doubler à toute allure par une voiture sans respecter la distance de sécurité ?
C’est pour éviter à l’avenir ce type de désagrément aux différents usagers de la ville que « le plan vélos-piétons du quartier Foch-Alliés-Libération » a été remis en juin à la Métropole de Grenoble.
Un document qui fera référence
Ce document établit le diagnostic des conflits d’usages observés entre les cyclistes, les piétons et automobilistes dans toutes les rues du quartier. Et propose des préconisations en matière d’aménagement pour remédier aux principaux problèmes.
« C’est un document qui fera référence, sur lequel tant la Métropole que les habitants pourront s’appuyer », soutiennent Jacques Wiart, conseiller municipal en charge des déplacements, et René de Ceglié, élu du secteur 4.
Les deux élus ont participé au groupe de travail, avec des bénévoles de l’Union de quartier Foch-Aigle-Libération et des parents d’élèves du secteur. « Tous les quartiers de Grenoble vont progressivement disposer d’un tel document », précisent-ils.
Séances de travail en salle et sur le terrain
Il a fallu plusieurs longues séances sur le terrain et autour d’une table, penchés sur des cartes, pour venir à bout de ce travail tout en dentelle, sur un secteur bien fourni en voies de circulation de toutes natures.
« Ce quartier est à cheval sur quatre secteurs de la ville, précise Renaud-Vernet, président de l’union de quartier Foch-Aigle-Libération.
« Il est traversé par les trams C et E, poursuit le président. Il compte 13 000 habitants, dont un nombre toujours plus élevé de personnes âgées et beaucoup de jeunes enfants. Car nous avons sur ce territoire les groupes scolaires Élysée-Chatin, Sidi-Brahim et le lycée des Eaux claires »
Des pistes monodirectionnelles utilisées… dans les deux sens
Force est de constater, à entendre les habitants, que nombre de dysfonctionnements observés ici datent du réaménagement des grands boulevards Foch-Vallier et de l’axe Jean-Jaurès-Libération, au moment de l’arrivée du tramway. Le choix a en effet été fait, à l’époque, de tracer des pistes cyclables monodirectionnelles (allant dans un seul sens) sur le trottoir, de part et d’autre, de la chaussée
Or, en pratique, les usages ne sont pas ceux que les décideurs imaginaient. Les cyclistes circulent très souvent sur les trottoirs et les piétons inattentifs coupent régulièrement les pistes cyclables. Une cohabitation véritablement problématique.
Les risques de collision sont d’autant plus élevés que chacune des pistes cyclables monodirectionnelles est impunément utilisée par les vélos dans les deux sens.
Pour rectifier le tir, les habitants demandent à la Métropole d’aménager une piste bidirectionnelle, au moins sur le côté impair du boulevard Foch. De même qu’ils préconisent une piste bidirectionnelle « sanctuarisée » rue Commandant de Reynies, afin que les vélos cessent d’y dévaler le trottoir en pente, qui plus est à proximité de l’école Élisée Chatin.
Pour « une vraie piste cyclable » sur le cours de la Libération
Sur l’axe Libération, les conflits d’usages sont également prégnants. Là aussi, les vélos circulent souvent sur les trottoirs, manquant à tout instant de renverser les piétons, en particulier ceux qui sortent des commerces, observent sévèrement les habitants.
Quant aux contre-allées, elles sont utilisées pour de mauvaises raisons : les automobilistes pressés les empruntent pour court-circuiter le flux de voitures. La vitesse excessive de ces véhicules insécurise les vélos… qui préfèrent donc rouler sur le trottoir.
Il faut agir, alertent les habitants, soit en réservant les contre-allées aux seuls vélos, soit en créant « une vraie piste cyclable » sur le cours de la Libération. Ce qui entraînera, de fait, la suppression de quelques places de stationnement.
Certains carrefours, particulièrement problématiques
Le carrefour Alliés-Libération-boulevard Salengro mérite, lui aussi, un toilettage complet. « Dans cet ensemble essentiellement routier, cyclistes et piétons trouvent difficilement leur place », pointent les habitants. Qui suggèrent, entre autres, de rallonger la durée du feu vert pour les piétons et de guider davantage les cyclistes dans la traversée de ce carrefour par des marquages au sol.
Les carrefours de la rue Stalingrad constituent la cinquième et dernière grande problématique du quartier mise en exergue par le groupe de travail. Les vélos ne sont pas à la fête dans ce secteur, très routier. Il serait également judicieux, analyse le groupe, d’aménager une piste bidirectionnelle sur la rue Honoré de Balzac pour relier le quartier Mistral – Eaux Claires à la Chronovélo 2.
Réponse de la Métropole aux habitants… dans le courant de l’automne
Pour parfaire leur plan « vélos-piétons », deux groupes de travail pilotés par les responsables des écoles Élisée-Chatin et Sidi-Brahim ont passé au peigne fin les abords des établissements scolaires.
Outre un ensemble de remarques sur les problèmes rencontrés par les parents et les enfants lors de leurs déplacements vers l’école, ils font un certain nombre de propositions.
Quid du devenir de ce travail bénévole dont « la qualité et la méthodologie » ont été saluées par les élus grenoblois ? Il est désormais entre les mains de la Métropole.
« La collectivité devrait, d’ici la fin de l’année, revenir vers les habitants pour leur présenter un calendrier de mise en œuvre des premiers travaux », annonce Jacques Wiart… prudemment toutefois, car les services de la Métropole « sont très très sollicités ».
Séverine Cattiaux