FIL INFO — Deux familles voisines du chantier Galtier de Grenoble Habitat interpellent les élus du conseil municipal de Grenoble. L’objet de leur courrier ? Après avoir déposé un recours contre le projet immobilier, les plaignants ont écopé d’une plainte déposée devant la justice par le bailleur social. Ce dernier leur réclame pas moins de 2,3 millions d’euros pour préjudice. Une « action brutale », estiment les intéressés.
« Comment accepter qu’une telle violence soit tolérée par une municipalité prônant la participation des citoyens ? » Depuis décembre 2017, des voisins de l’ancien garage Galtier sont sous la menace d’une plainte déposée à leur encontre par Grenoble Habitat. Le bailleur social, présidé par la conseillère municipale de Grenoble Maryvonne Boileau, réclame ainsi aux familles la somme faramineuse de 2,3 millions d’euros.
Louis Cipri et Bruno de Lescure de Vivre à Grenoble, aux côtés d’Emmanuel Vincent et Marie-Pierre Merel, sur qui pèse la plainte. © Florent Mathieu – Place Gre’net
Leur crime ? Avoir déposé un recours contre le projet immobilier de Grenoble Habitat sur le site Galtier, jugé entaché d’irrégularités par les requérants et l’association Vivre à Grenoble qui les soutient. Le bailleur social a répliqué en portant plainte devant le tribunal de grande instance. Une « mesure d’intimidation », estiment les intéressés. Qui se rappellent au bon souvenir des élus de Grenoble dans une lettre rédigée fin juin.
« La seule logique du chiffre »
« Nous sommes encore abasourdis par la brutalité de cette action envers des citoyens qui cherchent à faire valoir leurs droits dans le strict respect des règles », écrivent les déposants du recours. Et ceux-ci de demander aux conseillers municipaux « d’intervenir pour que la Ville reconnaisse la légitimité à l’action de ses citoyens à faire valoir leurs droits, sans considérer que l’usage de ce droit est forcément abusif ».
Maryvonne Boileau, conseillère municipale déléguée à la Politique de la Ville de Grenoble, et présidente de Grenoble Habitat. © Séverine Cattiaux – Place Gre’net
Les deux familles estiment par ailleurs que les motifs de leurs recours étaient valables… avant que des modifications du plan local d’urbanisme ne permettent au projet de rentrer dans les clous. Exemple ? « Une disposition permettant de considérer les surfaces en béton poreux comme surfaces de pleine terre a été opportunément votée par la Métro à la demande de la Ville », écrivent-ils. Ce qui a frappé de nullité le reproche de manque d’espaces verts inclus dans les recours.
« Si nous avions eu affaire à un promoteur privé, nous n’aurions sans doute pas subi tous ces ennuis. En effet, la Ville aurait joué tout son rôle de temporisateur et le promoteur aurait dû adapter son projet à la réglementation en vigueur (et non l’inverse) », ironise le courrier. Qui demande à Grenoble Habitat « un projet durable et innovant au lieu de s’obstiner dans la seule logique du chiffre »… et de renoncer au passage à leur réclamer 2 millions d’euros.
Sollicité par Place Gre’net, Grenoble Habitat n’a pas donné suite à notre demande de réaction.