FOCUS – La 42e édition du Festival du film court en plein air de Grenoble va se dérouler du 2 au 6 juillet à Grenoble. Un événement organisé par la Cinémathèque de Grenoble, rassemblant chaque année près de 10 000 spectateurs. Au programme ? Soixante-neuf courts-métrages en compétition, des rencontres avec des professionnels, un stage d’analyse filmique, une master class… De quoi intéresser tous les publics, des cinéphiles avertis aux simples curieux.
Comme chaque année lors de la première semaine de juillet, le Festival du film court en plein air de Grenoble revient animer les soirées de la place Saint-André. Créé en 1978, cet événement phare de la saison estivale grenobloise organisé par la Cinémathèque de Grenoble sera l’occasion pour le public de découvrir, du 2 au 6 juillet, les meilleurs courts-métrages sélectionnés par l’organisation.
« Le festival du film court de plein air de Grenoble est le rendez-vous des amoureux du cinéma, des amateurs du format court. Mais aussi de tous les curieux qui veulent découvrir des films originaux dans une ambiance agréable. » Telle est l’alléchante proposition de la Cinémathèque de Grenoble pour appâter les cinéphiles en herbe ou confirmés.
« Proposer des beaux films tout en se faisant plaisir »
« C’est le plus ancien festival de courts-métrages en France », rappelle non sans fierté, Peggy Zejgman-Lecarme, la directrice de la cinémathèque. L’événement fait également figure de marqueur saisonnier pour les Grenoblois. Beaucoup d’entre eux considèrent en effet « que l’été ne commence pas à Grenoble tant que le festival n’a pas eu lieu », rapporte la directrice.
Cette dernière ne manque pas de se réjouir de l’attractivité d’un événement qui attire tous les ans près de 10 000 spectateurs en moyenne.
Avec un bémol cependant lors des années de coupe du monde de football, se souvient la directrice. « On verra cette année si cela se renouvelle mais force est de constater que la concurrence est inégale », se résigne-t-elle.
« Le festival du film court est un événement grand public et à la fois exigeant en matière de cinéma. Le seul mot d’ordre du comité de sélection ? Proposer des beaux films tout en se faisant plaisir », explique Peggy Zejgman-Lecarme.
Au programme de cette édition 2019 qui va se dérouler en différents lieux* de Grenoble ? Une sélection élaborée à partir de plus de 2 500 courts-métrages reçus dans le cadre d’un appel à films. « Autant de voyages dans des univers singuliers, qui donnent le pouls du monde à travers le regard engagé de cinéastes de tous horizons », vante la directrice.
Soixante-neuf courts-métrages en compétition pour une douzaine de prix
Le résultat ? Soixante-neuf films de tous genres composant les sélections “officielle” et “jeune public” participeront à la compétition. À la clé, plus d’une douzaine de prix décernés par différents jurys. « Ce qui est passionnant dans le court-métrage c’est que c’est un reflet sur la société d’aujourd’hui à travers des propositions extrêmement éclectiques », explique Peggy Zejgman-Lecarme.
Trajectoires de migrants, violences contre les femmes, actes homophobes… Tels sont quelques-uns des sujets dont s’emparent de nombreux réalisateurs, reflétant en cela « une ouverture à l’autre », estime la directrice. « Après, sur des aspects très visuels, nous avons parfois des surprises », poursuit Peggy Zejgman-Lecarme. « Nous avons vu énormément de films qui se passaient dans des abattoirs », relate-t-elle.
Ce qui démontre, assure-t-elle, « une forte réactivité aux sujets de société dans le court-métrage ». Les films de genre sont également pléthore, tout comme les films d’horreur, de zombies, et dans un autre style les comédies musicales. Enfin, l’ouverture à l’international du festival se retrouve dans la sélection de plusieurs coproductions, notamment entre la France et le Chili.
Autre point important, 23 des œuvres retenues sont réalisées par des femmes, dont six en co-réalisation. Pour autant, affirme Peggy Zejgman-Lecarme, « nous refusons les quotas, ce ne serait pas rendre service aux femmes que d’en imposer ».
Des rencontres, des cartes blanches, un stage et des master class
Si la place Saint-André reste le cœur du festival, il se déploie également durant toute la journée avec des temps ludiques et de découverte autour du cinéma. L’idée ? « Développer un public de festivaliers qui va nous faire confiance pour découvrir toutes sortes de choses », espère Peggy Zejgman-Lecarme. Le tout ponctué de rendez-vous « puisque le festival a la chance de se développer grâce à des partenaires fidèles** », souligne la directrice. Ces derniers auront d’ailleurs carte blanche pour témoigner de leur travail en présentant leurs films.
Quant au fil rouge du festival « Les femmes et le cinéma », il vise à mettre en lumière le travail souvent méconnu de réalisatrices. Un stage d’analyse filmique est ainsi consacré à Alice Guy, première réalisatrice du cinéma, et à d’autres pionnières du 7e art. Sans oublier une Nuit blanche, proposée par l’Agence du court métrage pour (re)découvrir des films courts passionnants réalisés par des femmes.
Enfin, une master class s’intéressera aux relations entre court-métrage et séries. Un thème on ne peut plus d’actualité tant l’engouement pour ce format prend aujourd’hui l’allure d’un véritable phénomène.
Découvrir le vrai processus de création cinématographique
Ajoutez à cela plusieurs autres rendez-vous dédiés à toute la famille. Tels un atelier en partenariat avec la librairie Les Modernes ; la table mash-up, pour une découverte ludique de cet outil de montage et d’éducation à l’image ; ou encore un ciné-piscine à Flotibulle qui sera sans doute apprécié en ce début d’été caniculaire.
Au chapitre des rencontres, Jean-Christophe Houde, en résidence au Méliès, viendra partager son expérience de réalisateur de films d’animation au long cours. Et plusieurs rencontres-débats avec les réalisateurs seront autant d’occasions de découvrir la singularité de chaque cinéaste et d’échanger autour de leurs créations.
« Le festival a cette vocation de rayonner sur l’ensemble de l’agglomération grenobloise », expose Peggy Zejgman-Lecarme. De fait, outre les lieux concentrés autour de la cinémathèque en centre-ville, de nombreux autres partenaires accueilleront le festival.
C’est ainsi que des reprises vont se dérouler au CHU pour les malades de l’hôpital et à l’université avec le Cuef. Citons encore la Bourse des festivals d’Auvergne Rhône-Alpes festivals qui accordera 20 000 euros à un projet choisi parmi ceux présentés et défendus publiquement par leurs réalisateurs. Une manière originale « de découvrir le vrai processus de création cinématographique », souligne Peggy Zejgman-Lecarme.
Nul doute que toutes ces propositions seront bien loin des fameux « écrans noirs de mes nuits blanches » évoqués par Nougaro. Et qu’ainsi chacun pourra, à sa mesure, se “faire son cinéma”.
Joël Kermabon
* Place Saint-André, cinéma Juliet Berto, cinémathèque de Grenoble, cinéma Le Club et Maison de l’International. Une séance aura même pour cadre les vénérables terrasses du musée Dauphinois.
** Au nombre de ces derniers, UniFrance, un organisme chargé de la promotion et de l’exportation du cinéma français dans le monde, ou le Groupe de recherches et d’essais cinématographiques (Grec). Ainsi que, la revue de l’Agence du court métrage.