MC2 Grenoble 2019 – 2020 : une belle sai­son sous les signes de l’économie et de l’éclectisme

MC2 Grenoble 2019 – 2020 : une belle sai­son sous les signes de l’économie et de l’éclectisme

FOCUS – La sai­son 2019 – 2020 de la MC2 est lan­cée avec, au pro­gramme, des pro­po­si­tions aussi léchées qu’éclectiques… Le tout sous le signe de l’économie, thème intem­po­rel s’il en est. Déroulé de la pré­sen­ta­tion avec l’équipe.

Manifestation sur les marches de la MC2 contre la loi El Khomri, 9 avril 2016. © Yuliya Ruzhechka - www.placegrenet.fr

Débat sur les marches de la MC2 à la fin d’une mani­fes­ta­tion contre la loi El Khomri, 9 avril 2016. © Yuliya Ruzhechka – www​.pla​ce​gre​net​.fr

Toujours très atten­due, la pro­chaine sai­son de la MC2 s’annonce riche, dense et frappe fort avec un thème « au cœur de l’actualité », l’é­co­no­mie.


Un sujet qui tombe à pic après une année riche de suc­cès « tant du point de vue du public en matière de volume de fré­quen­ta­tion, que des prises de cartes MC2 », se satis­fait Jean-Paul Angot. Et ce der­nier de réaf­fir­mer l’ouverture de « la struc­ture la plus impor­tante de la métro­pole » en tant que « mai­son ». Mais sur­tout, insiste-il en tant que « lieu de débat ».
 

Si le lieu s’y prête, remuons-nous donc les méninges autour de la ques­tion « Comment la ques­tion des moyens finan­ciers est intrin­sè­que­ment liée à l’acte de créa­tion ? ». Soit l’entrée en matière très éco­no­mique du cata­logue 2019 – 2020. Une inter­ro­ga­tion qui, de près ou de loin, lie les presque 80 spec­tacles de cette édi­tion. Des curio­si­tés qui devraient atti­rer le regard. Tour d’horizon.

« La musique clas­sique n’est ni pous­sié­reuse, ni ennuyeuse »

« Le monde du spec­tacle vivant est aujourd’hui confronté à de véri­tables enjeux éco­no­miques. Citons par exemple le Pass Culture, qui affirme le chan­ge­ment de l’offre et de la demande », explique Antoine Pecqueur, conseiller musique de la MC2.

Mais, selon lui, c’est avant tout la sphère musi­cale qui est la plus en phase aux chan­ge­ments éco­no­miques. « S’il exis­tait un Centre natio­nal du cinéma, un Centre natio­nal du livre, il va se créer un Centre natio­nal de la musique, ce qui repense l’idée d’argent public et d’argent privé. »

Antoine Pecqueur et Jean-Paul Angot lors de la pré­sen­ta­tion de sai­son à la presse. © Alice Colmart

Dès l’ouverture de sai­son, c’est d’ailleurs de musique qu’il s’agit avec une véri­table plon­gée dans la musique clas­sique fran­çaise du début du XXe siècle signée Mikko Franck, direc­teur musi­cal de l’Orchestre phil­har­mo­nique de Radio France.

« Ici, tout se mêle comme la musique de chambre, l’orchestre. On y verra aussi une saxo­pho­niste qui joue un Scaramouche très jazzy, sans comp­ter la sym­pho­nie litur­gique. Cela casse la forme habi­tuelle du concert et montre que la musique clas­sique n’est ni pous­sié­reuse, ni ennuyeuse ! », affirme le spé­cia­liste musical.

Musique contem­po­raine : de nom­breuses sur­prises au programme

Souvent consi­dé­rée comme éli­tiste, la musique contem­po­raine souffre, elle aussi, de nom­breux sté­réo­types mais réserve pour­tant son lot de sur­prises. En témoigne ce pro­gramme mêlant musique élec­tro­nique, vidéo et lumière mené par Moscow Contemporary Music Ensemble, « un voyage dans la Russie du XXsiècle, une époque de muta­tion éco­no­mique dingue dont les com­po­si­teurs vont se faire l’écho ».

Moscow Contemporary Music Ensemble. © KasperVogelzang

Notons éga­le­ment un autre voyage dans le temps, avec 1867 !, une créa­tion mêlant « musique et éco­no­mie de manière humo­ris­tique » autour de la révo­lu­tion indus­trielle. « Cette période a eu un impact sur la réa­li­sa­tion d’instruments. On a inventé des ins­tru­ments à têtes de ser­pents ou encore des cuivres incroyables. » 

Le spec­tacle, mené par le Quintette effer­ves­cence racon­tera l’histoire de musi­ciens « réunis pour essayer de jouer de ces ins­tru­ments impro­bables ». Les objets seront d’ailleurs expo­sés à la MC2 !

Des ori­gi­na­li­tés, en veux-tu en voilà

Évidemment, ce spec­tacle n’est pas le seul pro­jet nova­teur que pré­sente la MC2. On ne résiste d’ailleurs pas à l’envie d’en citer quelques autres, comme les créa­tions théâ­trales Le Grand théâtre d’Oklahama, de Madelaine Louarn et Jean-Francois Auguste, avec des comé­diens han­di­ca­pés men­taux. Ou encore la réa­li­sa­tion de François Tanguy nom­mée pro­vi­soi­re­ment Item, « très dif­fi­cile à défi­nir », selon Jean-Paul Angot, « mais à ne pas rater d’un point de vue poé­tique et plas­tique ».

Jean-Claude Gallotta quittera la direction du CCNG fin 2015. © Vera Iso

Jean-Claude Gallotta . © Vera Iso

Le titre sui­vant ne manque pas d’in­ter­pel­ler, Joueurs, Mao II, les noms. Insolite tant par son nom que par sa forme, ce mara­thon théâ­tral de Julien Gosselin dure pas moins de… douze heures (rien que ça). La créa­tion « qui apporte quelque chose de neuf au théâtre » s’appuie sur les œuvres de Don DeLillo, des romans qui ont pour fil rouge le terrorisme.

Côté danse, il fau­dra noter le spec­tacle Nahasdzaan, de Luc Petton, dans lequel des ani­maux vivants – des chouettes, des loups, des aigles… – se mêle­ront aux dan­seurs… Sans oublier bien sûr les créa­tions de deux fidèles habi­tués de la struc­ture, Rachid Ouramdane et Jean-Claude Gallotta.

Le pre­mier revien­dra avec deux ren­dez-vous, Möbius, tout d’a­bord, « qui réunit 19 acro­bates sur scène qui font des pyra­mides insen­sés », explique le direc­teur de la MC2. Variation(s), ensuite, « met­tant en avant sa dan­seuse fétiche Annie Hanauer et Ruben Sanchez, dan­seur de cla­quettes d’origine cubaine ».

Jean-Claude Gallotta repren­dra quant à lui L’homme à tête de choux, « une créa­tion qu’il vient de don­ner au Printemps de Bourges, un tabac absolu autour de musiques de Serge Gainsbourg par Alain Bashung ».

Möbius. ©Cholette_Lefébure

Et les femmes dans tout ça ? 

S’il y a bien une chose sur laquelle Jean Paul Angot insiste, c’est « la parité », élé­ment essen­tiel et consti­tu­tif de la MC2. « Nous fai­sons des choix extrê­me­ment déter­mi­nés sur la ques­tion à la fois des metteur(e)s en scène, des auteur(e)s et des histoir(e)s. »

Un pro­pos que pour­rait par­fai­te­ment illus­trer Ces filles-là, mis en scène par Anne Courel et jouée par vingt femmes qui « sur scène racontent les avan­tages et incon­vé­nients du par­cours fémi­nin dans la société ». Autres his­toires ins­pi­rantes, celles des quatre femmes de la pièce Splendeur, de Delphine Salkin, qui s’entretiennent dans un contexte de fin de dic­ta­ture balkanique.

Quant aux créa­tions cho­ré­gra­phiques, les femmes aussi mènent la danse, à l’image de Catherine Diverrès « une grande dame de la danse contem­po­raine ». Avec sa créa­tion Jour et nuit, elle met en scène neuf dan­seurs à l’énergie folle sur du David Bowie ou du Miles Davis.

Une fois de plus, la MC2 nous pro­pose donc une sai­son variée où les talents éclec­tiques se confrontent et s’harmonisent. Sautons sur l’occasion.

Alice Colmart

ACo

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