FIL INFO – Le terrain Courtade de Fontaine, lieu d’implantation d’un bidonville habité par une cinquantaine de Roms depuis plusieurs années, a finalement été évacué et rasé au matin du vendredi 3 mai. Seules trois personnes y résidaient encore. Des personnes « remises à la rue », estime le Dal, pour qui l’expulsion aurait pu être évitée.
Fin d’occupation pour le terrain Courtade, lieu d’implantation d’un bidonville sur Fontaine depuis 2015. Le vendredi 3 mai au petit matin, les forces de l’ordre ont procédé à l’évacuation et à la destruction des cabanes présentes sur la zone, rue Pierre-Courtade à proximité du McDonald’s de la commune. Au plus fort de l’occupation, une cinquantaine de personnes de la communauté rom logeaient dans les cabanes du bidonville.
Elles n’étaient plus que trois au moment de l’expulsion. Trois occupants « de nationalité roumaine », précise la Direction départementale de la sécurité publique (DDSP) de l’Isère : deux hommes de 61 et 34 ans, et une femme de 35 ans. Toutes trois ont été « ramenées à l’Hôtel de police pour vérifications de leur situation administrative sur le droit de séjour », écrit encore la DDSP. Des obligations de quitter le territoire français (OQTF) leur auraient été délivrées, selon les associations.
Un feuilleton de plusieurs années
L’expulsion et la destruction du camp Courtade constitue l’épilogue d’un long feuilleton. Dans un premier temps, la présence des familles roms avait été tolérée. Et avait même donné lieu à une procédure d’accompagnement dans le cadre de la Mous (Maîtrise d’œuvre urbaine et sociale), programme d’insertion dans le logement mené par la Métro. La condition posée : que le terrain, destiné au projet d’éco-territoire Portes du Vercors, soit libéré d’ici l’été 2019.
Les choses se sont compliquées au milieu de l’année 2018, avec l’installation de nouveaux occupants sur le terrain. « D’autres personnes sont arrivées, causant des nuisances et violences, y compris envers celles déjà présentes sur le bidonville », expliquait ainsi à Place Gre’net Christine Garnier, vice-présidente de la Métro en charge du Logement. « C’est devenu invivable pour les habitants alentours et les personnes du camp », ajoutait le maire de Fontaine Jean-Paul Trovero.
Pour le Dal, l’expulsion aurait pu être évitée
Pas de quoi convaincre le Dal (Droit au logement), pour qui « les troubles à l’ordre public évoqués par le maire sont inexistants ». Pour le collectif de défense des personnes en situation de mal-logement, l’évacuation de Courtade n’avait rien d’inévitable, le projet immobilier concernant le terrain étant encore en phase d’enquêtes. Or cette décision consiste in fine pour le Dal à remettre « trois personnes très probablement à la rue ».
« La préfecture a encore une fois démontré son mépris des lois et des personnes vivant en bidonvilles », juge le collectif. De plus, ajoutent les militants, « la précipitation de cette expulsion sape le travail d’accompagnement vers le logement » mené avec la Métro. Et ceci, affirment-ils encore, malgré des « promesses orales » de la présidente de l’Établissement public foncier local (EPFL), propriétaire du terrain.
FM
« DES DIZAINES DE PERSONNES RELOGÉES », RAPPELLE LA MÉTRO
Suite à la parution de notre article, l’élue métropolitaine déléguée à l’Habitat Christine Garnier juge « dommage que [nous ne parlions] que des trois personnes malheureusement dans logement et pas des dizaines de personnes qui ont pu accéder à un logement et quitter cet habitat insalubre ».
Dans un communiqué posté sur Facebook, Christine Garnier indique ainsi : « Début avril, il restait encore une vingtaine de personnes sur le site. Fin avril et début mai, presque toutes les personnes ont été relogées dans de vrais logements, en vue d’une insertion. Bien entendu, la scolarisation des enfants est suivie par la MOUS et sera poursuivie, soit à Fontaine, soit dans une école proche de leur nouveau domicile ».