FOCUS – Suite à la rédaction d’un livre blanc par des associations et la fin de la Quinzaine contre le racisme et les discriminations, la Ville de Grenoble a présenté un plan d’actions sur trois ans. L’occasion pour le maire Eric Piolle de rappeler ce qui a déjà été fait dans le domaine et de signer une charte d’engagement contre le sida.
De nombreux représentants d’associations avaient fait le déplacement, le mercredi 27 mars dernier, pour la présentation du plan d’actions de lutte contre les discriminations de la Ville de Grenoble. Et pour cause. Ce plan s’inspire très largement du livre blanc de l’égalité des genres et des sexualités, rédigé par ces mêmes associations et remis à la Ville le 14 février 2019. Vingt-quatre structures ont ainsi conçu ce « recueil de la parole associative » qui énumère quatorze objectifs et trente-quatre pistes d’actions.
Ce plan d’actions de lutte contre les discriminations s’étend sur trois ans, de 2019 à 2022. Car si certaines mesures peuvent s’appliquer dans l’immédiat, d’autres demandent en effet plus de temps.
« Les civils viennent nous bousculer »
« La démarche proposée autour de la réalisation d’un livre blanc sur les genres et les sexualités s’inscrit dans une logique de transition démocratique, a expliqué Eric Piolle. Ce format libre a permis à chacun de s’exprimer et de se faire entendre. Les civils viennent nous bousculer. »
Exemple de contenu du livre blanc
Objectif : aider les personnes victimes de violences
Actions : informer/former (multiplier les campagnes de sensibilisation, favoriser la dénonciation des harceleurs/harcèlements) et loger (mettre à disposition des logements d’urgence)
Avant d’en venir aux « pistes de travail » envisagées, le maire a tenu à rappeler les engagements de la Ville, pris en amont du livre blanc. Avec un objectif, « agir en transversalité sur les questions de genre » : développement des pratiques sportives au féminin, réalisation d’un guide sur l’égalité au travail, ou encore renforcement des actions et messages autour de la place des femmes dans l’espace public. Un dernier élément « extrêmement important » aux yeux d’Eric Piolle.
La Ville s’engage en réponse au livre blanc
En réponse à certaines propositions du livre blanc, la Ville de Grenoble s’engage à présent dans plusieurs « actions nouvelles et symboliques », réalisables à échelle municipale, avec « quatre champs d’action forts ». En l’occurrence : « faire évoluer l’administration », « produire de la connaissance et de la lisibilité sur les questions de genre et de sexualité », « mettre à l’abri des personnes vulnérables et agir contre la précarité liée au genre ». Enfin, « travailler sur les stéréotypes de genre dès le plus jeune âge ».
À chaque dimension, des mesures concrètes. Ainsi, la Ville s’engage par exemple à créer un nouvel espace associatif pour les associations LGBTi, qui sera inauguré en mai 2019. Elle mettra également à disposition un appartement en centre-ville pour héberger les femmes victimes de violence d’ici la fin de l’année.
Pour réaliser ce plan d’actions, la Ville de Grenoble entend mettre en place un comité de pilotage composé d’élus et d’experts. « Il y aura quatre élus, deux hommes et deux femmes. On va s’associer avec des expertes et des experts universitaires », détaille Emmanuel Carroz.
« Dès le mois prochain [avril, ndlr], on commence à travailler avec les services de la Ville. Il faut qu’on accélère la machine », affirme, bien décidé, l’adjoint à l’égalité des droits et à la vie associative. « Nous, on veut libérer. L’État est souvent contraint, mais nous, au niveau Ville de Grenoble, si on peut donner de la souplesse et de l’air, on le fera. » Et celui-ci de citer l’exemple des prénoms. « On ne refusera aucun changement de prénom », déclare-t-il.
« Notre règlement intérieur du conseil municipal a été réécrit en écriture inclusive »
Emmanuel Carroz met par ailleurs l’accent sur la communication. L’écriture inclusive, plus précisément. « Les Anglais n’ont pas ce problème, les Allemands ont fait ce travail, les pays nordiques aussi… À nous de le faire. Notre règlement intérieur du conseil municipal a été réécrit l’année dernière en écriture inclusive. Et je crois que le conseil municipal fonctionne quand même », plaisante-t-il.
« Il faut que les gens commencent à se poser des questions », poursuit Emmanuel Carroz, plus sérieux, en évoquant la « culture à faire ». Revenant sur une polémique née en France suite aux désignations de « Parent 1″ et « Parent 2 » dans les formulaires scolaires, l’adjoint s’en est alors pris à Valérie Pécresse du parti Les Républicains. « Quand on voit la présidente d’Île de France qui dit « Mais moi, je refuse d’être le parent 2 », ben, Valérie, écris-toi en parent 1 ! »
Charles Thiebaud
La VILLE DE GRENOBLE, SIGNATAIRE D’UNE CHARTE POUR DES ALPES SANS SIDA
Après la présentation du plan d’action, Eric Piolle, maire de Grenoble et Emmanuel Carroz , adjoint à l’égalité des droits et à la vie associative, ont signé une charte d’engagement contre le sida. Un document qui engage la Ville à soutenir la campagne du Corevih Arc alpin Vers des Alpes sans Sida en 2030.
« On sait aujourd’hui comment en finir avec l’épidémie VIH », a assuré Anne Monnet Hoel, représentante de l’association Corevih, qui rassemble différents acteurs comme les centres hospitaliers, la Ville de Grenoble, les associations…
« Les nouvelles techniques de prévention sont diverses et fonctionnent. Même sans vaccin, on peut arriver à en finir avec le VIH, en France, dans le monde, et dans l’arc alpin. On a la vision : Les Alpes sans sida en 2030. On s’est mis ensemble et on a mis en place des axes d’actions. Là où il y a des villes qui s’engagent, comme à Londres, San Francisco, New-York, Sidney, Melbourne… c’est les endroits où on arrive à en finir avec le VIH. »