FIL INFO – Le Commissariat à l’énergie atomique et aux énergies alternatives a annoncé, ce 12 mars, le premier engagement de ses technologies de stockage dans l’aventure spatiale. Un pas franchi grâce à une équipe grenobloise du laboratoire d’innovation pour les technologies des énergies nouvelles et les nanomatériaux. En collaboration avec Airbus defense and space, cette dernière a développé un procédé innovant d’assemblage de batteries. L’objectif ? Alimenter en énergie électrique les satellites de télécommunications du programme OneWeb Constellation.
Le Commissariat à l’énergie atomique et aux énergies alternatives (CEA), en collaboration avec Airbus defense and space, a développé une nouvelle technologie pour l’assemblage de batteries. Ces dernières conçues par la division du groupe Airbus sont ainsi produites aux normes de l’aérospatial et à coût réduit pour équiper les satellites de télécommunications d’Airbus OneWeb Satellites, une coentreprise entre Airbus et OneWeb.
Les débuts de l’aventure spatiale pour les nouvelles technologies de stockage de l’énergie du CEA* ? Une chose est sûre, le 27 février dernier le centre de recherche a franchi un premier pas dans cette direction. Une fusée Soyouz opérée par Arianespace a en effet décollé à 18 h 37, heure de Guyane (22 h 37 heure de Paris), depuis son pas de tir de Sinnamary. Avec à son bord, les six premiers microsatellites de la constellation OneWeb, tous équipés des batteries assemblées au CEA. Plus précisément, dans le Laboratoire grenoblois d’innovation pour les technologies des énergies nouvelles et les nanomatériaux (Liten).
Plus de six cents satellites pour réduire la fracture numérique dans le monde
Le lanceur soviétique a placé « avec succès » les six engins en orbite basse, soit à 1 000 kilomètres de la Terre, se félicite Arianespace. Le programme OneWeb Constellation prévoit, au final, de faire tourner plus de 650 microsatellites autour de la Terre. Avec quelle visée ? Réduire le plus possible, à l’horizon 2022, la fracture numérique dans le monde.
L’entrepreneur américain Greg Wyler, initiateur de OneWeb Constellation en 2014, promet ainsi un Internet « très haut débit et à faible latence ». Il sera accessible partout dans le monde, que l’on soit dans l’air, sur terre ou en mer. Et, cerise sur le gâteau, le tout à faible coût. Ce, malgré les technologies de pointe équipant les microsatellites d’environ 147 kg.
Le matériel autant que les modes de production ont été choisis avec soin par les partenaires du programme OneWeb dont Airbus, Coca-Cola, Virgin Group et SoftBank pour n’en citer que quelques-uns. Le 12 mars dernier, les différents fournisseurs ont dévoilé de concert leur contribution à la fabrication des microsatellites.
Ainsi, figurent aux côtés du CEA-Liten, la société rennaise Syrlinks pour les équipements de radiofréquence d’émission et de réception. Ou encore, Atos qui fournit des équipements d’assemblage, d’intégration et de test (AIT). Mais pas seulement. L’entreprise française de services du numérique a aussi réalisé la première production de masse de satellites au monde.
Le CEA-Liten a développé un procédé d’assemblage de batteries innovant pour le spatial
L’équipe du Liten a également répondu aux exigences de la production en série pour le développement et la qualification spatiale des procédés d’assemblages des batteries. La solution retenue par les chercheurs ? La transposition au spatial, des méthodes d’industrialisation qu’ils ont antérieurement mis au point pour l’industrie automobile.
La suite des évènements ? Vingt-et-un lancements sont prévus d’ici 2020. Le tout, depuis trois bases spatiales dont le centre spatial guyanais qui s’étend sur Kourou et Sinnamary. Mais aussi, depuis le cosmodrome de Baïkonour au Kazakhstan et Vostotchny en Russie.
Airbus OneWeb Satellites vise, dès lors, à investir un large éventail de marchés potentiels. Ces derniers s’étendent de l’aéronautique au maritime, en passant par les liaisons cellulaires, wi-fi communautaire et les services de communication d’urgence.
VM
* Les technologies de stockage du CEA investissent certes pour la première fois le champ spatial. Néanmoins, le centre de recherche développe depuis plus de quarante ans des actions dans le spatial et l’astrophysique (capteurs, cryogénie…). Quant à son institut grenoblois le CEA-Leti, ce dernier contribue depuis plus de vingt cinq ans à plusieurs dispositifs embarqués dans l’espace (magnétomètre et autres capteurs).