FIL INFO – Opération « sauvetage de moineaux soulcies » dans le Trièves, une espèce de passereaux vivant dans les trous des vieux murs, en déclin en Isère. La LPO et le Syndicat des énergies du département de l’Isère se sont ainsi unis, le 8 mars dernier, pour installer neuf nichoirs sur des poteaux électriques de Saint-Jean‑d’Hérans.
Les moineaux soulcies du Trièves ont de « nouveaux toits » depuis le vendredi 8 mars. La Ligue protectrice des oiseaux (LPO) Isère et le Syndicat des énergies du département de l’Isère (Sédi) se sont en effet unis pour la pose de nichoirs sur la commune de Saint-Jean‑d’Hérans. Une nécessité pour une espèce classée « en danger critique d’extinction » sur le département, où il resterait seulement une vingtaine de couples.
La raison d’une telle raréfaction ? « Le moineau soulcie nichait surtout dans les trous de mur de vieux bâtiments, restaurés pour l’habitat humain », explique la LPO. Victime indirecte des programmes de réhabilitation, le passereau a trouvé un refuge dans « quelques poteaux électriques présentant des tubes creux horizontaux ». Soit une forme idoine aux habitudes de cette espèce, qui peut également nicher dans les trous des vieux arbres ou des falaises.
La saison de la reproduction débute en avril
En collaboration avec Enedis, la LPO et la Sédi ont donc choisi d’unir leurs forces et leurs compétences pour procéder à la pose de nichoirs sur certains poteaux électriques. Saint-Jean‑d’Hérans accueille ainsi neuf nichoirs, en attendant de nouvelles installations sur d’autres communes du Trièves. Il y avait urgence : la saison de reproduction des moineaux soulcies débute en avril. Et la LPO compte bien observer l’effet de ces nouveaux habitats sur la population.
Nommé « moineau du rocher » en anglais ou en allemand, le moineau soulcie ressemble fortement à la femelle du moineau domestique, bien connu de ceux qui possèdent un jardin.
Toutefois, il présente un aspect plus rayé et une queue plus courte, et se distingue également par des sourcils crème épais et longs, ainsi que par une bande médiane de la même couleur au-dessus de la tête. Et, ultime coquetterie, il arbore une petite tache jaune au-dessous de sa gorge.
FM
CINQUANTE-SEPT ESPÈCES D’OISEAUX RECENSÉES EN ISÈRE
Comme chaque année, la LPO invitait les Français à observer et compter les oiseaux présents dans leur jardin. Un comptage national organisé les 26 et 27 janvier qui « permet de rendre compte de l’évolution des oiseaux dits “communs”… mais qui ne le seront peut-être plus un jour », explique la Ligue protectrice des oiseaux.
Suite à ce comptage, la LPO Isère diffuse les « chiffres-clés » pour le département. Avec une nette hausse de la participation : 161 communes ont participé, soit 38 de plus qu’en 2018. Et 264 propriétaires de jardins ont rejoint l’opération, ce qui représente une hausse de plus de 150 % par rapport à l’année précédente.
Des oiseaux communs en déclin
Les données collectées sont tout logiquement en forte augmentation, avec l’enregistrement de 2 356 entrées et, au final, l’observation de près de 9 000 oiseaux. Au total, 57 espèces différentes ont été recensées, avec en moyenne huit espèces différentes par jardin. L’espèce la plus observée ? Le rouge-gorge. Tandis que le tarin des aulnes connaît la plus forte hausse d’observations.
Des chiffres qui ne doivent pas faire oublier le constat dressé par la LPO suite aux comptages de 2018 : les oiseaux communs sont en déclin en Auvergne-Rhône-Alpes. « En dix-sept ans, les oiseaux communs ont diminué de plus de 7 % sur l’ensemble de la région », indique la Ligue. Une diminution encore plus forte pour les espèces agricoles, et les oiseaux de villes et villages.