REPORTAGE VIDÉO - Sophie Cluzel, la secrétaire d'État en charge des personnes handicapées était à Grenoble, ce vendredi 22 février. La ministre a lancé le 114, numéro d'appel d'urgence national pour les sourds et malentendants, en « conversation totale ». Et notamment participé à un “grand débat” sur le handicap et la société inclusive.
Sophie Cluzel, la secrétaire d'État en charge des personnes handicapées auprès du Premier ministre, était de passage à Grenoble, ce vendredi 22 février.
Une visite organisée en vue de rencontrer des professionnels isérois du secteur, dans le cadre de la Conférence nationale du handicap (CNH) 2018-2019.
Le 114, un numéro d'appel d'urgence pour sourds et malentendants
L'occasion pour la ministre de participer à des échanges sur la prise en charge du handicap et de la dépendance à la Maison départementale de l'autonomie (MDA). Mais aussi, en fin de journée, de contribuer à une réunion organisée dans le cadre du Grand débat national sur les thèmes du handicap et de la société inclusive (lire encadré).
Le temps fort de la journée ? La visite du Centre national relais des appels d’urgence pour personnes sourdes et malentendantes (CNR 114) du CHU de Grenoble. Un service public créé en 2011, couvrant l’ensemble du territoire national, en métropole et Outremer, pour répondre à l'obligation légale d'accessibilité. Sophie Cluzel y a officiellement lancé le 114, numéro d'appel d'urgence pour les sourds et malentendants, en conversation totale.
Autrement dit, une plateforme multimédia permettant l'alerte des services d'urgence par visiophonie, conversation textuelle en temps réel et voix, SMS et fax. Le tout en langue des signes et en français.
De 80 000 à 100 000 sourds profonds en France
Le service CNR 114 est une plateforme unique au monde reposant sur une application dédiée – Urgence 114 – disponible sur smartphones IOS et Android. Mais aussi accessible sur internet depuis un ordinateur grâce au site web www.urgences114.fr.
Son objectif ? Permettre aux personnes ne pouvant entendre ou parler d'agir dans l'urgence malgré leur handicap. Et de joindre, comme tout citoyen, le Samu, la police ou les pompiers.
Ce service, cofinancé par les ministères de l’Intérieur et de la Santé, répond à la loi du 11 février 2005 sur l'égalité des droits pour les personnes handicapées. Il fonctionne grâce à une équipe d'urgentistes très spécialisés pilotée par Benoît Mongourdin, médecin responsable du CNR 114.
Retour en images sur quelques séquences de cette visite ministérielle dont la visite du CNR 114, avec la simulation d'une situation proche de la réalité montrant le fonctionnement de la plateforme 114.
En France, 80 000 à 100 000 personnes sont des sourds profonds
« La création d'un service pouvant répondre aux appels d'urgence [de ces personnes] est une demande très ancienne et légitime des usagers », explique le CNR 114. De fait, en France, sur 4 millions de personnes en déficience auditive, près de 450 000 seraient dans l'incapacité d'utiliser leur téléphone.
De surcroît, « 80 000 à 100 000 d'entre elles sont des sourds profonds de naissance dont la langue des signes est la langue de vie », précise le centre national. D'où la nécessité de faire traiter leurs appels par des agents spécialisés.
De gauche à droite : Monique Sorrentino, directrice du CHU de Grenoble et Sophie Cluzel, secrétaire d'État en charge des personnes handicapées. © Joël Kermabon - Place Gre'net
En l'occurrence, des agents de régulation sourds ou entendants, « tous formés au traitement des appels d'urgence, à la langue des signes et à l'écrit spécifique utilisé par les sourds ». Les informations nécessaires sont ensuite transmises aux services appropriés, via les numéros prioritaires dits coupe-file, que sont le 15, le 17 ou le 18.
Pour assurer ce service vingt-quatre heures sur vingt-quatre et sept jours sur sept, le CNR 114 emploie 18 agents, à raison d'un sourd pour deux entendants. « Ce dispositif novateur au plan international ouvre des perspectives d'accessibilité inédites dans le service public », se réjouissent les urgentistes spécialisés.
D'une part, sur le plan linguistique, avec la langue des signes, le français écrit et oral. D'autre part, sur le plan fonctionnel, à travers les appels mixtes texte-voix et l'utilisation du Braille pour les aveugles. Des perspectives « qui intéressent déjà les services d'urgence traditionnels mais aussi ceux des pays voisins », se félicite le CNR 114.
Joël Kermabon
À la rencontre des professionnels isérois du handicap
L'inauguration du CNR 114 en conversation totale n'était pas le seul objectif de la visite de Sophie Cluzel. Dès le matin, cette dernière a visité la Maison départementale de l’autonomie (MDA) et y a participé à des échanges avec des professionnels accompagnant les personnes en situation de handicap.
Elle était accompagnée de Jean-Pierre Barbier, le président du Département, Lionel Beffre, préfet de l’Isère et Laura Bonnefoy, vice-présidente du Département chargée des dépendances et des handicaps.
Une simplification des procédures pour les personnes handicapées
Lors d'une table ronde, la secrétaire d'État a pu échanger sur plusieurs sujets liés aux spécificités du secteur. Notamment les missions d'évaluation des besoins d’accompagnement des parcours dans le périmètre de la MDPH. Quelles demandes des personnes handicapées satisfaire ? Quelles évolutions des pratiques professionnelles envisager ?
Il a été aussi question de la transformation de l’offre territoriale. Comment le Département soutient-il l’émergence des réponses inclusives ? En quoi l’organisation en MDA facilite-t-elle l’adaptation de ces mêmes réponses ?
L'occasion pour Sophie Cluzel de rappeler « son engagement quant à la simplification des procédures des personnes handicapées ». Notamment pour l’attribution des droits à vie acté par le décret du 27 décembre dernier.
La ministre a aussi insisté sur « l’importance de la transformation de l’offre au service d’un meilleur accompagnement des parcours de vie des personnes en situation de handicap ».
Deux cents personnes au Grand débat sur le handicap et la société inclusive
Après son passage au CHU, Sophie Cluzel s'est rendue à la Maison des associations pour participer à une réunion dans le cadre du Grand débat national. Un débat coorganisé par l'association Handicap 38 et Olivier Véran, député LREM de la 1re circonscription.
Les thèmes ? Le handicap et la société inclusive. Des sujets sur lesquels près de 200 personnes ont planché deux heures durant.