FIL INFO – La disparition de Pierre Gascon, membre de la Résistance et ancien déporté, a suscité une vive émotion au sein de la classe politique iséroise. Passeur de mémoire, Pierre Gascon aura été une figure de la vie politique du département, en tant que premier adjoint du maire Alain Carignon et conseiller général, mais aussi président du tribunal de commerce de Grenoble.
Les réactions sont nombreuses après l’annonce de la disparition de Pierre Gascon, décédé mercredi 13 février. Né le 15 mai 1921, le jeune étudiant intégra la Résistance à l’âge de 20 ans. Il fut arrêté le 21 septembre 1943, puis déporté et interné au camp de concentration de Buchenwald jusqu’à la Libération par les troupes américaines le 6 mai 1945. S’il est revenu vivant de Buchenwald, ce n’est pas le cas de son père, également résistant, qui y a trouvé la mort.
Pierre Gascon a été par la suite chef d’entreprise et président du tribunal de commerce de Grenoble. Mais également conseiller général de l’Isère et conseiller régional Rhône-Alpes, ainsi que premier adjoint de la Ville de Grenoble en 1983. En parallèle, Pierre Gascon témoignera toute sa vie de son expérience de résistant et des horreurs de la guerre.
En lui rendant hommage, le Musée de la Résistance et de la Déportation de l’Isère n’a d’ailleurs pas manqué de rappeler qu’il a contribué à sa fondation en 1966.
Alain Carignon salue la mémoire de son ancien premier adjoint
Dans un communiqué, l’ancien maire de Grenoble Alain Carignon fait part de sa grande émotion à l’annonce de ce décès. Et rend hommage à celui qui fut son adjoint. « Il a été un premier adjoint au maire exemplaire, gérant l’administration communale avec une autorité acceptée de tous et un sens de l’humain apprécié des employés municipaux », écrit-il.
Sans oublier de régler des comptes, en ajoutant : « Il a fait face ensuite et vaincu avec une force qui fait mon admiration les attaques judiciaires de ses adversaires politiques qui n’ont pas eu la décence de respecter ses engagements et son grand âge. »
Des péripéties judiciaires en face desquelles, écrit encore Alain Carignon, Pierre Gascon « a fait preuve d’une élégance, d’un détachement apparent, d’une hauteur de vue qui semait loin les médiocres ». Et de souligner la discrétion de l’homme face à son passé douloureux : « Jamais il n’a fait la moindre allusion à son expérience de l’horreur, même si on pouvait lire dans son attitude qu’il était désormais à l’abri de toutes les petitesses. »
Hommages de la Ville de Grenoble, du Département et de la Région
Tonalité bien différente du côté de la municipalité grenobloise, qui présente à sa famille ainsi qu’à ses proches ses sincères condoléances. Et rappelle qu’en 2017 Éric Piolle avait remis à Pierre Gascon la médaille d’or de la Ville « pour saluer sa vie d’engagement, sa force et son courage ».
Le conseiller municipal d’opposition de Grenoble Matthieu Chamussy évoque lui aussi « un homme d’engagements » et un passeur de mémoire. Jean-Pierre Barbier, président du Département de l’Isère, salue pour sa part « le sens du dialogue, la rigueur et l’humanisme » de Pierre Gascon, désigné comme « un exemple à suivre ».
Le sénateur de l’Isère Michel Savin et le vice-président de la Région Auvergne-Rhône-Alpes Yannick Neuder ont également tous deux exprimé leur tristesse. « C’est un homme de valeurs, qui donnait sens aux mots honneur et engagement qui nous quitte », écrit ainsi Yannick Neuder.