FIL INFO – Près de quinze jours après leur expulsion, les familles avec enfants qui occupaient le 130 cours Berriat à Grenoble n’ont toujours pas de solution de logement. Et l’association École ici et maintenant, qui a interpellé la préfecture de l’Isère sur leur situation, reste sans réponse de la part des services de l’État.
Que sont devenues les familles roms délogées du 130 cours Berriat à Grenoble le mercredi 30 janvier ? Le 4 février, l’association École ici et maintenant adressait à la préfecture de l’Isère une lettre ouverte, dénonçant une expulsion sans relogement, ceci en pleine trêve hivernale. Une semaine après, la réponse des services de l’État se fait encore attendre.
L’association n’a pas obtenu plus de retour de la part de la Région Auvergne-Rhône-Alpes ni du Département de l’Isère, également contactés. Élise Duloutre, coprésidente de l’association, explique en revanche être en contact avec la Ville de Grenoble. « La mairie n’était pas au courant de cette expulsion ordonnée par la préfecture. Elle essaye d’avoir plus d’informations et de faire ouvrir une structure d’hébergement », explique-t-elle.
Treize adultes et 24 enfants
Sollicitée par Place Gre’net, la préfecture de l’Isère se borne à rappeler les faits : occupé depuis l’été 2018, l’immeuble appartient à une société privée. « Un jugement du tribunal d’instance de Grenoble a été rendu le 6 décembre 2018, supprimant la trêve hivernale et mentionnant des risques électriques pour les occupants », ajoute-t-elle. Quid de l’interpellation de l’association École ici et maintenant ? La question est (également) restée lettre morte.
Combien de personnes sont concernées ? « Au 130 cours Berriat, nous suivions cinq familles mais il y avait aussi d’autres gens, des couples ou des adultes célibataires que l’on ne connaissait pas bien », précise l’association.
Dédiée à l’accompagnement scolaire des enfants en situation de grande précarité, École ici et maintenant est en effet avant tout en contact avec les familles. Soit treize adultes et 24 enfants mineurs, dont beaucoup de moins de 10 ans.
Des familles présentes sur Grenoble depuis plusieurs années
« Aujourd’hui, [les familles] sont hébergées par des proches, des amis ou de la famille, mais ce n’est pas stable du tout. Elles changent d’endroit toutes les nuits pour dormir », explique encore Élise Duloutre. Si les enfants sont « tous à l’abri », poursuit-elle, leurs conditions de vie sont évidemment précaires. Et leur scolarité très perturbée : « Certains réussissent à aller à l’école mais ce n’est pas évident quand ils sont à l’autre bout de la ville et que l’école est à Saint-Bruno. »
Les familles sont pourtant depuis « très longtemps » sur le sol grenobloise, assure la coprésidente de l’association. « Cela fait au moins cinq ans qu’on les suit sur Grenoble », confie-t-elle ainsi. Des familles qui sont notamment passées par le village d’insertion du Rondeau. Un lieu d’accueil provisoire qu’elles ont au final quitté sans trouver de solution pérenne de logement. Allant de squats en bidonvilles suivant le rythme des expulsions.