ENQUÊTE - Il a conduit les enquêtes publiques du Center parcs de Roybon, de la zone d'aménagement Portes du Vercors et, plus récemment, d'Inspira, zone industrialo-portuaire située dans le nord Isère. Gabriel Ullmann a été radié. Jugé partial, trop investi, trop tatillon et même dispendieux, il a été poussé vers la sortie par une commission… dont la composition pose question. Aujourd'hui, le commissaire enquêteur saisit la justice.
Le commissaire enquêteur chargé de la conduite de l'enquête publique du Center parcs comme de la zone industrialo-portuaire en nord Isère a été radié. © montage Patricia Cerinsek
Le 6 décembre dernier, Gabriel Ullmann a été radié. Ce commissaire enquêteur a conduit en près de vingt-cinq ans une soixantaine d'enquêtes publiques sur des projets susceptibles d'avoir un impact sur l'environnement.
Il est rare qu'une telle mesure, la plus grave dans l'échelon disciplinaire, soit prononcée. En Isère, elle survient dans un contexte très particulier.
Le préfet vient en effet de donner son feu vert à Inspira, projet d'aménagement d'une zone industrialo-portuaire au sud de Vienne, dans la continuité de la plateforme chimique de Roussillon. Un projet de 250 hectares qui prévoit d'accueillir plusieurs entreprises classées Seveso et censé conforter les infrastructures de report modal vers le fret et le fluvial. Mais à proximité d'habitations et en partie en zone inondable. Un projet qui a reçu le 27 juillet 2018 l'avis unanimement défavorable de la commission d'enquête présidée par Gabriel Ullmann *.
Avis défavorables pour le Center parcs, la Zac Portes du Vercors et Inspira
Les trois commissaires enquêteurs sont sévères. Si « le site présente de nombreux atouts », soulignent-ils dans leur avis, le projet est desservi par une « déficience d'états des lieux dans plusieurs domaines », un « manque de mesures concrètes », « le report constant à des études ultérieures malgré des urgences chroniques (ressources en eau de nappe, voiries congestionnées, surexposition à des pollutions et des nuisances) » et « l'insuffisance rédhibitoire de réelles mesures compensatoires à la destruction d'habitats naturels remarquables, voire patrimoniaux pour certains ».
Le dossier pointe de nombreuses atteintes à la biodiversité, le problème de la recharge des nappes d'eau souterraines mais aussi une aggravation des nuisances. Notamment des pollutions, avec un trafic poids lourds de 2 700 véhicules supplémentaires par jour.
Pour la commission d'enquête publique, le verdict est sans appel. « Le dossier doit être entièrement repris sur la base d'un projet mieux dimensionné, bien mieux compensé et bien plus protecteur des tiers. En résumé, c'est “trop gros, trop tôt”. »
Un commissaire enquêteur partial, selon Jean-Pierre Barbier
Un empêcheur de bétonner en rond, comme se plaisent à le dépeindre certains ? Ce n'est pas la première fois que Gabriel Ullmann, docteur-ingénieur chimiste et docteur en droit de l'environnement, décerne un carton rouge à un projet en Isère…
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