FIL INFO — Les salariés du site grenoblois de STMicroelectronics n’auront pas de « prime Macron ». De quoi faire bondir la CGT, qui rappelle les 800 millions d’euros de bénéfices de l’entreprise. Et dénonce au passage des hausses de salaire vertigineuses pour la direction et les « cadeaux » à l’intention des actionnaires. Un rassemblement est organisé lundi 18 janvier devant le site de STMicro Crolles entre 12 heures et 14 heures.
La CGT ne décolère pas : les salariés du site grenoblois de STMicroelectronics n’ont pas vu la couleur de la « prime Macron ». Face au mouvement des Gilets jaunes, le président de la République avait appelé les entreprises, sur la base du volontariat, à distribuer une prime d’un montant d’environ 1 000 euros à leurs salariés. Si plusieurs d’entre elles ont répondu à l’appel, ce n’est pas le cas de STMicro.
« La direction, avec mépris, a refusé catégoriquement de verser cette prime et promet à la place […] un supplément (soit un “Booster” à la prime d’intéressement qui s’annonce d’ores et déjà décevante », écrit le syndicat dans un tract. Et la CGT de dresser une liste, non exhaustive, des entreprises ayant accepté de verser la fameuse prime à ses salariés. Parmi lesquelles des sociétés dont les bénéfices 2017 sont bien inférieurs au 800 millions enregistrés par STMicro.
Une « inégale répartition des richesses »
Pour autant, la CGT n’oublie pas de critiquer vertement le « tour de passe-passe » d’Emmanuel Macron. Et rappelle préférer une augmentation de salaires au versement d’une prime ponctuelle. Mais, là encore, le bât blesse : « L’inégale répartition des richesses produites par le travail existe belle et bien à ST », écrit le syndicat.
En cause ? Des hausses de salaires bien disparates et aux effets quasi-nuls dans certains cas. Alors que les employés ont bénéficié d’une hausse d’environ 2 % sur leur fiche de paie, soit un chiffre à peine supérieur au 1,6 % de l’inflation, la direction a vu sa rémunération augmentée de 35 %. Auxquels viennent s’ajouter, poursuit le syndicat, 100 000 actions à l’intention du nouveau PDG du groupe. Et des « cadeaux » jugés plus que généreux à l’intention des actionnaires.
Rassemblement lundi 21 janvier devant le site de ST Crolles
Pour toutes ces raisons, la CGT appelle à un rassemblement « sans grève » lundi 21 janvier devant l’entreprise STMicroelectronics de Crolles. Objectif ? Occuper le rond-point situé face au le site, entre 12 et 14 heures, soit pendant le temps de pause-déjeuner du personnel. Et le syndicat de battre le rappel : « Nous comptons sur votre présence pour montrer votre mécontentement et aussi débattre TOU-TE‑S ensemble sur ce manque de reconnaissance chronique ! »
Le mouvement ne serait qu’une première étape, désignée par la CGT comme l”« Acte 1 ». Le syndicat ne s’empare pas par hasard de la terminologie et du lieu d’expression des Gilets jaunes : à ses yeux, le mouvement traduit « un problème de pouvoir d’achat, que le pouvoir exécutif, et surtout le patronat, feignent d’ignorer ». Et qui ne pourra être résolu que par des hausses de salaire, que le syndicat entend réclamer en promettant d’autres actes de mobilisation.
FM
Suite à la parution de notre article, la direction de STMicroelectronics fait savoir qu’elle « répond favorablement aux attentes exprimées d’un effort de notre société, dans le contexte national actuel ». Ainsi, poursuit-elle, « en plus de l’intéressement 2018, ST a décidé de verser une somme supplémentaire exceptionnelle au travers de ses dispositifs existants et indépendamment du niveau d’intéressement 2018 ».
« Les Organisations Syndicales Représentatives sont convoquées pour négocier et fixer les modalités de distribution de cette somme début février, que la Direction souhaite voir bénéficier en priorité aux premiers niveaux de salaire », conclut la direction. Tout en contestant les assertions de la CGT selon laquelle elle se serait octroyée une augmentation de 35 %. « Une information étrange », commente-t-elle.