REPORTAGE VIDÉO - Les “gilets jaunes” de l'agglomération grenobloise se sont une nouvelle fois rassemblés ce samedi 8 décembre, parc Paul Mistral, à l'occasion de leur quatrième journée de mobilisation. Malgré l'interpellation dès le matin de Julien Terrier, l'un de leurs porte-parole, ils étaient près de 1 500 au plus fort de la journée à déambuler dans Grenoble avant de rallier la préfecture de l'Isère. En début d'après-midi, après négociations, une délégation a finalement été reçue par le préfet de l'Isère.
Ce samedi 8 décembre aux alentours de 9 heures du matin, le parc Paul-Mistral commence à s'animer avec l'arrivée de petits groupes de “gilets jaunes” de l'agglomération grenobloise. Tous convergent vers la tour Perret, le point de rendez-vous de cette quatrième journée de mobilisation du mouvement citoyen .
L'objectif de ce rassemblement de plusieurs centaines de personnes à ses débuts ? Marcher vers la préfecture de l'Isère pour tenter de faire entendre leur revendications au préfet, représentant de l'État, et que celui-ci puisse les relayer.
Aux abords du parc, de nombreuses forces de police fouillent les participants arrivant au compte-goutte. Le but de ces contrôles ? Vérifier qu'ils ne détiennent pas des objets démontrant une intention d'en découdre avec les représentants de l'ordre.
Masques pour se protéger des lacrymogènes, lunettes de plongée et même des ampoules de sérum physiologique seront ainsi confisqués séance tenante par des policiers plus que zélés. Précautions complétées par d'importants déploiements d'unités de la gendarmerie mobile qui illustraient bien les consignes gouvernementales de ne pas se laisser déborder de quelque façon que ce soit.
Julien Terrier, l'un de porte-parole des gilets jaunes placé en garde à vue
Pour autant, tous l'affirment, pas question de débordements ou de dégradations, le mouvement se veut pacifique et les “gilets jaunes” comptent bien le démontrer au cours de cette nouvelle journée d'action. Le hic c'est que, comme à l'accoutumé, ce nouveau rassemblement n'a fait l'objet d'aucune déclaration en préfecture et qu'il est, dès lors, illicite.
Un argument qui servira de prétexte à la mise en garde à vue de Julien Terrier, l'un des porte-parole du mouvement en Isère. Ce dernier sera interpellé sans ménagement dès le matin et ce avant même que le cortège ne s'ébranle vers la préfecture. Le motif invoqué ? « Manifestation illicite et participation délictueuse à une manifestation », ont indiqué les services de police.
Au plus fort de la journée, les rangs ayant grossi au fil des déambulations, près de 1 500 personnes ont participé à cette mobilisation Retour en images sur cette journée qui, si l'on excepte l'arrestation de Julien Terrier et une échauffourée aux abords de l'Hôtel de police de Grenoble, s'est déroulée pacifiquement sans que l'on ait à déplorer de graves incidents.
Une délégation de gilets jaunes reçue par le préfet de l'Isère
En fin d'après-midi, on apprendra que Julien Terrier était sorti de sa garde à vue. Le porte-parole en explique d'ailleurs le déroulement dans une vidéo publiée sur la page Facebook du mouvement des “gilets jaunes” de l'agglomération grenobloise. Une sortie sans doute facilitée, estime le parte-parole, par la délégation constituée de quatre personnes finalement reçue par le préfet. Une délégation qui comptait bien demander sa libération ainsi que la tenue d'un « référendum d'initiative populaire » réclamée à cor et à cri depuis ses débuts par le mouvement citoyen.
En tout cas de quoi se réjouir, se félicite Julien Terrier, « la journée a parfaitement fonctionné », puisque son objectif initial d'obtenir une audience du préfet a été atteint. « Après deux refus, le préfet a enfin accepté de nous recevoir, nous allons pouvoir désormais lui soumettre nos doléances », explique-t-il dans sa vidéo.
Concernant d'éventuelles poursuites, le leader se veut rassurant. « Je ne pense pas qu'il y aura beaucoup de suites », augure-t-il, confiant. Et de donner rendez-vous, pour organiser un éventuel cinquième acte d'une mobilisation qui n'en finit pas, lors d'une assemblée générale qui se tient ce dimanche 9 décembre à Grenoble.
Les objectifs de cette réunion ? Une analyse de la journée d'action passée et un travail sur les revendications, tout autant que sur la structuration du mouvement. Et ce alors même qu'Emmanuel Macron, le président de la République, s'apprête à reprendre l'initiative ce mardi 11 décembre avec des annonces censées répondre aux inquiétudes des “gilets jaunes”.
Des incidents en marge de la mobilisation et un journaliste hué
Concernant les événements de la journée en Isère où l'on pouvait recenser 28 points de rassemblement, le préfet déplorait à 16 h 30 des incidents qui ont donné lieu à 32 interpellations. Notamment cinq à Saint-Quentin-Fallavier, trois à Rives, cinq à Voreppe, une à Saint-Jean-De-Soudain, une à Crolles et dix-sept à Grenoble, « en raison de comportements dangereux ou d’incivilités graves », indiquent les services préfectoraux.
À noter aussi, des affrontements en fin d'après-midi au carrefour Alsace-Lorraine - Jean-Jaurès qui n'étaient pas du fait des gilets jaunes mais de délinquants. La conjonction des deux manifestations des gilets jaunes et de la Marche pour le climat a par ailleurs occasionné de grosses perturbations sur le réseau Tag.
En ville, beaucoup d'enseignes avaient préféré baisser leurs rideaux. Le résultat ? Une journée jaune et verte mais noire pour les commerçants et les chalands en cette période de fêtes.
Vers 14 h 30, les rangs se sont peu à peu éclaircis place de Verdun, beaucoup de gilets jaunes faisant le choix de rejoindre la marche pour le climat. Nombre d'entre eux estimaient, en effet, que leur lutte respective convergeant sur nombre de points, « l'union ferait la force ».
Enfin, signalons également qu'après le départ de la délégation qui devait être reçue par le préfet, un journaliste d'Europe 1 a dû quitter le rassemblement précipitamment sous les huées de quelques participants. Ce journaliste pourtant connu favorablement des gilets jaunes les a longuement suivis au cours de leurs différentes actions sur l'agglomération. Et ce sans qu'ils trouvent à y redire. Beaucoup d'entre eux n'ont d'ailleurs pas compris les raisons de cette bronca initiée par un citoyen ne portant pas la fameuse chasuble jaune emblématique du mouvement.
Joël Kermabon