FIL INFO — Nouvelle présidence en binôme et premières propositions du groupe d’opposition socialiste du Conseil départemental de l’Isère. À mi-mandat, les membres de l’ancienne majorité fustigent une équipe dénuée de regard vers l’avenir, en particulier sur les enjeux sociaux et environnementaux.
En pleine période de mi-mandat pour l’actuelle majorité du Conseil départemental de l’Isère, le groupe d’opposition socialiste commence à fourbir les armes pour les prochaines élections, prévues pour 2021. Et change pour l’occasion de présidence, Bernard Michon passant la main à un binôme composé d’Amandine Germain, élue du canton Grenoble 4, et Erwann Binet, du canton de Vienne 1.
« J’ai besoin de retrouver du temps pour me consacrer davantage à l’Espace Belledonne, à ma communauté de communes, à ma commune, et j’ai donc souhaité passer la main », explique Bernard Michon. Qui confirme que cette passation à deux personnes plus jeunes, regroupant Nord-Isère et Sud-Isère tout en constituant une parité de genre, s’inscrit dans une volonté de reconquête politique. « C’est aussi dans ma tête ! », confie-t-il volontiers.
« Un manque d’ambition et de vision d’avenir »
Pas question toutefois pour Amandine Germain de parler d’un déclenchement des hostilités. « On commence à avancer des propositions », tempère-t-elle. Ainsi qu’à critiquer les orientations du Département, alors que le prochain débat budgétaire doit se tenir le vendredi 16 novembre. « L’Isère est gérée, comme dit le président du Département [Jean-Pierre Barbier, ndlr], mais elle manque grandement d’ambition et de vision d’avenir », fustige-t-elle.
« Nous sommes face à de nouveaux besoins sociaux, face à une urgence climatique. Le Département se doit de trouver des solutions innovantes. Au lieu de cela, on continue avec les trois piliers de la politique départementale que sont la famille, le cadre de vie et l’attractivité du territoire, comme si la société n’était pas en mouvement et que de nouveaux enjeux n’apparaissaient pas », ajoute la conseillère départementale grenobloise.
Et Erwan Binet d’enchérir : « Le rôle du politique, c’est de porter un regard sur les enjeux. Si on fait de la politique, ce n’est pas pour gérer les collectivités : il y a des fonctionnaires qui le font très bien, on peut compter sur eux ! », professe l’élu viennois. Le souci ? « En considérant que tous les partenaires qui travaillent avec le Département sont des prestataires, le Département n’est pas au rendez-vous des innovations qu’ils pourraient porter », juge-t-il.
Trois propositions du groupe socialiste
En attendant de présenter un contre-projet, qui « viendra en temps et en heure », Amandine Germain expose trois propositions que le groupe socialiste entend porter dès à présent. Elle voudrait tout d’abord voir le Département de l’Isère s’inscrire dans l’expérimentation du revenu de base, « outil de lutte contre la pauvreté ». Une idée portée par plusieurs conseils départementaux en France, et qui devrait donner naissance à un projet de loi en janvier 2019.
Deuxième point : la lutte contre la désertification médicale. « La majorité propose de l’aide à l’installation et l’investissement, et tout le monde sait que les médecins restent le temps que la convention les lient puis partent dans d’autres territoires », relate Amandine Germain. Les socialistes proposent la création de centres de santé départementaux assumant une médecine salariée et invitent Jean-Pierre Barbier à prendre exemple sur les centres de santé de Grenoble.
Enfin, se pose la question environnementale. « La majorité a supprimé des subventions à des associations. L’environnement n’apparaît nulle part dans les orientations budgétaires telles que présentées aujourd’hui… », dénonce le groupe. Celui-ci rêve d’une Isère « territoire à énergie positive » et attend que les subventions s’inscrivent dans cette démarche via une écoconditionnalité des aides. Cette dernière avait d’ailleurs été instaurée par la majorité précédente puis supprimée par l’équipe en place.