EN BREF – Lors du conseil municipal, ce lundi 5 novembre, le groupe d’opposition Ensemble à Gauche reviendra une nouvelle fois sur le projet de renouvellement urbain de la Villeneuve de 2018 – 2025. En début de séance, lors d’une question orale, le groupe demandera au maire écologiste Eric Piolle de déclarer s’il compte « solennellement » empêcher ou non les démolitions probables du 10, du 60 sud, du 90, du 110 et du 120 galerie de l’Arlequin. Soit près de 475 logements, ainsi que des services publics dont la bibliothèque de l’Arlequin.
Les démolitions des immeubles 10, 60 Sud, 90, 110 et 120 de la galerie de l’Arlequin du quartier Villeneuve de Grenoble ne sont pas d’actualité, tout du moins pas encore.
Le sort de ces immeubles et des locaux des services publics situés au 90 (Le Patio, la bibliothèque Arlequin…) sera rediscuté en 2021.
Ainsi en a décidé le comité d’engagement de l’Agence nationale pour la rénovation urbaine (Anru) dans son avis rendu en juillet dernier.
Or, dans le même document révélé par Le Crieur de La Villeneuve, le comité chiffre le coût de la démolition de ces immeubles, sans envisager le chiffrage de la réhabilitation.
Ce document, qui n’aurait visiblement pas dû tomber dans les mains des habitants a soulevé l’indignation des locataires et des usagers des services publics concernés, ainsi qu’a fortiori des militants contre les démolitions, de Droit au logement (Dal), du Collectif contre les démolitions imposées et de l’association des Résidents du 10 – 20 de la galerie de l’Arlequin. Le Parti socialiste s’est aussi fendu d’un tract.
Quid de l’avis du maire écologiste qui a son mot à dire au comité d’engagement de l’Anru ? Défendra-t-il bec et ongles le projet de réhabilitation de ces logements, le moment voulu ?
Sacrifier des immeubles pour contenter « l’Ogre Anru »
Certes la majorité du Rassemblement citoyen solidaire et écologiste (RCSE) a manifesté à plusieurs reprises son souhait de réhabiliter le plus possible à la Villeneuve et de démolir le moins possible…
Seulement, plusieurs faits et épisodes du feuilleton de la concertation autour du renouvellement urbain ont nourri la défiance à l’encontre de la majorité RCSE d’un certain nombre habitants et militants de la Villeneuve, ainsi que du groupe d’opposition Ensemble à gauche.
« Au cours d’une réunion, la Ville a annoncé que le 90 allait être détruit. Six mois plus tard, il ne l’était plus », rappelle ainsi Guy Tuscher. Voilà que l’épée de Damoclès resurgit au dessus du 90.
Malgré les engagements de la majorité de coconstruire avec les habitants et la mobilisation sans relâche de ces derniers, soutenus par des militants, contre la démolition du 20, le maire “sacrifie” précisément cet immeuble pour contenter « l’Ogre Anru », comme l’appelle Ensemble à gauche.
Tout en dénonçant le protocole de relogement, les habitants croyaient l’immeuble 10 sorti d’affaire…
La victoire aura été de courte durée car le comité d’engagement, lui, n’entend pas soutenir financièrement cette réhabilitation.
Et d’ajouter le 10 à la liste des immeubles susceptibles d’être livrés aux bulldozers à compter de 2021.
« Qu’est-ce que le maire va vraiment défendre auprès de l’Anru en 2021 ? On en arrive à avoir des doutes », ponctue Guy Tuscher.
Le sort des immeubles suspendu à l’évolution du quartier
Ajouté à cela, le manque de transparence de la majorité incite, qui plus est, à la soupçonner de cacher ses véritables intentions. À plusieurs reprises, le groupe Ensemble à gauche a réclamé, tant au maire de Grenoble qu’au président de la Métropole Christophe Ferrari, de pouvoir consulter les éléments présentés, en juillet, lors du comité d’engagement.
Bien que les décideurs aient publiquement affirmé le contraire, ledit document de présentation n’a jamais été transmis à Ensemble à gauche.
Venus à la réunion du samedi 20 octobre, les locataires concernés auraient sans doute apprécié entendre le maire Eric Piolle assurer son engagement à se battre pour les réhabilitations du 10, le 60 Sud, le 90, le 110 et 120. Il n’en a rien été.
Le maire s’est retranché derrière la proposition du comité d’engagement, lequel convient de se décider en 2021 à la lumière de l’évolution du quartier. Et Eric Piolle d’exhorter les habitants à participer au changement positif de la Villeneuve pour qu’il n’y ait pas de futures démolitions.
« Trois ans pour changer un quartier, cela risque de faire juste, redoute Bernadette Richard-Finot, qui forme avec Guy Tuscher le binôme d’Ensemble à gauche. Et quels sont ces critères d’évaluation ? Le bruit dans les coursives, le grand banditisme ? », ironise-t-elle.
Une question orale… et un débat si besoin
Si le maire se dérobe à la question orale, Ensemble à gauche exigera, cette fois, de pouvoir entamer un débat au sein du conseil municipal. Le règlement intérieur ne le prévoit pas mais la jurisprudence, qui prévaut sur le règlement, le permet. Le premier magistrat ne peut donc pas légalement interdire un débat qui fait suite à une question orale.
Séverine Cattiaux