EN BREF – Kitty Lequesne, présidente de l’association EGR38 (Les États généraux de la rénovation), a déposé plainte cette semaine auprès du procureur de la République contre la Ville de Grenoble pour « faux en écriture publique et discrimination ». Objet de la controverse : le « Forum d’échanges citoyens pour l’alternance » organisé par les partisans d’Alain Carignon, le 8 septembre dernier, square Docteur Martin. Cette proche de l’ancien maire et ministre accuse la municipalité d’avoir tenté d’empêcher la tenue de l’événement et menti sur l’indisponibilité de la place Victor-Hugo, ce jour-là.
Le 8 septembre dernier, les partisans de l’ancien ministre et maire de Grenoble lançaient le premier étage de la fusée Carignon en vue des municipales 2020.
Si l’événement, organisé au square Docteur Martin, se voulait officiellement un « Forum d’échanges citoyens pour l’alternance », mené par des membres de la société civile autour de quatre grandes thématiques, le message était clair : Alain Carignon prépare les municipales de 2020. Il n’y pense plus seulement en se rasant mais lorgne désormais ouvertement vers la mairie, vingt-deux ans après sa condamnation à cinq ans de prison, dont un avec sursis, pour « corruption, abus de biens sociaux et subornation de témoins ».
Kitty Lequesne accuse la municipalité d’avoir « abusé de son pouvoir »
Une entrée en campagne officieuse qui, un mois après, revient sur le devant de la scène. En cause, une plainte déposée en début de semaine auprès du procureur de la République de Grenoble pour « faux en écriture publique et discrimination », contre la Ville de Grenoble.
Instigatrice de la procédure : Kitty Lequesne, présidente des États généraux de la rénovation (EGR38) – association créée début 2009 – et proche d’Alain Carignon.
Coorganisatrice du forum, elle accuse la municipalité Piolle d’avoir « abusé de son pouvoir » et « tout mis en œuvre pour rendre impossible l’expression de l’opposition et le dialogue avec les Grenoblois ». Traduction : la Ville aurait, selon elle, mis des bâtons dans les roues des organisateurs pour gêner, voire empêcher la tenue du forum.
Kitty Lequesne a expliqué les raisons de son courroux dans un communiqué transmis ce jeudi : « En date du 8 juin 2018, nous avons sollicité la Ville et la préfecture pour organiser un forum citoyen le 8 septembre, place Victor-Hugo. Au titre des conditions de sécurité, le préfet de l’Isère nous a délivré son autorisation en juillet. Il a fallu attendre le 9 août pour que le maire fasse répondre que cette autorisation était impossible du fait d’une autre manifestation organisée ce jour-là au même lieu. »
« Manœuvres » de la mairie ou manigance opportune de l’entourage de Carignon ?
Jointe ce vendredi, Kitty Lequesne ajoute : « La mairie nous a proposé le Jardin de ville mais nous ne voulions pas organiser le forum devant deux pelés et trois tondus. » Elle explique avoir alors envoyé une « nouvelle demande pour le square Docteur Martin » à la même date, dont « l’autorisation [leur] est parvenue le 31 août, huit jours avant ».
D’aucuns rétorqueraient ainsi que le forum s’est in fine déroulé sans encombres, square Docteur Martin. Mais Kitty Lequesne s’insurge, précisant : « Le 8 septembre, nous avons demandé à un huissier de faire constater que la place Victor-Hugo était totalement vide et que personne n’occupait les lieux. »
Elle dénonce « des manœuvres qui ont pour objet de mettre l’institution municipale au service d’un seul clan ». S’il pourrait être tentant de voir derrière cette plainte une manigance opportune de l’entourage d’Alain Carignon, à dix-huit mois des élections municipales, Kitty Lequesne se défend d’être « belliqueuse. On n’est pas là pour se battre, affirme-t-elle, mais pour constater les faits et permettre à la justice d’enquêter. »
La Ville de Grenoble n’a fait aucun commentaire
Parallèlement à cette plainte intentée auprès du procureur de Grenoble, EGR38 a également contacté il y a trois jours le parquet de Valence, qui a ouvert, fin mai, une enquête préliminaire pour favoritisme – a priori suite à un signalement de la chambre régionale des comptes – visant notamment l’octroi de l’organisation de la Fête des tuiles en 2015 et 2016 à l’association Fusées, soutien notoire d’Éric Piolle.
Sollicitée à deux reprises, ces derniers jours, pour répondre à ces attaques, la Ville de Grenoble n’a fait aucun commentaire, indiquant ce vendredi qu’elle ne souhaitait pas communiquer sur le sujet dans l’immédiat.