FOCUS – Renouvellement de la flotte, aménagement d’infrastructure, nouvelles lignes Chrono et Proximo, « solutions agiles » basses émissions avec le remplacement du diesel par le biogaz… Telles sont les nouveautés de la « rentrée des mobilités » mises en œuvre par le Syndicat mixte des transports en commun de l’agglomération grenobloise (SMTC) dès ce lundi 3 septembre. En toile de fond, la transition énergétique et la promesse d’une offre de mobilité encore plus performante sur l’agglomération.
L’amélioration de la qualité de l’air dans l’agglomération grenobloise ? Depuis plusieurs années, le Syndicat mixte des transports en commun de l’agglomération grenobloise (SMTC) en a fait sa principale priorité et l’objet de toutes ses attentions.
« Ici, nous avons rendu possible ce qui n’était pas possible, ce que certains lobbies ou industriels nous indiquaient inimaginable. En 2014, à l’unanimité, nous avons décidé de ne plus acheter de diesel », expose non sans fierté Yann Mongaburu, le président SMTC.
En cette période de rentrée, l’autorité de transport se montre plus déterminée que jamais à lutter contre le dérèglement climatique dans le respect de la Cop21. Yann Mongaburu a présenté, ce jeudi 30 août, les nouveautés de la « rentrée des mobilités » 2018 – 2019 mises en œuvre par le SMTC. Le tout à l’issue d’un long discours liminaire sur le dérèglement climatique et ses conséquences, tout autant que sur la nécessité de presser le pas pour accélérer la transition énergétique. Des annonces qui prennent effet dès ce lundi 3 septembre dans l’ensemble de l’agglomération grenobloise mais aussi dans son Grand sud, le Voironnais et le Grésivaudan.
Renouvellement du matériel roulant pour « accélérer la transition énergétique »
« Cette rentrée, c’est 43 bus et cars neufs qui rouleront sur des lignes majeures de l’agglomération. Un investissement majeur pour continuer à nous libérer du diesel et reconquérir la qualité de l’air », annonce Yann Mongaburu. De fait, la part du parc de véhicules du SMTC roulant au diesel est passée, entre juin 2014 et cette rentrée 2018 – 2019, de 73 % à 28 %. Autant de véhicules qui utiliseront le gaz naturel pour circuler.
Des chiffres « bien au-delà de ce que la loi nous oblige à faire », assure le président du SMTC. En l’occurrence les obligations fixées par la loi de Transition énergétique pour la croissance verte (LTECV) du 18 août 2015.
« D’ici 2021, avec quatre ans d’avance sur nos engagements, nous aurons libéré totalement le réseau de l’agglomération grenobloise du diesel », se félicite le président. Pour parvenir à cet objectif d’un réseau 100 % basse émissions, 35 bus articulés et 29 bus standard diesel ainsi que 45 bus standards roulant au gaz seront remplacés par des véhicules de capacité équivalente à faibles émissions.
Concrètement ? Trente-cinq bus au gaz naturel circuleront sur les lignes Chrono C5, C6 et la nouvelle ligne C7 à compter de ce mois de septembre. Tandis que treize autocars, eux aussi fonctionnant au gaz naturel, seront mis en service sur la future ligne Proximo 25 qui va desservir Le-Ga, Varces et Grenoble. Ces derniers matériels viendront compléter la flotte des 29 bus au gaz naturel mis en service sur le réseau au printemps 2017.
« En 2018, nous faisons le choix de nous fournir en biogaz »
Au-delà du renouvellement du matériel roulant, s’est posée la question de la fourniture d’énergie. « En 2015, nous avons fait le choix de nous fournir en électricité 100 % renouvelable. En 2018, nous faisons le choix de nous fournir en biogaz, le BioGNV », poursuit Yann Mongaburu. Ses avantages ? Si le gaz naturel “classique” est généralement importé, le BioGNV est quant à lui produit localement, contribuant en cela à l’autonomie énergétiques des territoires.
Ce biocarburant est issu de la station d’épuration Aquapole située au Fontanil-Cornillon exploitée par Gaz et électricité de Grenoble (GEG) et Suez, l’expert français dans le domaine de l’eau. Ensuite, le biogaz permet d’obtenir un gain énergétique, environnemental et économique beaucoup plus élevé que celui du gaz naturel. « Ce qui était un déchet devient une ressource produite localement », ne manque pas de souligner Yann Mongaburu.
Pour autant, « un verrou » subsistait pour parvenir à libérer totalement du diesel le réseau de transports en commun de l’agglomération : le passage souterrain Malakoff-Valmy. En cause ? Sa hauteur. C’est en effet le seul endroit où les nouveaux matériels, plus hauts que les bus diesel, ne peuvent circuler, notamment ceux des lignes 12, 14 et 15. D’où un investissement de 600 000 euros pour augmenter la hauteur de l’ouvrage.
Les travaux ont débuté le 27 août dernier et devraient se terminer au mois d’avril 2019. Les usagers devront prendre leur mal en patience car l’aménagement de l’ouvrage interdit toute circulation dans le passage souterrain, tandis qu’elle est maintenue sur le pont qui l’enjambe. Une signalétique et un plan de circulation adaptés ont été mis en place en attendant afin de faciliter les déplacements empruntant cet itinéraire.
Des nouvelles lignes : une ligne Chrono C7 et deux lignes Proximo 25 et 26
Pour les nouvelles lignes, un seul credo pour le SMTC : « priorité aux périurbains ». L’agglomération compte ainsi, à partir de ce lundi 3 septembre, une nouvelle ligne Chrono : la C7, reliant Échirolles-Comboire au campus universitaire de Saint-Martin-d’Hères.
Cette dernière remplace l’actuelle ligne Proximo 11 et dessert Gières universités, Saint-Martin-d’Hères, Posait, Eybens et Échirolles avec un parcours “en rocade” évitant le centre-ville de Grenoble. Elle bénéficie des mêmes amplitudes horaires et de la même fréquence que les autres lignes Chrono et que le tramway.
S’il reste encore quelques aménagements à réaliser au courant de l’automne sur son trajet – notamment les voies de bus dédiées – la priorité aux feux tricolores est déjà effective pour en garantir la fréquence et la ponctualité.
Toujours au chapitre des nouvelles lignes visant à proposer aux communes du Grand sud une offre de mobilité plus performante : les lignes Proximo 25 et 26, toutes deux équipées de bus flambant neufs. La ligne Proximo 25 permet de relier les grands bassins d’emploi de Pont-de-Claix et d’Échirolles aux communes du Grand sud de l’agglomération.
Cette dernière, connectée aux lignes C, E, C3, C5, C6, 12, 16 et 21, à la nouvelle ligne Chrono C7 et, très bientôt, avec la ligne A, relie les principaux lieux de vie de l’agglomération. Elle bénéficie en outre d’aménagements sur les cours Saint-André, de la Libération et Jean-Jaurès où elle vient utilement compléter la ligne C2.
Toutes les gares de l’agglomération accessibles avec un titre Tag
Quant à la ligne Proximo 26, complémentaire au TER, elle constitue un trait d’union entre le sud de l’agglomération et la gare de Grenoble, au cœur de la métropole. Ce grâce à une liaison directe cadencée toutes les vingt minutes empruntant les autoroutes A51 et A480. Cette ligne dessert les arrêts de Vif et Varces-Allières-et-Risset ainsi que les gares de Saint-Georges-de-Commiers, de Vif et de Grenoble. L’occasion pour Yann Mongaburu de rappeler que « depuis deux ans, toutes les gares de l’agglomération grenobloises jusqu’à Saint-Georges-de-Commiers sont accessibles avec un titre Tag ».
En complément de ces créations, le SMTC annonce une évolution des lignes Flexo desservant à la demande les zones les moins denses de la Métropole. La ligne Flexo 45 entre Vif et Varces voit ainsi sa régularité améliorée avec une offre autorisant les correspondances avec les lignes Proximo 25 et 26. Quant à la la ligne Flexo 26 qui relie Saint-Paul-de-Varces à Varces-Allières-et-Risset, cette dernière est renforcée.
Comment ? Grâce à un itinéraire offrant des connexions facilitées avec les lignes Proximo 25 et 26 à destination de Grenoble. Enfin, la ligne Flexo 65 est prolongée en semaine avec une connexion directe sur Grand” Place et Pôle sud.
L’Express 3 qui relie Vizille à Grenoble via Pont-de-Claix propose désormais de meilleures fréquences avec des départs toutes les dix minutes en heures de pointe (contre vingt minutes auparavant) et toutes les trente minutes le reste de la journée en période scolaire. Une offre supplémentaire financée par le SMTC dans le cadre d’un accord avec la région Auvergne Rhône-Alpes et le Département de l’Isère.
Des « solutions agiles » pour répondre à tous les besoins
Depuis ce 1er septembre, le SMTC et le Grésivaudan étrennent des évolutions sur les liaisons entre Vizille, le campus universitaire et Domène, Montbonnot et Innovallée. La ligne Proximo 23 compte désormais cinq arrêts sur Saint-Martin-d’Uriage, offrant ainsi un accès direct au campus et de nombreuses connexions avec les réseaux de tramways et de bus. Enfin, la ligne G2 du réseau Tougo se voit prolongée à Meylan afin d’offrir une correspondance avec la ligne Chrono C1.
Bien que ce ne soit pas toutes des nouveautés, Yann Mongaburu évoque pour finir les « solutions agiles » comme des alternatives pour répondre aux besoins du quotidien tout en limitant, transition énergétique oblige, l”“autosolisme”.
Au nombre de ces dernières, le réseau de voitures partagées Rezo pouce, Citiz, l’autopartage en libre service, les solutions de covoiturage Mov’Ici et Tag & Car, ou encore Chronopro, un service expérimental de transport sur réservation 100 % digital.
Outre ces annonces de rentrée, le SMTC se projette aussi à l’horizon 2030 avec le Plan de déplacements urbains (PDU) sur lequel le public pourra donner son avis à l’automne à l’occasion d’une enquête publique.
Joël Kermabon.
« Dans quelques années, la canicule sera la règle une année sur deux »
« Nous avons 120 décès par an dus à la qualité de l’air sur un territoire plus exposé que d’autres à la dérégulation climatique. Le chiffre de 1,5 °C que nous essayons de limiter à l’échelon planétaire, nous l’avons déjà atteint dans les Alpes et à Grenoble », s’inquiète Yann Mongaburu. Au cours d’un long discours aux accents militants précédant l’annonce des nouveautés de la rentrée, le président du SMTC exprime ses craintes sur les conséquences du dérèglement climatique dans la Métropole grenobloise.
« Tout le monde connaît aujourd’hui un enfant, un ancien, un collègue qui souffre de la qualité de l’air quand nous atteignons un pic de pollution et au-delà », souligne Yann Mongaburu. Un constat qui va devenir la norme, estime-t-il, s’alarmant des 38 °C atteints cet été. « Nous savons que dans quelques années la canicule sera la règle une année sur deux sur notre territoire », augure-t-il gravement.
« Il y a urgence à agir, le dérèglement climatique c’est maintenant ! »
Les signes annonciateurs ? « La semaine dernière, pour la première fois dans l’histoire de l’humanité, le cœur de l’Arctique s’est fendu […] S’il y a une ressource dont nous ne disposons plus c’est celle du temps, nous ne pouvons plus faire l’autruche […] Il y a urgence à agir, le dérèglement climatique c’est maintenant ! », s’alarme le président du SMTC.
Les mobilités pensées dans les années 70 sont des mobilités coûteuses sur les plans social, environnemental, financier et pèsent sur le pouvoir d’achat, résume l’élu. Ce dernier en est convaincu, « le besoin d’agir pour diminuer les émissions de gaz à effet de serre et les sources de pollution locale que sont les particules fines ou le besoin d’agir pour garantir la liberté de déplacement à tous sont deux mêmes urgences », conclut Yann Mongaburu.