EN BREF – À Villefranche-sur-Saône où elle officiait à la tête de l’hôpital Nord-Ouest depuis 2013, Monique Sorrentino s’est faite le chantre de la tarification à l’activité tout en restructurant l’établissement grâce à un partenariat public-privé. Au CHU de Grenoble où elle est en poste depuis ce 1er septembre, la nouvelle directrice générale entend rassurer. Avant de mettre sur les rails un nouveau projet managérial.
Depuis le 1er septembre, Monique Sorrentino est la nouvelle directrice générale du CHU de Grenoble. L’ex-directrice de l’hôpital Nord-Ouest de Villefranche-sur-Saône dans le Rhône* vient remplacer Jacqueline Hubert.
Cette dernière a quitté le CHU Grenoble-Alpes en juin dernier alors que l’établissement, en proie à une crise majeure, fait l’objet d’un plan d’actions visant à rétablir la confiance du personnel.
Monique Sorrentino y parviendra-t-elle ? Dans un communiqué, la nouvelle directrice s’emploie à rassurer. « Dans le cadre de mes nouvelles fonctions à la direction du CHU-GA, ma priorité sera que les équipes exercent leurs missions dans la confiance et la sérénité, afin de sortir des tensions et souffrances exprimées ces derniers mois, et de construire l’avenir ensemble. »
« Soigner et rester au service de l’humain »
« Je m’assurerai des bonnes conditions de fonctionnement au quotidien des services et m’attacherai à l’application du plan qualité de vie au travail, tant pour les personnels paramédicaux que pour les personnels médicaux, poursuit la nouvelle directrice dans un communiqué. […] Au-delà des évolutions techniques et organisationnelles qui ne sont que des outils, l’hôpital doit poursuivre sa mission première, soigner et rester au service de l’humain. »
À Villefranche-sur-Saône, la ligne suivie par Monique Sorrentino a, en tout cas, laissé les représentants du personnel, et notamment la CGT, dubitatifs. Dans un entretien au journal Le Monde publié en février dernier, la directrice disait tout le bien qu’elle pensait de la T2A, la tarification à l’activité. Un modèle de financement qu’entend par ailleurs réformer le député de l’Isère Olivier Véran…
La T2A lie la majeure partie des ressources financières de l’hôpital public au nombre de séjours comptabilisés. La course au rendement ? Non, pour Monique Sorrentino, « la T2A donne envie de travailler », y expliquait-elle. « Quand on veut développer une activité, embaucher un médecin ou investir dans les équipements, on monte un business plan. On sait que ça doit générer 8 % de marge, il ne faut pas que ça s’équilibre juste. »
À la question de savoir si la baisse régulière du tarif des actes depuis 2015 n’a pas entraîné l’hôpital public sur la mauvaise pente, Monique Sorrentino, alors directrice de l’hôpital Nord-Ouest de Villefranche-sur-Saône, contre-attaquait : « Il faut pédaler beaucoup plus vite pour avoir un effet sur les recettes. »
À Villefranche, la CGT dénonce les dérives managériales employées
Son leitmotiv ? « Chercher l’efficience partout, tout le temps ». Sa méthode ? « Je pressurise beaucoup la communauté médicale et paramédicale pour avoir un hôpital en surchauffe plutôt qu’à l’aise » Un discours qui avait poussé la CGT à dénoncer les « dérives managériales employées ». « En aucun cas, un hôpital ne peut être assimilé à une entreprise privée et ses codes », rappelait le syndicat.
En attendant, l’hôpital public de Villefranche est bien parti pour emprunter un nouveau chemin : l’établissement fait l’objet d’une restructuration moyennant un partenariat public-privé inédit de 50 millions d’euros.
À Grenoble, la nouvelle directrice dit vouloir aller à la rencontre de l’ensemble des pôles et services. À l’issue de quoi elle entend formaliser « un projet managérial organisant et facilitant la participation ainsi que l’expression de chacun dans la conduite de l’établissement ».
Patricia Cerinsek
* Monique Sorrentino était directrice de quatre hôpitaux autour de l’hôpital support de Villefranche-sur-Saône, après un passage notamment à l’Assistance publique des Hôpitaux de Marseille.