EN BREF – Le site Grenoble le changement, destiné à relayer la parole d’Alain Carignon et à pourfendre quotidiennement la majorité municipale de Grenoble, a été piraté dans la soirée du mercredi 29 août. Remplacé par des titres et une vidéo hostiles à l’ancien maire de Grenoble, le contenu initial du site est inaccessible. Pour Grenoble le changement, pas de doute : la municipalité grenobloise est derrière cette attaque.
« Alain Carignon dégage », « Alain Carignon retourne au Maroc », « Alain Carignon le voleur », « Alain Carignon le corrompu »… Le moins que l’on puisse dire c’est que Grenoble le changement a bien changé. Tels sont en effet les titres de une qui sont apparus, peu après 22 heures dans la soirée du mercredi 29 août, sur le site habituellement voué à relayer la parole d’Alain Carignon et de ses soutiens. Un piratage qui n’a donc rien d’innocent.
Visibilité cruelle : les titres ont été partagés, sans doute automatiquement, sur la page Facebook des pro-Carignon. Si ces posts ont par la suite été supprimés, il n’en va pas de même des articles sources qui, au petit matin, figuraient toujours sur la page de une*. Plus grave encore pour les administrateurs : l’intégralité du contenu précédent du site est inaccessible. Les articles ont-ils été irrémédiablement supprimés ? Auquel cas, ce sont des dizaines de pamphlets, majoritairement anti-Piolle, qui ont rejoint les limbes de la Toile.
« Carignon c’est non »
Le contenu des nouveaux billets “pirates” est invariablement le même : une simple vidéo d’une durée d’une minute et quarante-trois secondes, hébergée sur le réseau PeerTube et que nous publions ci-dessous à valeur illustrative. Son texte rappelle les déboires judiciaires d’Alain Carignon durant son mandat de maire de Grenoble, qui le menèrent tout droit en prison.
Deux narrateurs se succèdent, à travers les voix d’un enfant et d’une femme qui semblent générées automatiquement. Avant un message final, dans la droite ligne des Anonymous : « Vous avez le pouvoir, nous avons les machines, et pour nous Carignon c’est non ». Détail troublant : le bandeau de présentation de la vidéo fait également figurer le nom d’Alain Carignon en caractères cyrilliques. Peut-être un clin d’œil ironique au Kremlin, soupçonné de chercher à influencer les élections de pays tiers…
Grenoble le changement met en cause la municipalité grenobloise
Quelle est l’étendue des dégâts pour les webmestres de Grenoble le changement ? « Nous tentons, si cela est possible, de le remettre en ordre », nous fait-on savoir, sans plus de précisions techniques.
Dans un communiqué émis vers 5 heures du matin, le collectif à l’origine de la page veut avant tout dénoncer « des méthodes de barbouzes », autour « d’intrusions et de détournements de plus en plus sophistiqués ».
« Nous, citoyens bénévoles, ne disposons pas de moyens de nous défendre face à la puissance des capacités financières et techniques qui sont mis en œuvre pour nous détruire », clament les partisans d’Alain Carignon. Et le communiqué de décrier « un clan [voulant] se maintenir au pouvoir par tous les procédés », incluant « la menace, l’intimidation et l’intrusion ». Avant de citer nommément le maire de Grenoble : « Éric Piolle qui ne dit rien doit savoir que celles-ci ne nous impressionneront jamais ».
Les militants renouvellent ainsi leur volonté de mener le combat pour « offrir aux grenoblois un autre avenir que ce climat d’intolérance et de haine », contre une « extrême-gauche » accusée de refuser « par nature » le débat d’idées. Le ton est donc donné pour les Municipales de 2020 à Grenoble. Des élections qui, entre attaques informatiques et déclarations véhémentes, s’annoncent décidément tout… sauf apaisées.
Florent Mathieu
* Le site a finalement été désactivé en début de matinée, sa page de une affichant le communiqué diffusé plus tôt à la presse.