FOCUS – Il signe des œuvres dont l’ambiguïté et la beauté fascinent et émeuvent tout à la fois. Les Grenoblois pourront voir les pièces de Gilles Balmet à trois occasions pendant l’automne 2018. Nous en avons profité pour visiter l’atelier de l’artiste responsable de la magnifique série des Silver mountains.
« Aller à Paris était une nécessité si je voulais trouver des collectionneurs même s’il y en a quelques-uns et de très bons ici. » L’artiste grenoblois Gilles Balmet partage ainsi son temps entre Grenoble, où il a vécu jusqu’en 2004, Paris et Montpellier, où il enseigne à l’école supérieure des Beaux-Arts.
À Grenoble, il a une triple actualité à l’automne puisqu’il expose ses œuvres du 1er au 22 septembre à la galerie Marielle Bouchard. Du 15 au 30 septembre, il sera au Musée dauphinois dans le cadre de la Biennale Saint-Laurent et présentera enfin des œuvres au Belvédère de Saint-Martin-d’Uriage du 21 septembre au 4 novembre 2018. C’était l’occasion rêvée de le rencontrer dans son atelier grenoblois.
Un artiste de protocoles
La peinture n’a pas toujours bonne presse dans le monde de l’art contemporain. Gilles Balmet n’en réussit pas moins à tirer son épingle du jeu avec des pièces qui tiennent à la fois de l’abstraction et de la représentation paysagère. Ouverte aux lectures multiples, la série Silver mountains en offre un exemple parfait.
À première vue, on pense contempler une mise en négatif de photographies de paysages (mer, montagne ou désert selon les points de vue). Or, il s’agit exclusivement de peinture acrylique argentée sur papier noir. Le tout répondant à un protocole bien spécifique qui exclut l’utilisation des outils traditionnels du peintre tels que le pinceau.
« Ce que je fais est assez performatif. Je pulvérise de l’acrylique argentée à la bombe au-dessus d’un bac d’eau. Puis je viens tremper et déplacer à l’aide de gestes particuliers le papier en surface pour venir récupérer la matière. Il y a ensuite des phénomènes de sédimentation qui peuvent se produire », explique le jeune artiste.
Gilles Balmet n’est pas avare de détails lorsqu’il s’agit d’expliquer « ses protocoles ». Reliés à un geste précis de l’ordre de la chorégraphie ou de la performance, ceux-ci sont parties prenantes de sa création.
Maître-verrier de père en fils
« Dans ma famille, on ne m’a jamais dissuadé d’être artiste », convient, reconnaissant, Gilles Balmet. Il faut dire qu’une certaine sûreté dans le goût semble s’être transmise en héritage au fil des générations chez les Balmet. Le premier de la « dynastie », c’est l’arrière-grand-père de Gilles, Louis Balmet. Maître-verrier reconnu, il a réalisé à Grenoble les vitraux des églises Saint-Louis, Saint-Bruno ou Saint-Joseph et a exercé ses talents dans les églises du monde entier. Le grand-père de Gilles, André Balmet, prendra la suite de l’entreprise puis Jean-louis Balmet sera encadreur de tableaux.
Gilles installe son atelier au 25 bis Cours Berriat. Les locaux créés par son arrière-grand-père lui permettent de stocker ses productions et certaines pièces de sa collection d’œuvres d’art en complément de son atelier-logement parisien.
La plupart des pièces qu’il a en sa possession ont été acquises par un système d’échange basé sur une estime réciproque avec des artistes internationaux. Ce qui épargne judicieusement sa bourse, qu’il consacre à la production de son travail d’artiste. C’est d’autant plus important qu’il ne vise pas à vendre sa collection, à laquelle il tient, mais à donner une idée du panorama artistique contemporain qui lui est cher.
Pour exemple, il a échangé des œuvres avec Camille Henrot, Lionel Sabatté, Maud Maris, Hans Op de Beeck, Michel Blazy, Didier Rittener, Marc Bauer… Gilles Balmet présentera dans une double exposition son travail d’artiste et sa collection à Paris au Pavillon carré de Baudouin lors de l’été 2020. Mais en attendant, les Grenoblois pourront se familiariser avec ses œuvres lors des trois expositions programmées à l’automne 2018.
Adèle Duminy
Infos pratiques
Trois expositions personnelles de Gilles Balmet à Grenoble et à Saint-Martin-d’Uriage :
- The colour in anything Galerie Marielle Bouchard du 1er au 22 septembre à Grenoble puis du 15 au 30 septembre
– White Rain au Musée dauphinois
– L’atelier des combles du 21 septembre au 4 novembre 2018 au Belvédère de Saint-Martin-d’Uriage