FOCUS – Le Pôle agroalimentaire de l’Isère, notamment mené par le Conseil départemental de l’Isère et Grenoble-Alpes Métropole, a inauguré la marque Is(h)ere le 27 juin dernier dans les jardins de la préfecture. Dérivée de la marque territoriale Alpes Is(h)ere, le label dédié à l’agroalimentaire entend donner aux consommateurs des garanties en matière de provenance et de qualité des produits, mais aussi de juste rémunération des producteurs.
Une nouvelle marque pour le département de l’Isère ? La marque dédiée à l’agroalimentaire Is(h)ere a été officiellement lancée dans les jardins de la préfecture au matin du mercredi 27 juin. L’occasion d’une présentation et d’une dégustation de produits isérois, depuis la noix de Grenoble aux bières Mandrin, en passant par le Bleu de Vercors-Sassenage ou des viandes 100 % locales.
Ainsi que son nom l’indique, Is(h)ere est un dérivé de la marque territoriale Alpes Is(h)ere, créée par le Conseil départemental de l’Isère début 2017. Cependant, le Département n’a pas été seul aux manettes pour en définir les spécificités. On retrouve ainsi à la manœuvre le Pôle agroalimentaire de l’Isère, unissant les services du Département et de Grenoble-Alpes Métropole. Le principe ? Une marque qui garantit l’origine locale du produit, sa qualité… et la juste rémunération du producteur.
« Un formidable projet politique » juge Christophe Ferrari
L’entente entre les deux collectivités aux orientations politiques pourtant bien différentes apparaît comme une évidence pour le président du Conseil départemental Jean-Pierre Barbier : « Comment voulez-vous créer une marque territoriale si le Département, qui représente la majorité des producteurs, n’est pas associé à la collectivité qui représente quasiment le tiers des consommateurs ? » À noter que d’autres collectivités, comme le Grésivaudan ou le Pays voironnais, ont à leur tour intégré le dispositif.
Lyrique, le président de la Métro Christophe Ferrari ne manque pas de son côté de vanter une « énergie collective », un « formidable projet politique, de société et de territoire », autant qu’une « volonté partagée de se donner une visibilité et d’agir ensemble ». Et les deux présidents d’insister sur la dimension éthique de la marque Is(h)ere qui, en intégrant dans ses principes la question de la rémunération des producteurs, représente pour Jean-Pierre Barbier « une première en France ».
120 produits déjà labellisés
Si le “baptême” de la marque agroalimentaire Is(h)ere avait lieu ce 27 juin, sa mise en place est d’ores et déjà effective avec pas moins de 120 produits fournis par vingt producteurs agréés. En attendant, estime le Département, vingt autres agréments d’ici la fin de l’année, amenant avec eux de nouveaux produits et lieux de distribution. Outre les marchés ou points de vente directs, des supermarchés distribuent déjà la marque Ishere, tels le Carrefour de Saint-Égrève ou le Super‑U de Saint-Étienne-de-Saint-Geoirs.
Comment obtenir la labellisation Is(h)ere ? En passant par le Comité d’agrément de la marque, présidé par Pascal Denolly. Et l’ancien président de la FDSEA de l’Isère n’entend pas se laisser déposséder de cet outil par les entités politiques. « Une marque portée par une collectivité est vouée à un échec certain si elle n’est portée que par une collectivité », affirme-t-il, quitte à faire tiquer Jean-Pierre Barbier.
Une marque dotée de moyens de contrôle ?
Pascal Denolly revient ainsi sur une enquête menée auprès des consommateurs : « Nous avons eu 1 200 réponses sur la fiabilité des marques. Si elles sont portées par une collectivité ou une industrie agroalimentaire, elles ne sont crédibles pour les consommateurs qu’à 5 ou 7 %. Si elles sont portées par les agriculteurs, elles sont crédibles à 83 %. » Conclusion ? Pascal Denolly appelle les collectivités à « s’effacer » pour assurer un agrément donné par des professionnels… et des consommateurs qui siègent au sein du comité.
Méfiant, Pascal Denolly ? Certains diront prudent. Si l’agriculteur ne manque pas de saluer « l’intelligence collective » de Christophe Ferrari et de Jean-Pierre Barbier et leur capacité à « faire table rase de leurs égos », il n’en attend pas moins une marque tenue à ses engagements, en particulier sur la question de la rémunération. Pascal Denolly espère donc pouvoir se doter de moyens de contrôle « pour que l’on soit certain qu’on ne nous raconte pas des âneries et qu’on ne dupe pas le consommateur ! »