REPORTAGE PHOTO – Les militants de l’association Alternatiba-Grenoble occupaient les friches industrielles des Halles Neyrpic, ce mercredi 20 juin à Saint-Martin-d’Hères. Une action pour contester le projet visant à construire un « pôle de vie » pour le maire, un « centre commercial » pour les militants.
« Un centre commercial n’est pas un centre-ville ! Non au projet Neyrpic ! » C’est le slogan que déclamaient les militants de l’association Alternatiba-Grenoble, ce mercredi 20 juin. Pour eux, « Saint-Martin-d’Hères n’a pas réellement de centre-ville. Depuis le temps que l’on réclame une place ou quelque chose où les gens puissent se retrouver… Là, ils construisent un centre commercial ! »
Pour montrer leur mécontentement, les militants de l’association ont occupé le site Neyrpic en fin d’après-midi, informé les Martinérois et distribué des tracts aux automobilistes. Élisa Martinez et William Deouid, tous deux militants au sein du collectif, nous expliquent ce qui a motivé cette action :
Reportage d’Élisa Montagnat
Centre commercial ou pôle de vie ?
Pour les militants de l’association Alternatiba-Grenoble, le projet Neyrpic se résume à la construction d’un centre commercial dans les friches industrielles de Saint-Martin-d’Hères inutilisée depuis soixante-dix ans. Mais pour le maire David Queiros, ce sera un pôle de vie : « La dénomination de centre commercial est excessive, avec un tel respect du patrimoine […] Il y aura des restaurants, des brasseries, des activités de loisirs… Et des commerces. »
Pour autant, le lieu fera-t-il office de centre-ville ? « La maille principal de Neyrpic fait 700 mètres de long et 25 mètres de large, donc c’est presque une place. En tout cas, la centralité sera là, et on aura un espace ouvert au public et tout à fait fréquentable. Ce projet est une réponse à un cœur de ville. »
Alternatiba occupe les friches industrielles de Neyrpic pour dénoncer le projet. – Elisa Montagnat ‑Placegrenet.fr
Au-delà de leur exigence d’un centre-ville, les militants pointent plusieurs problèmes : « C’est un projet d’un autre temps. Il va générer pollution, chaleur, voitures supplémentaires, émissions de gaz à effet de serre… Il va également fragiliser l’activité économique de la Métropole car il y a déjà des grands centres commerciaux comme Grand’Place et à la Caserne de Bonne qui ne vont pas très bien, tout comme certains commerçants du centre-ville. »
« Neyrpic va apporter des solutions pour un meilleur ré-équilibrage commercial »
« Avant le tram, on était à 40 000 véhicules par jour, rétorque David Queiros. Aujourd’hui, moins de 20 000. Avec ce projet, on passer à environ 25 000 voitures, ça reste mieux qu’avant. De plus, le deuxième permis de construire est beaucoup plus adapté à l’environnement : on conserve les façades, on installe 13 000 mètres carrés de panneaux photovoltaïques… Le bâtiment sera quasiment autonome pour les parties communes avec l’énergie solaire. »
Quid de la fragilisation des commerces existants ? Cet argument n’a pas lieu d’être pour le maire : « Les études montrent que du côté Est de l’agglomération, on est sous-dotés en matière de commerces. Neyrpic n’est pas un problème. Il va apporter des solutions pour un meilleur ré-équilibrage commercial. D’ailleurs, à Saint-Martin-d’Hères, les commerçants ne sont pas élevés contre le projet Neyrpic car ils pensent que cela apportera plus de dynamisme. »
Voilà maintenant bientôt dix ans que le projet peine à démarrer. Le 3 mai dernier, le maire de Saint-Martin-d’Hères a délivré le permis de construire. Mais pour les militants, « il est fort probable qu’un recours soit aussi déposé contre le permis de construire avant la date butoir du 3 juillet ». Les travaux devraient démarrer autour du 15 septembre… normalement.
Élisa Montagnat