REPORTAGE - Les auteurs de l'incendie du camp de Roms dans la nuit du samedi 9 au dimanche 10 juin, quartier Mistral à Grenoble, risquent au moins trois ans d’emprisonnement, selon le collectif national Droits de l'Homme Romeurope. Mais pour l’association Droit au logement 38 et le collectif La Patate chaude, d’autres coupables seraient à blâmer : la préfecture, la Ville de Grenoble, le Département de l'Isère et la police, à différents titres, pour leur absence de réaction et non-assistance à personne en danger.
Dans la nuit du 9 au 10 juin, le camp des Roms du quartier Mistral à Grenoble, où vivaient une trentaine de personnes avec des enfants, a été volontairement incendié par une bande de délinquants.
Depuis cet incendie criminel qui les a chassés de leurs cabanons partis en fumée avec leurs affaires, les sept familles de Roms se retrouvent de nouveau à la rue, à même le bitume, au bout du cours Berriat. Ils ont récupéré quelques tentes grâce aux dons. Le centre d’action social communal leur a en de son côté apporté deux, ainsi que des couvertures cette semaine.
« Les Roms auraient dû être mis à l’abri comme tout un chacun… »
« Quel manque total de considération ! », s'insurgent les associations du Droit au logement (Dal) et le collectif la Patate chaude qui ont organisé ce vendredi 15 juin un rassemblement, près de la mairie, au pied de la tour Perret.
« Les Roms auraient dû être mis à l’abri comme tout un chacun l’aurait été, après avoir perdu son logement dans un incendie », estime Sonia, militante au Dal.
« Le maire a le devoir de mettre à l’abri quiconque vient de connaître un sinistre sur sa commune », poursuit-elle.
Apparemment, les Roms ne sont pas traités « comme des personnes normales », regrettent les militants.
Un maire plus actif sur les réseaux sociaux que dans sa ville ?
Constatant les associations très remontées, ayant peut-être eu écho de dépôt de plainte contre X en préparation… la Ville de Grenoble a jugé nécessaire, le 13 juin, de communiquer auprès des médias pour justifier son inaction après l'incendie.
Et de renvoyer la balle dans le camp de la préfecture et du Département…
«... la mise à l’abri des personnes est une compétence régalienne de l’État et […] la prise en charge des mineurs isolés, nombreux dans cette situation, est une compétence du Département de l’Isère. »
Au demeurant, la municipalité semble vouloir agir, mais pas seule en somme, est-il expliqué dans ce communiqué. « La Ville de Grenoble ne peut agir seule et est prête à accompagner les services de l’État et du Département dans la mise en œuvre de leurs obligations légales. »
« À ce compte-là, les services de la Ville peuvent rester les bras croisés un moment », persiflent les militants. Qui pourfendent, une nouvelle fois, le grand écart entre l'accueil réclamé par Eric Piolle, maire de Grenoble, pour les migrants, sur les réseaux sociaux, et les actions qu'il mène concrètement dans sa ville.
« Ce n’est pas seulement sur les réseaux sociaux [compte YouTube du maire, ndlr], qu’il faut être solidaire des migrants, Monsieur Piolle, mais sur sa commune ! », taclent ainsi les militants de la Patate chaude et du Dal.
La police a-t-elle sciemment abandonné les Roms à leur sort ?
Poursuivez votre lecture
Il vous reste 53 % de l’article à lire. Obtenez un accès illimité.
Vous êtes déjà abonné.e ? Connectez-vous