REPORTAGE VIDÉO – Après la courte trêve des vacances, le mouvement contre la loi sur l’orientation et la réussite des étudiants, dite loi Ore, reprend de la vigueur à l’Université Grenoble-Alpes (UGA). Alors que, ce lundi 23 avril, de nouvelles actions de blocages ont été menées sur le campus de Saint-Martin‑d’Hères, les étudiants mobilisés contestent le vote électronique que la présidence de l’UGA lance dès ce mardi matin.
Les étudiants s’opposant à la loi Vidal se sont à nouveau mobilisés, ce lundi, au petit matin. L’objectif ? Obstruer à nouveau les portes des édifices que la direction de l’Université Grenoble-Alpes avait fait débloquer pendant la semaine de vacances. En l’occurrence, les bâtiments Veil, Stendhal, Arts & Sciences humaines (Arsh) et le Département de la licence Sciences et Technologies (DLST).
Les blocages menés… face à la police
Cette action, commencée en présence des services de sécurité de l’UGA chargés de faciliter l’accès du personnel administratif aux locaux occupés, s’est poursuivie face aux forces de l’ordre.
Vers 10 heures, la police anti-émeute est en effet intervenue pour débloquer le DLST. « Certains manifestants ont été aveuglés par les gaz lacrymogènes et quelques enseignants syndicalistes ont même reçu des coups de matraque », relate Jean-Loup De Saint-Phalle, porte-parole du syndicat Solidaire étudiant-es Grenoble.
« Les policiers se sont ensuite rendus devant Stendhal », enchaîne-t-il, « mais finalement ils se sont retirés car un élu de la mairie de Saint-Martin‑d’Hères s’est interposé devant le bâtiment ». Quelques heures plus tard, ce même édifice a été débloqué, suite à une nouvelle intervention des forces de l’ordre en début d’après-midi.
Le centre de langues vivantes, occupé depuis désormais deux semaines, reste toutefois encore entre les mains des manifestants.
Les manifestants dénoncent « des actes de violence répétés »
Quid de la poursuite de la mobilisation ? Alors que les partiels approchent, la tension s’accroît au sein de la communauté étudiante. Depuis quelques semaines, « des actes de violence répétés » se sont produits sur le campus de Saint-Martin‑d’Hères, dénoncent dans un communiqué les syndicats Solidaires étudiant-e‑s, la Confédération nationale du travail (CNT), l’Aréga (Association représentative des étudiants de Grenoble Alpes) et l’Union nationale des étudiants de France (Unef).
En ligne de mire : un jardin partagé au cœur du campus « ayant pour but d’offrir une familiarisation avec le jardinage et dans le même temps, un refuge aux personnes sans domicile fixe ».
Cible d’une longue série de tentatives incendiaires, cette parcelle a de nouveau pris feu dimanche après-midi. « On condamne vigoureusement cet incendie qui, en l’occurrence, aurait pu faire une victime », a déclaré le jour même le président de l’UGA Patrick Levy devant les caméras du Dauphiné libéré.
« Il est crucial que les examens aient lieu, on se donnera tous les moyens pour cela », a‑t-il par ailleurs assuré. À compter de ce mardi 24 avril et jusqu’à mercredi 25 à 17 heures, la présidence s’engage ainsi à mettre en place un dispositif de vote électronique afin de permettre « à l’ensemble de la communauté universitaire de l’UGA de s’exprimer concernant la liberté d’accès et de travail des étudiants et des personnels » ainsi que sur la tenue « des examens dans des conditions normales ».
« Les résultats seront communiqués dans la soirée du 25 avril 2018 », annonce l’UGA. Qui précise dans son communiqué : « La consultation est organisée par des moyens électroniques permettant d’assurer l’anonymat des réponses. […] Les données seront conservées une semaine. »
Vote électronique versus « débat démocratique » ?
Une décision contestée par les étudiants grévistes, tout comme par les syndicats du personnel CGT Ferc Sup et Snesup-FSU Grenoble. Dans une lettre ouverte adressée au président de l’UGA, les manifestants s’attaquent en effet à ce mode de consultation « impersonnel », dont ils demandent l’annulation.
« Chaque vote doit être précédé par un débat d’opinion libre et ouvert, ce qui n’est pas le cas en dehors des assemblées générales puisqu’une grande partie d’étudiant-e‑s n’a bénéficié, en somme, que de mails grandement orientés venant de la présidence de l’université ou dans certains cas de sa direction d’UFR », fustigent les auteurs du courriel.
Avant d’interroger : pourquoi ne pas lancer « un referendum physique » permettant aux étudiants de s’exprimer sur « l’application de la loi Ore au sein de l’Université Grenoble-Alpes » ?
En attendant « l’exercice d’un réel débat démocratique à l’université », les opposants à la loi Ore appellent donc au boycott du vote électronique. Une question qui sera sans doute mise au vote lors de l’assemblée générale de la rentrée, fixée pour ce mardi 24 avril à midi.
GC
LE PCF 38 CONDAMNE L’EMPLOI DES FORCES DE POLICE SUR LE CAMPUS
La Fédération de l’Isère du PCF a réagi par communiqué à l’évacuation des étudiants en lutte contre la loi Vidal sur le Campus de l’Université Grenoble-Alpes.
« L’emploi des forces de police sur le campus grenoblois contre les
étudiant·e·s & enseignant·e·s mobilisé·e·s contre la réforme est inacceptable ! », estime sa secrétaire départementale Annie Davis. […] c’est inadmissible et irresponsable. Qui plus est, la veille d’une assemblée générale du campus, et alors que le président de l’Université avait annoncé une consultation de grande ampleur sur la poursuite du mouvement, ce coup de force sonne comme un déni de démocratie et une provocation méprisante vis-à-vis d’une jeunesse qui se bat pour son avenir. »Pour la Fédération de l’Isère du PCF, le gouvernement ne gagnera rien à « jouer les tensions et le pourrissement de la situation ». Il doit ainsi remettre en débat sa réforme des conditions d’accès à l’université. « Notre jeunesse, mais aussi un grand nombre d’enseignant.e.s, souhaitent garder le principe d’un accès libre à la formation de son choix. Le principal problème réside dans les moyens donnés à l’université pour qu’elle réponde à cette mission. L’usage de la force n’y changera rien ! », affirme la fédération par le biais d’Annie David, qui réaffirme pour finir son soutien à la « communauté universitaire brutalisée ».