EN BREF – Après la phase de consultation, voilà que s’ouvre le temps de l’action. Comme décidé lors de la dernière assemblée générale, les étudiants de l’Université Grenoble-Alpes mobilisés contre la loi Vidal se sont donné rendez-vous sur le campus de Saint-Martin‑d’Hères, ce vendredi 13 avril au petit matin. L’objectif : bloquer les bâtiments de Sciences Po et du Département licence sciences et technologies. Entre temps, le président de l’UGA Patrick Lévy a annoncé sa décision de « rétablir le libre accès » des locaux dès la semaine prochaine.
Poubelles, chaises, grilles et panneaux routiers amassés devant les portes des bâtiments. C’est du déjà vu, à l’Université Grenoble-Alpes (UGA). Après avoir barré les accès de plusieurs édifices du campus et occupé le centre de langues vivantes, les opposants à la loi d’Orientation et de réussite des étudiants (Ore) se sont réunis sur le domaine universitaire de Saint-Martin‑d’Hères, ce vendredi au matin, pour poursuivre leur action de blocage.
En ligne de mire : le bâtiment de Sciences Po et celui du Département licence sciences et technologies (DLST).
Commencée dans le calme, la mobilisation a connu un bref moment de tension lorsqu’un petit groupe de contre-manifestants est intervenu devant le DLST pour empêcher ce nouvel épisode de blocus. « Un débat houleux » qui s’est vite résolu « sans recours à la violence physique », relate une étudiante en Sciences humaines appliquées ayant assisté à la brève altercation.
Pour ou contre le blocage ?
Quoi qu’il en soit, force est de constater que le bras de fer entre activistes et détracteurs du mouvement ne fait que s’endurcir.
Dans une lettre ouverte envoyée ce vendredi au président Patrick Lévy, les étudiants anti-blocus se révoltent en effet contre « les croisades d’une minorité autoritaire venue imposer de force sa conception du dialogue social ». Pour eux, « la grande majorité [des étudiants, ndlr] n’est pas favorable aux blocages » et se déclare « exaspérée par la facilité avec laquelle des happy few révolutionnaires ont pu priver le plus grand nombre de sa liberté fondamentale d’étudier ».
C’est pourquoi – enchaîne la lettre – « les étudiants du campus de l’Université Grenoble Alpes souhaitent avoir la garantie par l’administration de la tenue de leurs examens dans les meilleures conditions et l’assurance qu’elle prendra les mesures nécessaires et proportionnées pour parvenir à cet objectif légitime ».
Un point sur lequel convergent les membres des deux factions. Alors que la période des partiels approche, les manifestants réunis en assemblée générale ont décidé de demander un « aménagement des examens » auprès de la direction.
« Certains partiels pourraient par exemple être reportés » suggère une jeune militante. Qui poursuit : « Pour ne pas pénaliser ceux qui ont participé à la mobilisation, certains professeurs se sont déjà organisés pour charger le matériel de leurs cours en ligne. D’autres nous envoient par mail des exercices à faire chez nous. »
Une partie du personnel enseignant a ainsi rejoint les rangs du mouvement. En plus de déclarer leur soutien aux étudiants, « y compris dans les modalités d’action qu’ils choisissent », nombre d’enseignants proposent par ailleurs des séminaires et des cours alternatifs dans le centre de langues vivantes, occupé depuis mardi dernier.
Les élus de l’UGA demandent « la levée de tous les blocages »
Un autre son de cloche provient toutefois des élus des conseils académique et d’administration de l’UGA. Une soixantaine d’entre eux vient en effet d’adresser un courriel à la présidence pour condamner « les méthodes employées par un petit nombre d’opposants ».
« L’intrusion de personnes cagoulées dans un bâtiment universitaire, la dégradation de biens, l’intimidation des personnels, l’entrave au bon fonctionnement de l’université et le blocage de bâtiments ne peuvent être des moyens d’expression démocratique » fustigent-ils, tout en faisant appel à la « levée de tous les blocages de bâtiments ».
D’où la décision de l’UGA de « rétablir le libre accès de l’ensemble de ses locaux pour garantir la liberté et la sérénité de travail de ses personnels dès la semaine prochaine », a annoncé Patrick Lévy par le biais d’un communiqué. Avant d’ajouter : « L’établissement souhaite également garantir lors de la reprise des cours, le 23 avril, le déroulement des examens dans de bonnes conditions ».
Dès la rentrée des vacances, un dispositif de vote électronique sera également mis en place. L’objectif ? « Recueillir l’opinion de l’ensemble des étudiants et personnels de l’UGA » vis-à-vis des blocages.
Et le président de conclure en rappelant ses engagements : « Il n’y aura pas de sélection à l’UGA, et si des filières sont en tension, nous nous donnerons les moyens d’accueillir tous les étudiants de l’académie. » La loi Ore – assure-t-il – sera donc appliquée « le plus intelligemment possible pour que tous les étudiants aient une orientation qui leur convienne et obtiennent les meilleures chances de réussite ».
Giovanna Crippa, correspondante à Saint-Martin-d’Hères