REPORTAGE VIDÉO – Ce mercredi 28 mars, des associations représentatives des personnes en situation de handicap ont organisé un rassemblement place Victor-Hugo. L’objectif de la trentaine de personnes présentes ? Alerter les élus de la Métropole sur le projet de suppression des feux tricolores en centre-ville, jugé anxiogène et accidentogène, tout autant que les interpeller sur la prise en compte des personnes vulnérables.
Un bandeau noir sur les yeux dans le noir complet, le pas mal assuré, nous nous sommes prêtés au test organisé par plusieurs associations* grenobloises représentatives des personnes en situation de handicap, aux abords du passage piéton situé à l’angle de la rue de Bonne et de la place Victor-Hugo.
Le challenge, quotidien pour de nombreux aveugles ou mal-voyants : traverser le boulevard Agutte-Sembat en l’absence de tout repère visuel ou signal sonore qui leur permettait jusqu’alors de traverser l’artère en toute sécurité. Une manière de se rendre compte des difficultés engendrées par la suppression, envisagée par les instances métropolitaines, de nombreux feux tricolores au centre-ville de Grenoble pour « rendre le trafic plus fluide et apaiser la circulation ».
Un besoin de repères stables pour prendre la décision de traverser
Les associations estiment que ce projet, anxiogène et accidentogène, de suppression des temporisations par feux met en grande difficulté certaines piétons. Notamment ceux souffrant de surdité, d’un handicap mental ou visuel ou encore les personnes âgées et les enfants. Et, de manière générale, « toutes les personnes ayant besoin de repères stables et de temps pour prendre la décision de traverser », précisent les association.
Retour sur ce rassemblement auquel ont participé non seulement des aveugles et des mal-voyants mais aussi des personnes se déplaçant en fauteuil roulant, elles aussi concernées par ce projet qui menace, selon elles, leur autonomie et pourrait les dissuader de se déplacer.
« Oui, ça peut décourager les gens de venir en ville ! »
Mais là ne s’arrêtent pas les obstacles aux déplacements des personnes handicapées. La suppression de certains feux tricolores influe également sur les distances à parcourir. « Cours Berriat, un feu a été supprimé à l’angle de la rue Thiers. Donc, pour retrouver un feu, les personnes aveugles sont obligées de faire un trajet supplémentaire, plusieurs centaines de mètres, jusqu’au cours Jean-Jaurès pour pouvoir enfin traverser et ensuite revenir », explique une représentante de l’association Valentin Haüy. « Oui, ça peut décourager les gens de venir en ville ! », assure-t-elle.
Quid des personnes se déplaçant en fauteuil roulant ? « Sans les feux, les véhicules viennent d’un peu partout. Certains font attention, d’autres pas. Les personnes en fauteuil roulant qui ont des difficultés gestuelles ressentent une grande crainte à la seule idée de traverser », nous confie une personne paralysée.
Joël Kermabon
* Le Comité Valentin Haüy, l’association Sclérose en plaques Rhône-Alpes Dauphiné (Sep), l’Association de réadaptation et défense des devenus sourds de l’Isère (ARDDS38), l’Association française contre les myopathies (AFM Téléthon), le Comité pour le droit au travail des handicapés et l’égalité des droits (CDTHED), l’Association des paralysés de France (APF) et l’Association mieux vivre le handicap (AMVH).