FOCUS – L’Association pour l’emploi des cadres (Apec) dévoile ses prévisions pour le recrutement des cadres sur l’année 2018. Les entreprises affichent un moral au beau fixe sur l’ensemble de l’Hexagone, et tout particulièrement en Auvergne-Rhône-Alpes où le département de l’Isère apparaît cette année comme le plus dynamique.
Un moral des entreprises au beau fixe ? C’est ce que suggèrent les prévisions de recrutement sur l’année 2018 de l’Association pour l’emploi des cadres (Apec). Effectuée sur un panel de 11 000 entreprises, et incluant pour la première fois des sociétés avec participation de l’État, l’étude annuelle de l’Apec prévoit même un taux d’embauche inédit des cadres depuis 2008.
Quelles perspectives pour l’emploi des cadres ? (Locaux de BH Technologies, Grenoble) © Florent Mathieu – Place Gre’net
Un mouvement d’embauche qui s’inscrit dans une réelle dynamique. Car les chiffres de recrutement de cadres sur l’ensemble de la France l’an dernier ont déjà été supérieurs aux prévisions les plus optimistes de l’Apec dans son étude 2017. L’association prévoyait entre 208 000 et 225 000 recrutements : ils ont au final atteint le nombre de 240 100. Avec à la clé 53 800 postes créés.
Autant dire que les facteurs d’incertitude comme le Brexit ou l’arrivée de Donald Trump n’ont pas influé sur la confiance des entreprises françaises. Une situation qui peut changer ? « On n’est pas à l’abri d’un effondrement pour des questions que l’on ne maîtrise pas. Il pourrait y avoir d’autres événements amenant de l’incertitude, mais aujourd’hui ce n’est pas affiché », répond Patricia Ozil, responsable de centre auprès de l’Apec Grenoble, Valence et Chambéry.
L’Isère en tête des prévisions de recrutement
Si les prévisions sont à la hausse pour toutes les régions françaises, Auvergne-Rhône-Alpes confirme sa place de région-phare en matière d’emploi des cadres. Ainsi, l’Apec prévoit une hausse comprise entre 4 et 14 %, soit un point de plus que la moyenne nationale. Entre 28 950 à 31 840 cadres devraient être recrutés en 2018 sur la région, contre 27 810 en 2017. Un chiffre une fois encore supérieur à l’estimation la plus haute de l’Apec l’année précédente.
Nouveauté de cette année : l’Isère est en tête des prévisions de recrutement, et se positionne clairement en position de locomotive de la région sur la question de l’emploi des cadres. Juste derrière le département du Rhône en 2017, elle le dépasse aujourd’hui, avec 18 % des entreprises prévoyant d’augmenter leurs effectifs cadres, contre 2 % envisageant de les diminuer.
L’Auvergne regagne en confiance
À noter encore que l’optimisme touche tous les départements d’Auvergne-Rhône-Alpes. Alors que les entreprises drômoises et ardéchoises étaient très partagées en 2017, 10 % d’entre elles affichent la volonté d’augmenter leurs effectifs. L’Ain reprend également des couleurs : 7 % des entreprises comptaient diminuer leurs effectifs en 2017, contre 2 % seulement en 2018.
Et si, au cœur même de la région les départements de l’ancienne Rhône-Alpes sont plus recruteurs, ceux de l’Auvergne affichent également une confiance en hausse. 8 % des entreprises de l’Allier, du Cantal et du Puy-de-Dôme comptaient augmenter leurs effectifs cadres en 2017. Elle sont à présent 10 %*.
La digitalisation, pourvoyeuse de métiers en émergence
Pourquoi de telles hausses ? « Au-delà de la volonté d’investissement des entreprises, il y a une très forte évolution des modalités de recrutement et une arrivée importante de la digitalisation dans les entreprises », explique Patricia Ozil. Une digitalisation qui ne va pas sans la recherche de compétences idoines, et s’accompagne aussi d’un besoin en main‑d’œuvre avec des qualifications que n’ont pas nécessairement les équipes actuelles.
Cette évolution permet d’identifier les métiers en émergence. Patricia Ozil met ainsi l’accent sur les compétences liées à la gestion de données, autour de postes de “data scientists”, ou encore à l’intelligence artificielle, la réalité augmentée et la robotique. Autant de métiers qui favorisent les jeunes diplômés. « Ce n’est pas forcément chez les seniors que l’on va trouver ce type de profil », résume la responsable de centre.
La chasse aux nouveaux profils
La question des profils demeure primordiale : les entreprises “chassent” sur les mêmes terres, recherchant en priorité des cadres ayant entre un et dix ans d’expérience. Avec le risque, à terme, d’avoir des difficultés de recrutement, les perles rares étant déjà toutes en poste. Si la situation n’est pas critique, tempère Patricia Ozil, elle l’affirme : « Il faudra éduquer les entreprises à aller chercher des profils différents. Elles peuvent trouver des potentiels, aussi bien chez les jeunes que chez les plus seniors ! »
La construction reprend le chemin de l’investissement, juge l’Apec © Florent Mathieu – Place Gre’net
Les seniors ? Si l’informatique est en tête des zones de recrutement, et peut apparaître moins propice à l’emploi des cadres les plus “âgés”, les fonctions liées à la recherche et développement, au commercial voire à la production industrielle n’en ont pas moins le vent en poupe, et justifient le recrutement de cadres expérimentés.
Et ceci d’autant plus que l’industrie reprend la voie de l’investissement, s’inscrivant comme le deuxième secteur le plus énergique de la région. Loin derrière les services toutefois, qui pèsent pour près de 70 % dans les recrutements. Tandis que le commerce et la construction, très minoritaires dans l’emploi des cadres, apparaissent eux aussi comme des secteurs plus porteurs que ces dernières années. Reste désormais à savoir si l’avenir confirmera les prévisions de l’Apec.
Florent Mathieu
- * Avec toutefois une modification de calcul à prendre en compte, puisque le Cantal était comptabilisé avec la Haute-Loire l’année précédente. Tandis que, pour ses prévisions 2018, l’Apec a fait le choix de regrouper la Loire et la Haute-Loire.