EN BREF – Le maire de Sassenage Christian Coigné conviait ses administrés à une réunion publique, ce lundi 19 février, au soir. À l’ordre du jour ? Le plan d’extension et d’aménagement de la carrière des Côtes de Sassenage, impliquant « une mise en compatibilité du plan local d’urbanisme (PLU) de la commune ». L’occasion pour le premier élu de revenir sur un dossier très controversé qui, quelques semaines après la clôture de l’enquête publique, soulève de nombreuses interrogations chez les habitants.
Apporter une réponse aux inquiétudes des riverains, tout en faisant le point sur les résultats de l’enquête publique qui s’est tenue fin 2017. Tel était l’objectif de la rencontre que Christian Coigné a animée lundi soir à l’hôtel de ville de Sassenage, devant une salle comble de riverains.
Suite à la publication du rapport du commissaire enquêteur, fin janvier, le maire de la commune a en effet estimé « nécessaire » d’éclaircir « un dossier compliqué » qui, à son sens, a entraîné un certain nombre de malentendus.
Un dossier impliquant la mise en compatibilité du PLU
Parmi les points à clarifier : la déclaration de projet, présentée par le groupe cimentier Vicat à l’automne dernier, visait « avant tout à une mise en conformité de l’exploitation actuelle avec le PLU » de Sassenage, précise Christian Coigné. Une procédure d’urbanisme incontournable qui devra être close d’ici 2020, date où Vicat compte demander le renouvellement de l’autorisation d’exploitation de sa carrière pour les trente prochaines années.
« Une nouvelle enquête publique portant sur le dossier d’exploitation sera alors lancée », annonce le premier élu. Suite à cette future consultation, le conseil municipal de Sassenage, ainsi que celui de Grenoble Alpes-Métropole, prononceront leur verdict sur le projet d’aménagement de la carrière des Côtes.
« L’occasion de remettre en cause la présence du groupe Vicat sur le territoire communal ? » interrogent certains habitants. « Pas question ! », répond sans hésitation Christian Coigné, tout en faisant appel à « l’intérêt général » du maintien de la production de ciment. Avant d’expliquer : « La carrière engendre 300 emplois directs ou indirects et il y a toujours besoin de ciment. Il faut donc protéger cette activité, mais aussi s’assurer que Vicat s’engage à réduire les nuisances. »
La question des nuisances… repoussée en 2020
Quid alors des désagréments dénoncés par les habitants des Côtes de Sassenage et de la Rivoire de la Dame lors de l’ouverture des registres ? Ces derniers redoutent en effet que la possible extension de la carrière sur le terrain communal du ball-trap, située à proximité de leurs lotissements, n’entraîne une augmentation des nuisances du fait des tirs de mines. Parmi celles-ci, bruits, poussières, vibrations et même des fissures dans les habitations.
Autant de remarques que « Vicat devra[it] prendre en compte dans son dossier de renouvellement de l’exploitation de la carrière, d’ici 2020 », comme l’assure le maire de Sassenage.
Et celui-ci de proposer la mise en place d’un plan d’action commun : « Entre temps, nous pouvons faire effectuer une étude par des techniciens experts afin de structurer nos doléances. »
Côté économique, la municipalité « a engagé une étude en vue d’une renégociation sur le prix du loyer pour les trente prochaines années », annonce le premier élu. S’élevant à 60 000 euros, ce montant serait en effet « bien en-dessous » de la moyenne nationale.
« La décision finale reviendra à la Métro »
Loin de croire à ce « changement d’orientation », Yannick Belle, conseiller municipal de l’opposition à Sassenage et vice-président à la Métro, ne cache pas son scepticisme. « Si le plan local d’urbanisme est modifié, qui est-ce qui s’opposera au renouvellement de l’exploitation en 2020 ? Aujourd’hui, le seul obstacle à l’extension de la carrière est le fait que le PLU ne soit pas compatible. »
Outre la restitution de certains terrains à la nature et la sécurisation de quelques secteurs sensibles, le plan de Vicat prévoit en effet l’intégration dans le périmètre nord-est de la carrière d’un lot de 2,4 hectares situé sur le lot de Combe Chaude. À savoir, un ancien champ de tir, actuellement classé en zone de loisirs, qui fait l’objet depuis 2016 d’un « contentieux » suite à l’expulsion du Ball Trap Club.
Laissé à l’abandon et pollué à cause du plomb des projectiles, « le site du ball-trap nécessite d’être revalorisé », souligne Christian Coigné. Et d’assurer : « Une fois terminée l’exploitation, Vicat s’engagera à le remettre en état. »
« Étant donné que les règles d’urbanisme sont conformes et que le commissaire enquêteur a donné un avis favorable [au projet de Vicat, ndlr], je ne vois pas pourquoi le conseil municipal devrait s’opposer au changement du PLU », résume enfin le maire. Qui rappelle que la décision finale reviendra à la Métro, lors d’un vote au sein du conseil métropolitain.
Giovanna Crippa, correspondante à Sassenage