FOCUS – Alors que 15 % des métropolitains sont soumis à des ambiances sonores se situant au-delà des seuils réglementaires, la Métropole grenobloise, en partenariat avec l’Ademe, a mis en place une opération de résorption des points noirs de bruit*. Dont l’un des volets consiste à apporter un soutien aux propriétaires de logements subissant de fortes nuisances sonores, grâce à un accompagnement technique et financier à l’isolation phonique de leurs locaux.
« De la même façon qu’aujourd’hui nous avons une politique intégrée en matière de qualité de l’air, nous avons également une intention multi-thématiques sur la question du bruit », explique Jérôme Dutroncy, le vice-président délégué à l’environnement, l’air, le climat et la biodiversité de Grenoble-Alpes Métropole.
C’est une réalité. Avec son cortège de perturbations du sommeil, d’états de stress ou encore d’échecs scolaires, le problème des nuisances sonores reste très préoccupant dans la métropole grenobloise. Tout particulièrement pour les personnes résidant à proximité des principales infrastructures routières du territoire métropolitain.
Préserver la qualité de vie des habitants
Sur l’agglomération grenobloise, une douzaine de “zones sensibles” où les niveaux sonores sont susceptibles de provoquer gêne et inconfort ont été répertoriées et cartographiées par les soins de Grenoble-Alpes Métropole.
Face à ce fléau des temps modernes que représentent les bruits de la cité, les services de la Métropole ne sont pas restés les bras croisés et ont pris une longueur d’avance.
Dans le cadre de sa compétence en matière de lutte contre les nuisances sonores, la collectivité met en œuvre plusieurs actions « afin d’améliorer les situations critiques et de préserver la qualité de vie des habitants du territoire ». Notamment depuis 2012, une opération de résorption des points noirs de bruit, en partenariat avec l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe).
Un accompagnement technique et financier pour l’isolation phonique
Cette opération est l’un des volets du Plan de prévention du bruit développé par la Métropole pour limiter les nuisances sonores. Notamment à travers son concept de “Métropole apaisée” avec, entre autres dispositions, la vitesse des véhicules abaissée à 30 km/h. « À côté de la réduction des sources de bruit, il fallait également agir sur les personnes exposées à ces mêmes bruits et protéger leur habitat », poursuit Jérôme Dutroncy.
D’où ce dispositif d’aide visant à proposer aux propriétaires de logements éligibles un accompagnement technique et financier à l’isolation phonique de leurs locaux. L’objectif ? Les remettre aux normes. « Plus de 10 % du parc immobilier de la Métropole n’est pas conforme aux normes européennes », souligne en effet un agent de la Métropole.
Concrètement, cela consiste à remplacer les ouvertures existantes – fenêtre, portes-fenêtres, caissons de volets roulants – par des menuiseries beaucoup plus performantes sur les plans technique et acoustique. Ce qui a été fait pour un appartement témoin géré par le bailleur social Pluralis que nous avons pu visiter.
« Une fois la fenêtre fermée, on n’entend presque pas les voitures qui passent »
Cet appartement est situé dans un immeuble datant des années soixante, entièrement rénové de l’avenue Jean-Perrot. Une artère très fréquentée, sur laquelle circulent plusieurs centaines de véhicules chaque jour. « Nous venons de la campagne et sommes habitués à son calme. Ici, une fois la fenêtre fermée, on n’entend presque pas les voitures qui passent sur l’avenue. C’est nickel, on peut travailler nos cours sans être dérangés », témoigne Yohan, un étudiant locataire dans cet immeuble.
« Actuellement, ce sont près de 130 logements qui ont bénéficié de ce dispositif – dont près d’une centaine dans le cadre de MurMur 1 – tandis qu’une quinzaine d’autres sont en cours d’instruction », indique le vice-président. Une opération sur le long terme puisque « c’est un dispositif qui va courir jusqu’à 2020, et pour lequel une enveloppe résiduelle de plus de 400 000 euros est à disposition pour aider à la rénovation de logements », précise encore Jérôme Dutroncy.
Un accompagnement gratuit par un expert acousticien
Comment bénéficier de ce coup de pouce ? Quels sont les critères d’éligibilité ? Il est impératif que le logement soit situé dans un bâtiment reconnu comme étant à proximité directe d’une voie bruyante et que les niveaux de bruits relevés soient supérieurs ou égaux à 40 db(A) de jour et 35 db(A) la nuit à l’intérieur du logement. De plus, il faut que les modifications envisagées soient répertoriées dans la liste des travaux exigibles du guide de l’Ademe.
Autant de points sur lesquels les postulants pourront gratuitement bénéficier d’un accompagnement adapté et personnalisé. En effet, un expert acousticien désigné par la collectivité pourra les aider tout au long de leur démarche de rénovation phonique : audits acoustique et thermique, définition du programme de travaux et montage du dossier.
Mais aussi pour le choix de l’entreprise ainsi que pour le suivi des travaux jusqu’à la réception du chantier. Si le logement est éligible, la Métropole peut financer 80 % du montant des travaux d’isolement acoustique, à concurrence d’un montant plafonné, comme le stipule le règlement, afin que la mesure puisse profiter à un maximum de métropolitains.
Joël Kermabon
* Un point noir de bruit est un bâtiment sensible (habitation, établissement de santé, d’enseignement) dont les niveaux sonores en façade dépassent les valeurs limites fixées par la règlementation.