Après la courte trêve des vacances, la polémique autour des bibliothèques de composantes reprend de la vigueur sur le campus universitaire de Saint-Martin‑d’Hères. Alors que la direction de l’Université Grenoble-Alpes s’apprête à sonder les habitudes des usagers à travers des groupes de discussion, un collectif d’étudiants organise une assemblée générale, le mardi 23 janvier, pour demander un débat public et « réellement démocratique » sur l’avenir des bibliothèques.
Ouvrir un temps d’échange et de concertation… avec un groupe restreint d’étudiants et d’enseignants-chercheurs. Telle est la proposition de la présidence de l’UGA aux usagers des dix-neuf bibliothèques de composantes vouées à être reconverties en espaces numériques de travail (ENT) au printemps 2018.
Pour ce faire, Eneis, un cabinet privé spécialiste des sondages, est chargé d’animer une série de “focus group” (groupes de discussion, en bon français).
L’objectif ? Enquêter sur la fréquentation et les usages des différentes bibliothèques situées sur le campus de Grenoble. À savoir, non seulement les lieux documentaires associés aux unités de formation et de recherche (UFR), mais aussi les deux grandes bibliothèques universitaires (BU).
Un sondage mené auprès d’« une liste aléatoire » d’usagers
À l’issue de cette phase de concertation, le prestataire devra présenter une synthèse des résultats de son étude. L’occasion pour la direction de peut-être remettre en cause sa politique de réorganisation de l’offre documentaire ? Pas sûr, estiment les membres du collectif en lutte contre la fermeture des bibliothèques d’UFR, ainsi que les syndicats étudiants Unef, CNT et Solidaires étudiant(e)s.
Ces derniers dénoncent en effet par communiqué une décision prise « de façon unilatérale » qui aboutira au lancement de quatre groupes de discussion. « Une liste aléatoire de 8 étudiant(e)s et 2 enseignant(e)s va être constituée par Eneis pour “discuter” de l’avenir des bibliothèques dans chaque UFR dont la bibliothèque est menacée », expliquent-ils.
En l’occurrence, les composantes Arts et sciences humaines (ARSH), Langues étrangères (LE) et Langage, lettres, arts du spectacle, information et communication (Llasic). Ou encore l’Institut d’administration des entreprises (IAE) et la Faculté d’économie de Grenoble (FEG).
Le collectif exige un « débat réellement démocratique »
« Ces “focus group” semblent être une parodie de consultation et ressemblent surtout à une opération de communication et de “management” public-privé pour faire appliquer le projet de reconversion et fermeture de nos bibliothèques, projet élaboré sans consultation réelle des intéressés (étudiants et personnels) et donc “par en haut” », affirme Franck Gaudichaud, enseignant-chercheur à l’UFR de langues étrangères qui a rejoint en septembre dernier le mouvement de contestation réunissant étudiants, syndicats et personnels de l’UGA.
Et de renchérir : « Ceci avec, de plus, un coût d’au moins 10 000 euros qui iront à un cabinet privé, alors que nous sommes dans une période d’austérité et coupes budgétaires… »
Reprochant à leur tour « le caractère peu démocratique des échanges en focus group », les signataires du communiqué affirment par ailleurs que « le bilan de ces discussions, qui auront lieu du 22 au 31 janvier, sera par la suite utilisé à coup sûr par l’UGA comme une étude représentant “l’avis général” des usager(e)s des bibliothèques d’UFR ».
D’où leur décision de convoquer une assemblée générale, ce mardi 23 janvier. Rendez-vous est donné à midi devant le bâtiment de l’ARSH afin de revendiquer un « débat réellement démocratique » sur l’avenir des bibliothèques.
GC