Nouvelle séance marathon, lundi 18 décembre, pour les conseillers municipaux de Grenoble. Après dix heures de débat, sur fonds d’invectives, d’injures et d’insultes, l’un d’entre eux, Paul Bron dénonce une « démocratie par l’épuisement ».
Début du conseil municipal du 18 décembre 2017 qui a duré dix heures… © Séverine Cattiaux – Place Gre’net
Lundi soir, le conseil municipal de Grenoble aura duré… dix heures.
Une nouvelle séance marathon pour les élus grenoblois qui avaient à voter le budget 2018 mais aussi plus de quatre-vingt autres points à l’ordre du jour de ce dernier conseil de l’année.
Ainsi faisant, c’est sur les coups de 4 heures du matin que les conseillers municipaux ont eu, moyennant un amendement déposé quelques heures avant la tenue du conseil, à délibérer sur la vente des actions Minatec à la Métro…
Un conseil municipal long et… fleuri
La séance marathon a‑t-elle mis les nerfs des élus en pelote ? Les invectives, injures et même insultes se sont une nouvelle fois invitées à l’Hôtel de ville. On a ainsi entendu fuser, parmi autres amabilités, des « pauvre type », « ta gueule » et autres « trous du cul »… Sans parler des commentaires, comme il est désormais coutume de voir fleurir en direct live sur les réseaux sociaux…
Paul Bron, conseiller municipal du groupe Rassemblement de gauche et de progrès. © Joël Kermabon – Place Gre’net
Trop c’est trop ? Au lendemain de cette séance conduite jusqu’aux aurores, Paul Bron * a pris la plume. Le conseiller municipal d’opposition du groupe Rassemblement de gauche et de progrès y dénonce une « démocratie par l’épuisement ».
Pourquoi est-ce si long à Grenoble ?
« Si les oppositions ont tant de choses à dire, c’est qu’elles ne sont pas du tout impliquées dans le processus de construction des dossiers, explique Paul Bron. À aucun moment, par exemple, un adjoint porteur d’un dossier important ne consulte ses collègues, pourtant eux aussi élus municipaux. Il existe bien quelques comités d’avis mais qui, pour la plupart, sont désertés par une opposition qui considère que tout est bloqué d’avance. »
Matthieu Chamussy, intervenant lors du conseil municipal du 18 décembre 2017. « Si les oppositions ont tant de choses à dire, c’est qu’elles ne sont pas du tout impliquées dans le processus de construction des dossiers », estime Paul Bron. © Séverine Cattiaux – Place Gre’net
Et pour cause. Quelle que soit la position des oppositions, la majorité du Rassemblement citoyen de la gauche et des écologistes est sûre de l’emporter, avec quarante sièges sur cinquante-neuf. Impossible de faire basculer le vote. « Si c’est le système dit démocratique français, à Grenoble, à aucun moment la majorité n’a pris en compte certaines propositions ou réserves des oppositions », poursuit l’élu, qui souligne avoir plusieurs fois tendu la main.
Paul Bron rêve d’une co-construction entre élus
« Par exemple, j’ai proposé au maire, plusieurs fois, de réunir les présidents de groupe sur des dossiers sensibles. Retoqué. J’ai proposé en 2016, au moment du plan d’austérité, un travail conjoint pour chercher des solutions. Retoqué. »
Énième tentative ? Paul Bron veut encore y croire. Et remet sur la table sa proposition de créer des commissions « représentatives » appelées à donner leur avis sur le travail des groupes d’élus planchant sur des dossiers sensibles. Place à la co-construction entre élus, majorité et oppositions main dans la main ? « Mais je rêve », conclut Paul Bron…
PC
- *Paul Bron n’était pas ce lundi présent aux débats du conseil municipal. « J’étais au fond de mon lit », répond-il sur Facebook, en réponse à Pascal Clérotte, le porte-parole du groupe d’analyse métropolitain (Gam), mais j’ai suivi le conseil municipal intégralement. Et puis, j’en ai vécu bien d’autres comme celui-là dans ce mandat ». Article mis à jour le 18 décembre.