Le collectif AUI-Alerte tire la sonnette d’alarme face au plan d’hébergement hivernal mis en place par la préfecture de l’Isère. Les associations le jugent très en-dessous des besoins. Elles dénoncent par ailleurs le retour du « délit de solidarité » ainsi qu” une « incohérence » entre les engagements pris au sommet de l’État et la réalité des dispositifs au niveau local.
Le collectif des Associations unies Isère (AUI-Alerte)* dénonce à son tour l’insuffisance du dispositif d’hébergement hivernal mis en place par la préfecture de l’Isère le 15 novembre dernier. Dans un communiqué, il juge le plan « très en-dessous des besoins d’hébergement constatés en Isère », sur fond d’augmentation du nombre de personnes à la rue.
Rassemblement « contre les expulsions et pour la réquisition » organisé devant la préfecture de l’Isère par le collectif « Droit au logement 38 », le 10 mai 2017. © Yuliya Ruzhechka – Place Gre’net
« En quatre ans, nos associations ont constaté une augmentation de 1 500 à 3 500 des personnes en demande d’hébergement, dont probablement la moitié sont réellement à la rue, sans compter les mineurs non accompagnés que le Conseil départemental ne met plus à l’abri », écrit ainsi le collectif, ajoutant que ce chiffre n’est pas très éloigné de celui admis par la préfecture.
Aucune pérennisation de places prévue au sortir de l’hiver
De son côté, le plan d’hébergement hivernal ne prévoit que l’ouverture de 320 places supplémentaires. Et seulement 108 ont pu être réellement ouvertes, « la préfecture ne trouvant pas les places restantes ». De plus, les services de l’État ont fait savoir que ces places ne seraient pas pérennisées, alors que 280 l’avaient été au sortir de l’hiver 2016 – 2017.
Yves Dareau, sous-préfet de l’Isère en charge de la cohésion sociale. © Joël Kermabon – Place Gre’net
Le collectif note en outre que l’État « réserve le plus souvent l’hébergement à celles qui ont un droit au séjour sur le territoire », excluant les étrangers en demande de titre de séjour. Et ceci malgré les propos d’Emmanuel Macron en juillet 2017 affirmant qu’il ne voulait plus de migrants « dans les rues, dans les bois ou perdus » d’ici la fin de l’année.
Le retour du « délit de solidarité » ?
« Devant ce déficit d’offre de l’État, poursuit AUI-Alerte, les citoyens et les associations se sont mobilisés depuis deux ans et proposent, à l’échelle de l’Isère, environ 500 places temporaires d’hébergement, quel que soit le statut administratif de ces personnes. »
Des démarches qui sont parfois sanctionnées. « Nous avons vu réapparaître des poursuites de l’État contre des citoyens qui avaient mis à l’abri des personnes en situation irrégulière », indique ainsi le collectif, qui déplore le retour du « délit de solidarité ».
Pour conclure, les associations plaident pour une mise à l’abri inconditionnel des personnes et fustigent « l’incohérence entre le discours au plus haut niveau de l’État et les mises en application locales ».
FM
* Le collectif AUI-Isère regroupe notamment Un toit pour tous, le Secours catholique, la Fédération des acteurs de la solidarité, le Diaconat protestant ou la Cimade.